C'est avec joie que je pars de la ville des singes A, pour me rendre en terre indonésienne. Par bateau, puisque je me refuse toujours à voler. Peu d'informations m'ont été données avant de partir, tant pis, allons, nous verrons bien. Un premier engin à prendre pour m'emmener a Pulau Batam. De la, on m'annonce que le bateau pour Sumatra est déjà parti, il y a 5min, bien sur il ne pouvait pas attendre la liaison. On arrive a 8h05, et lui part a 8h00, quelle belle organisation. Faut dormir la, blablabla, mais en fouinant un peu, j'arrive à trouver un navire qui part sur une ile voisine, et de la, je rattrape un petit rafiot qui m'emmènera enfin sur Sumatra. A peine ai-je acheté mon ticket et suis rentré dans le hall d'attente, je vois une foule de passager partant pour Dumai, Sumatra. Je m'étonne, on m'a bien dit que j'étais trop tard pour cette destination. Si, celui-ci est un bateau lent, donc moins cher, les vendeurs se sont bien gardés de me le dire pour me vendre une combinaison plus onéreuse. Ah les salopiots, toujours la même chose avec ma petite tête de touriste qu'on arnaque facilement. En attendant l'arrivée de mon 2eme vaisseau, je suis assailli littéralement par une troupe de grands croyants égyptiens venus dans le plus grand pays musulman du monde pour y donner quelques cours de religion. Ils me parlent en arabe, bien que je ne les comprenne pas. Et ils s'en donnent a cœur joie. C'est la foi qui parle. Apparemment, ils veulent me convertir. L'islam farci, l'islam farla. Ca les rend toutes choses. Mais ils sont bons enfants, sympathiques, souriants. C'est ce qu'il faut pour réussir à convertir de nos jours. Quoique, la peur fonctionne toujours aussi bien. Ils me disent qu'il faut que je m'appelle Mohammed. Que je trouve le bon chemin. Enfin, c'est ce que je crois comprendre. Ils me refilent le numéro d'un imam sur les Elysées qu'il faut absolument que je rencontre à mon retour en France. Comment te dire ? Je suis assez difficile à convaincre, le christianisme à bien essayé toute mon enfance, mais on s'est quitté. Tu as beau être un beau parleur, ca ne va pas me suffire. D'ailleurs je ne comprends rien à ce que tu me dis. Alors je ne me dérange pas pour te répondre en français, tu ne m'en voudras pas. Apparemment il ne m'en veut pas, il vient et me prend dans ses bras, ce gros nounours. Bah, un petit câlin, ca faisait longtemps, merci. Mais je ne suis toujours pas convaincu. Leur heure arrive, ils partent prêcher la bonne parole d'ile en ile. L'islam est une religion conquérante, beaucoup trop a mon gout.
La mienne arrive aussi, en route, 5h de bateau en plus pour retrouver a Slipandium la fière épave amarrée, prête pour le grand voyage nocturne. Je m'installe sur quelques planches en bois, lit de fortune. Le dortoir se remplit, l'ambiance grandit. Je suis bien le seul blanc bec des environs, alors j'attire toutes les attentions. Les hommes m'offrent des cigarettes par dizaines. Je les refuse en essayant de leur expliquer que je ne fume pas. Quoi ? Mais tous les hommes fument ! Apparemment, c'est le cas en Indonésie. L'endroit se remplit d'un épais nuage. Agréable. Certains plus têtu que d'autres me proposeront leur goudron x fois. Ca ne se refuse pas, une offre pareille. Mise à part cette mauvaise habitude, les gens sont agréables, souriants, je maximise l'utilisation de mon dictionnaire malais, l'indonésien étant quasiment la même langue. Pendant la discussion, je sens un gros truc me courir dans le dos, rien de cochon, ne vous inquiétez pas. J'y mets la main et me fais pincer, un énorme cafard ! Je ne savais pas que ca pouvais pincer ces machins la ! Puis, c'est dans les cheveux qu'un autre spécimen a décidé de faire sa promenade nocturne. Apres quelques combats, je capitule et laisse ces insectes se balader à leur guise sur mon corps en proie au sommeil. Ils sont trop nombreux, et plutôt inoffensif.
Arrivée à Pakembaru, la tête dans le cul et le cul en compote. Ville pétrolière aux gros bâtiments dégoutants, je ne m'y attarde pas. Dans le bus, direction Bukittinggi. Une beauté d'après les locaux, faisons leur confiance. Apres 5h de trajet complémentaire, me voila enfin prêt a m'arrêter un peu. Ils savaient de quoi ils parlaient, c'est resplendissant cette petite bourgade, cette haute colline, comme son nom l'indique en indonésien. Elle est au centre de 3 volcans, ensommeillés, mais attendant le signal de mère Terre pour exploser. Ils sont un symbole de destruction, mais aussi de fertilité, un peu comme Shiva. Le sol est riche et la production de riz est excellente.
Quoi de plus beau que des rizières surplombées par des volcans ? Bon, peut être plein de choses, ca dépend des gouts encore une fois. Cela reste tout de même une expression justifiée dans ce cadre de félicité.
Les marches de Bukittinggi sont colores
Par contre certaines ecoles font peur, elles plairaient a notre president...
Je me dégourdis donc les jambes dans ce paysage ravissant et mes fesses endolories par le long voyage précédent en sont ravies ! Apparemment il n'y a pas qu'elles. Un local sympathise, il veut pratiquer son anglais, ca me va, de mon cote je suis content de pouvoir continuer à apprendre l'indonésien. Il veut me montrer les environs. Gentil, mais je le préviens, je ne veux pas de guide, je préfère me balader au bonheur la chance. Ca lui va, tout ce qu'il veut c'est me connaitre et pratiquer son anglais. Alors on promène à travers champs. On derange qq specimens.
Mine de rien, il arrive à me diriger, facile, il connait le coin. Nous nous égarons dans un canyon et arrivons sur une chute d'eau.
On va prendre une douche me dit il d'un ton efféminé que je ne lui connaissais pas encore. Euh non, ca va merci. Aller viens ! Il se déshabille complètement, se douche et se touche, un peu trop selon mes critères de bienséances. Je lui dis que je l'attends plus loin. Alors, il fait un peu la tête. Pas longtemps, il repart à l'attaque. Tu n'as jamais essayé avec des garçons ? Je peux te faire ce que tu veux ! Non, ca va, pas intéressé, j'ai une copine. Oui, mais avec un garçon, c'est différent, tu n'as jamais essayé ? Non, pas envie. Tu n'es pas aventureux, il faut toujours essayer pour savoir si on aime. Non pas toujours, tu peux le faire avec des chiens ou des chèvres aussi, mais tu n'as pas envie d'essayer. Je ne veux pas dire qu'être avec un garçon, c'est comme être avec un animal, on n'est juste pas obligé d'essayer tout ce qui se trouve sur Terre. Au fur et à mesure de la discussion, je me rends compte que ce bonhomme en fait, vend son corps pour de l'argent aux touristes peu scrupuleux. Encore une fois, le touriste sait se montrer digne de lui-même.
Il est temps de rentrer, il pourrait s'engaillardir pendant la nuit...
Je ne peux rester bien longtemps au milieu de ce trio volcanique. Dommage ! Mais la déception n'est rien puisque je pars pour Jakarta retrouver Claire. 40h de bus et 3h de bateau, j'en ai encore mal partout.
Entre Sumatra et Java
Arrivée à Jakarta, loin du centre ville, à la périphérie, à minuit, que faire ? Prendre un taxi, chose que je me refuse. Il n'y a plus de bus, il faut attendre 5h du matin pour la reprise des transports en commun. Alors j'attends, en me baladant autour de la station de bus, je rencontre un groupe de locaux qui boivent et ont déjà trop bu, a la sante de leur pote dont c'est l'anniversaire. Ils minvitent chaleureusement. Je participe, mais reste sobre car malgré leurs mines sympathiques, bah on ne sait jamais. On essaie bien de communiquer, mais en plus de la barrière de la langue, il y a les mélanges de l'alcool. Ca radote beaucoup. Oui je comprends ce que tu me dis, ca fait 20 fois déjà, ca va. Oui, si quelqu'un vient m'embêter, je t'appelle et tu lui casses la gueule... ah les discours poivrots. Mais il ne faut pas faire le rabajoie, ils sont tout de même bien sympathiques, dansant et chantant sur des airs locaux, la gaieté débordant de leur verre. Je suis bien heureux de les avoir rencontrés pour passer cette nuit obscure. Ils m'inviteront même à dormir une heure dans leur modeste foyer, histoire de nous remettre d'aplomb, moi après un voyage éprouvant, eux après une soirée arrosée.
Je prends le premier bus pour m'engouffrer des l'aube dans la mégalopole, je recherche un hôtel pas trop miteux et abordable, difficile tache a Jakarta, puis pars retrouver ma colombe qui atterrie en fin de journée. Mon choix se portera sur une chambre remplie de punaises. Comme a leur habitude, elles ne se manifestent que la nuit venue, quand nos corps assoupis sombre dans le sommeil. Nous nous protégeons en installant la tente sur le lit. Dans notre bulle, nous sommes enfin a l'abri des terribles piqures.
Nous passons les 2 premiers jours ensemble à arpenter les rues de Jakarta. Nous usons les semelles de nos chaussures et encrassons nos poumons à vouloir être écolo dans un monde que cela fait bien rigoler. Les trottoirs sont encombrés par les annonces publicitaires, les grosses voitures, les motos qui doublent ou elles le peuvent, les travaux. Ou ils sont purement inexistants. Une épaisse fumée noire nous entoure de son parfum citadin. Nous expérimentons la ville, nous essayons de l'aimer, mais rien à faire, c'est mission impossible.
La grande mosquee
Et sa voisine concurrente
Le soir nous nous payons une tranche cinéma dans un des nombreux complexes surclimatisés et surdimensionnés du quartier des affaires. Dans ces grands centres commerciaux, le fric déborde de toutes les bourses, alors on le dépense en apparat, il faut bien qu'il serve a quelque chose tout cet argent qu'on a en trop. On ne va quand même pas le partager.
Bye bye Jakarta, peu de bons souvenirs resteront ancrés dans ma mémoire te concernant.
Apres quelques instants de marche, nous arrivons sains, saufs et mouillées à la station de train, en avance de 30 minutes. Voie 2 ? Merci, nous y allons de ce pas. Est-ce le train pour Yogyakarta ? Oui. Il vaut mieux demander 2 fois, on ne sait jamais, il y a souvent des incompris. Bon, nous voila installés, Claire a le temps d'en fumer une pour attraper son cancer et nettoyer ses poumons des bons gaz d'échappements ingérés dans cette maudite ville. Mais, alors qu'elle n'est toujours pas revenue de sa pause enfumée, le train part, 15 min avant l'heure dite ! Vite, je vais voir a la porte qui est restée ouverte, et voit l'aventurière qui fait une cascade pour sauter dans le train en marche, avec succès, ouf ! Mais c'est étrange, jamais un train ne part en avance, c'est contre ses principes. Je vais vite demander à des policiers que j'aperçois, ils regardent mon billet et rigolent. Les soupçons sont confirmés, malgré notre double demande, on nous a indiqué le mauvais train. Et pas un indice n'est écrit sur le train a propos de la destination. Pour connaitre le quai de départ des trains, c'est au micro et en indonésien, alors pauvres de nous, nous pouvons toujours courir. Le fait que l'on loupe notre train et qu'ils se foutent de notre cas me tapent sur les nerfs, je leur fais part de mon mécontentement. Un des types parlent a ses potes, il lui dit un truc du genre : « Bon les gars, on a bien rigolé sur leur dos, mais ca suffit. » Alors ils s'arrêtent tous de rire et prennent un air sérieux, même si certains ont les lèvres qui se pincent pour se forcer à garder leur calme. Finalement, ils nous apprennent que le train s'arrête à la même prochaine gare que le notre. On sort, ils nous mettent en de bonnes mains pour être sur que nous prendront le bon train cette fois. Gentils garçons finalement.
A peine arrivés à Yogyakarta au petit matin, nous partons directement à Borobudur, un gigantesque temple bouddhiste datant du 8e siècle.
Bye bye Jakarta, peu de bons souvenirs resteront ancrés dans ma mémoire te concernant.
Apres quelques instants de marche, nous arrivons sains, saufs et mouillées à la station de train, en avance de 30 minutes. Voie 2 ? Merci, nous y allons de ce pas. Est-ce le train pour Yogyakarta ? Oui. Il vaut mieux demander 2 fois, on ne sait jamais, il y a souvent des incompris. Bon, nous voila installés, Claire a le temps d'en fumer une pour attraper son cancer et nettoyer ses poumons des bons gaz d'échappements ingérés dans cette maudite ville. Mais, alors qu'elle n'est toujours pas revenue de sa pause enfumée, le train part, 15 min avant l'heure dite ! Vite, je vais voir a la porte qui est restée ouverte, et voit l'aventurière qui fait une cascade pour sauter dans le train en marche, avec succès, ouf ! Mais c'est étrange, jamais un train ne part en avance, c'est contre ses principes. Je vais vite demander à des policiers que j'aperçois, ils regardent mon billet et rigolent. Les soupçons sont confirmés, malgré notre double demande, on nous a indiqué le mauvais train. Et pas un indice n'est écrit sur le train a propos de la destination. Pour connaitre le quai de départ des trains, c'est au micro et en indonésien, alors pauvres de nous, nous pouvons toujours courir. Le fait que l'on loupe notre train et qu'ils se foutent de notre cas me tapent sur les nerfs, je leur fais part de mon mécontentement. Un des types parlent a ses potes, il lui dit un truc du genre : « Bon les gars, on a bien rigolé sur leur dos, mais ca suffit. » Alors ils s'arrêtent tous de rire et prennent un air sérieux, même si certains ont les lèvres qui se pincent pour se forcer à garder leur calme. Finalement, ils nous apprennent que le train s'arrête à la même prochaine gare que le notre. On sort, ils nous mettent en de bonnes mains pour être sur que nous prendront le bon train cette fois. Gentils garçons finalement.
A peine arrivés à Yogyakarta au petit matin, nous partons directement à Borobudur, un gigantesque temple bouddhiste datant du 8e siècle.
Nous tentons d'y aller par les transports en communs. Encore une fois, la tache est difficile, la plupart des gens y vont par taxi ou voyage organisé. Au bout d'une heure et demie d'attente et de recherche, nous finissons enfin par trouver le bon bus.
Joli complexe, les sculptures sont belles, rigolotes, ambigües, elles nous racontent tout plein d’histoires courtes.
Nous y passons plusieurs heures à dévisager les murs du passé.
Un endroit propice a la meditation
Alors que nous terminons la visite, je tombe sur Jochen, mon « buddy » allemand de Thaïlande qui devait vérifier que mon équipement de plongée était correctement installé et prêt à l’aventure. Je devais bien sur lui rendre la pareille. Puis pendant que nous étions poissons, nous ne devions plus nous quitter, par mesure de sécurité, il faut toujours un « buddy » proche de soi. Le monde est petit pour les voyageurs.
Ensuite nous visitons Yogyakarta. On tombe sur des gens charmants, souriants, soucieux de communiquer mais qui finissent irrémédiablement par le même discours : « Il faut que tu ailles au Batik Art Center, y a plein de peintures Batik et de tissus Batik pas chers, c'est le moins cher au monde ici, et uniquement ici. En plus tu peux voir les esclaves travailler à te faire ton vêtement gratuitement ! » Bon d'accord, peut être qu'ils ne disaient pas esclave, mais le reste c'est vrai, on l'a entendu de nombreuses fois, les mêmes phrases, exactement, comme s'ils avaient répétés ensemble la façon d'attirer les touristes. Au début, on parle de nos pays respectifs, de notre culture, de foot, puis il en vient discrètement sur les achats à Bali qui ne sont pas chers, sauf tintintin ! Le Batik ! A la fin, c'était plus rapide : « Oui, on sait, Batik pas cher, merci. » Mais comment vous dire ? On ne veut pas acheter, enfin certaines personnes plus que d'autre. D'ailleurs j'ai bien communiqué mon opinion, mais elle s'heurte à un mur la plupart du temps. Ne pas acheter ? Mais pourquoi ? Le surplus de production détruit la planète ? Mais qu'est ce que tu racontes ? Puis ils me regardent de travers, méfiant de mon comportement bizarre.
Ensuite nous visitons Yogyakarta. On tombe sur des gens charmants, souriants, soucieux de communiquer mais qui finissent irrémédiablement par le même discours : « Il faut que tu ailles au Batik Art Center, y a plein de peintures Batik et de tissus Batik pas chers, c'est le moins cher au monde ici, et uniquement ici. En plus tu peux voir les esclaves travailler à te faire ton vêtement gratuitement ! » Bon d'accord, peut être qu'ils ne disaient pas esclave, mais le reste c'est vrai, on l'a entendu de nombreuses fois, les mêmes phrases, exactement, comme s'ils avaient répétés ensemble la façon d'attirer les touristes. Au début, on parle de nos pays respectifs, de notre culture, de foot, puis il en vient discrètement sur les achats à Bali qui ne sont pas chers, sauf tintintin ! Le Batik ! A la fin, c'était plus rapide : « Oui, on sait, Batik pas cher, merci. » Mais comment vous dire ? On ne veut pas acheter, enfin certaines personnes plus que d'autre. D'ailleurs j'ai bien communiqué mon opinion, mais elle s'heurte à un mur la plupart du temps. Ne pas acheter ? Mais pourquoi ? Le surplus de production détruit la planète ? Mais qu'est ce que tu racontes ? Puis ils me regardent de travers, méfiant de mon comportement bizarre.
La mosquee qui nous a abrite des sursauts de la mousson
Ensuite, par soucis d'égalité entre les religions bien évidemment, nous allons visiter le complexe hindou Prambanan, datant du 9e siècle.
Une pure beauté, la chance étant avec nous, il a plut comme vache qui pisse, et je ne suis pas ironique. C'est une chance, car après la pluie vient le beau temps, et la belle lumière qui l'accompagne. Le temple inondé gagne en charme. D'une, la plupart des visiteurs ont pris la fuite, ce qui nous laisse dans le calme, ahhh le calme.
De deux, les reflets de ces belles pyramides nous renvoient des images d'un charme enivrant.
Les photos en deviennent sublimes, juste miroir de la réalité du lieu.
Le soleil couchant rajoute a la féerie ambiante.
Quelques biches gambadent au milieu des vestiges d'un peuple lointain aux influences indiennes. Un de ces grands moments où il faut juste apprécier la vue et la vie.
La nuit tombée, nous enchainons sur un spectacle racontant une partie du Ramayana, livre saint hindou.
Le vent nous emmène toujours plus à l'est et nous dépose à Solo, pour une petite promenade de journée en attendant le bus de nuit qui nous portera vers le volcan Bromo.
Un ptit gars de Solo qui etre absolument sur la photo
Les esclaves de Solo
Nous arrivons au lever du soleil sur les hauteurs qui nous offrent le loisir et la joie de nous abreuver de la majestueuse vision du volcan Bromo fumant et de son pote Flamby, comme l'a baptise très justement ma chère et tendre.
Cette grande marmite est en train de nous mijoter un bon petit plat. « Soto Ayam ! » me crie Claire qui est tombée en amour avec ce met indonésien. Il faut dire que nous nous en sommes régalés à Yogyakarta. Notre mission, puisque nous l'acceptons, sera de monter jusqu'au point de vue au nord, simplement pour le plaisir, puis de redescendre vers l'ouest et tendre vers les 2 monstres souffrants (de souffre, pas de douleur). La première intention était de camper sur le sommet du volcan non fumeur, en bonne santé quoi !
Mais, arrivés aux pieds du géant, nous renonçons, la fatigue et l'après midi étant tous les deux déjà bien avancés. Sa voisine, Bromo, est plus petite, plus facile d'accès, mais le terrain escarpé, le trou béant d'où s'échappent les vapeurs de souffre qui nous piquent les yeux, le nez, la gorge et les poumons, nous laissent perplexes quand au choix du lieu de campement.
Il y a bien un endroit assez plat sur le sommet opposé, nous nous y posons en attendant de voir les tendances du vent. Nous ne pourrons dormir si la nocive fumée venait à se diriger sur nos petits corps fragiles. Au bout d'une heure, nous sommes satisfaits, mais nous entendons et apercevons au loin un orage noir qui s'approche, comme tous les soirs depuis notre arrivée en Indonésie. La mousson n'est pas encore terminée. Alors la question se pose : « On dirait que la question de la fumée est réglée. Mais tous ces éclairs que l'on voit au loin sont de mauvais augures pour notre emplacement qui se trouve au sommet du volcan, a l'endroit le plus haut possible et donc le plus propice a recevoir la foudre des cieux. » Nous attendons donc encore, regardant du coin de l'œil les deux phénomènes naturels inquiétants. Il semble que les nuages noirs n'arrivent pas à passer la barrière montagneuse qui nous protège au sud. Ils s'affalent dessus, font un tonnerre de Dieu, puis se découpent en deux groupes distincts, partant au nord est et au nord ouest. La nuit arrivant, nous concluons notre indécision par la pose rapide de la tente et la dégustation du fameux St Estephe en face des gaz s'échappant des entrailles de la Terre.
La nuit sera difficile pour moi, maux de tête, surement dus au souffre ambiant, et maux de dos dus au roulement de Clairette sur moi toute la nuit, la tente étant légèrement en pente.
Peu importe les petits désagréments, le spectacle est à la hauteur des espérances et s'offre en grandiose récompense.
Peu importe les petits désagréments, le spectacle est à la hauteur des espérances et s'offre en grandiose récompense.
C'est ensuite vers Bali que nous nous envolons, histoires de dire puisque nous ne prenons pas l'avion et que nous ne sommes pas Garuda.
Nous avons pour ambition de nous arrêter a Pulau Menganjan pour nager dans ses eaux tropicales fourmillantes de poissons et coraux multicolores.
Nous nous arrêtons a l'entrée du parc national pour prendre les informations concernant l'accès de cette ile, et nous apprenons que l'unique moyen de se rendre au paradis, c'est de louer son propre bateau. Cela nous gène, éthiquement parlant. Un bateau entier pour nous. Nous ne sommes que deux, et nous prendrions un bateau qui pourrait contenir au moins 15 personnes. Encore une fois peu importe les conséquences environnementales, ce qui prévaut, c'est l'argent. Et de toute façon, le prix de la location est bien trop élevé pour nos budgets serrés.
Mais au moment ou nous nous apprêtons à partir, nous rencontrons un groupe de brésiliens d'une dizaine de personnes affrétant une de ces embarcations. Nous tentons une approche et réussissons à joindre l'expédition, pour notre plus grand bonheur.
Nous rentrons sur le continent, ou plutôt sur la plus grande ile qu'est Bali, et nous partons à toute vitesse chercher nos sacs à dos pour ensuite gagner Lovina. Nous avons appris que le lendemain est le « quiet day », c'est-à-dire un jour ou il est interdire de faire du bruit, mais plus que cela, il est interdire de sortir, d'allumer les lumières, d'utiliser un quelconque appareil, il est même interdit de vivre, enfin presque. Et l'on vient d'apprendre que les bus s'arrêtaient des cet après midi, 17h. Et il est 17h. Nous sommes emmenés par les sympathiques gérants du resto du parc pour revenir à l'hôtel, nous attrapons nos sacs et partons immédiatement attendre un quelconque moyen de transport sur la route. A peine 15 minutes plus tard, une voiture s'arrête et nous prend en stop. Le conducteur, musulman, est adorable. Il nous propose à boire, à manger, et nous papotons du mieux que nous le pouvons, à l'aide de mon petit dictionnaire. La discussion devient difficile quand la nuit approche, je ne lis pas très bien dans le noir. Nous croisons bons nombres de groupes joyeux paradant sur la route transportant de gros pantins monstrueux, destinés à faire fuir les mauvais esprits. La foule qui envahie la rue nous fait comprendre pourquoi la circulation des bus était arrêtée. Notre chauffeur, bien qu'aimable, n'a pas l'air de trouver ces manifestations et le fait d'être enfermer le lendemain d'un œil bienveillant. Et on le comprend facilement. Une religion qui s'impose comme une obligation pour tout le monde va a l'encontre de la liberté de choisir son Dieu. Doit-on tous faire le ramadan ? Doit-on tous aller à l'église le jour de Noel ? Doit-on tous rester enfermer chez soi le jour ou les hindous nous disent de le faire. Il le faut bien, la police patrouille nous dit on, et elle se fait un malin plaisir à verbaliser les récalcitrants, surtout s'ils sont touristes et qu'ils sont censés avoir plein de soussous dans la popoche. Ahhh, religion, quand tu nous tiens !
Toujours est-il que grâce à notre bon homme, nous arriverons à destination ce soir. Merci ! A Lovina, nous recroisons un couple de français que nous avons rencontrés à Bromo. Nous conversons et décidons d'aller acheter quelques alcools pour aller les déguster sur notre terrasse, car nous avons dans notre hôtel, chose rare, une terrasse et même une piscine. Voila un luxe qui nous plaira demain. Nous discuterons longtemps, pensez-vous ! Elle a voté pour Sarkozy et continue à dire qu'elle ne pouvait pas faire autrement. Il est écolo, mais continue à prêcher pour cette économie de marché qui sied si bien à la nature, économiste de formation qu'il est. Y a de quoi me chauffer les sangs et me tenir en haleine pour quelques heures ! A 4h du matin, nous nous quittons, je réalise enfin que depuis 4h c'est le « quiet day », que nous avons bafoués non intentionnellement. J'éprouve pendant un instant un peu de remord pour ce manque de respect, mais me reprend vite en me disant qu'il n'y a pas a avoir de regret pour un système tyrannique qui impose a toute la population les croyances religieuses de certains. Je refoule mes remords pour ceux que l'on a empêché de dormir, tout simplement.
La fameuse journée étant passée, nous enfourchons un bolide à 2 roues et à pédales pour déambuler dans les rues avoisinantes. Mais les voitures et motos trop nombreuses, encore une fois, gâchent notre plaisir.
Nous nous arrêtons souvent pour contempler temples, rizières, plages et autres délices visuels.
On s'arrête dans un petit boui-boui, la faim monte vite à bicyclette. La petite échoppe de rue semble populaire.
« Coucou, ca sent bon ! Est-ce qu'on peut en avoir une assiette chacun. »
« Non, non, non ! »
« Heu… why? No comprendo. »
« Duck ! Duck ! »
« Ah, du duck ! Parfait, ca me va ! »
« Non, pas duck ! Dog ! wouf, wouf ! Dog !!! »
« Heu... (Oui, je fais beaucoup heu. Mais c'est pour faire plus français) Ok, on va trouver autre chose. »
Je me serais bien laissé tenter tout de même, histoire de gouter, de savoir, mais Claire ne le sent pas trop. J'imagine qu'elle ne pourrait pas avaler une bouchée sans penser à Cayenne, sa petite boule de poil préférée. Tant pis, nous trouverons autre chose.
Nous voulons camper une nouvelle fois sur un volcan.
Nous y allons, arrivons tard et profitons d'un bain public de source d'eau chaude. Nous voulons partir au lever du soleil, mais nous apprenons par de multiples personnes que la route est parsemée d'obstacles. Lesquels ? Humains, ca promet ! Un groupe de guides essaie de bloquer le passage aux voyageurs indépendants en les menaçant... Une vraie mafia apparemment. Nous n'expérimenterons pas le phénomène car nous resterons sous la couette, la fatigue bien évidemment.
Bien reposés, nous partons pour Kuta, aux pieds de l'aéroport international de Bali. Les plus beaux oiseaux finissent toujours par s'envoler. Cette ville semblait une bonne destination pour profiter un peu des belles plages balinaises. Mauvais choix, la plage est peut être correcte, mais le reste n'est pas très emballant. Magasins à gogo, boite de nuit à gogo danseurs crachant du son dans les oreilles innocentes. Les locaux sont changés par l'appât du gain. Ils harcèlent à longueur de journée tous passants pour des produits suspicieux. Les échanges ne sont plus que commerciaux, pas une seule fois nous rencontrerons un balinais ici qui serait tente de discuter. On ne peut pas leur en vouloir. Nous autres touristes, nous leur avons bien montré qu'ils ne nous intéressaient pas. Tout ce que nous voulons, ce sont des vêtements, des objets, des guides, des porteurs, des cuisiniers, des conducteurs, des filles, des trop jeunes filles, des drogues... Alors comment voulez vous qu'ils nous respectent ?
Avec le temps, va, tout s'en va. Alors ma biche s'en va et me laisse tout seul dans cet environnement hostile. Snif ! Je marche seul.
Le défi à présent est d'obtenir des informations sur le visa des Philippines. Les agences de tourismes qui peuplent les rues sont des leurres destinés à vendre des voyages organisés, passé cela, ils ne connaissent rien. On me dit d'aller voir l'immigration à l'aéroport, ce que je fais immédiatement. De la, ils m'apprennent qu'il y a un consulat ici même, à Bali. Surpris, je n'en ai pas eu vent dans mes recherches, mais ravi, ceci veut dire que je peux faire les démarches rapidement. Je téléphone aux renseignements pour en connaitre le numéro, on me dément cette info, pas de consulat à Bali. Puis j'essaie de joindre l'ambassade des Philippines à Jakarta. Bien sur on ne me répond pas tout de suite, on me fait patienter. Puis on me dit de rappeler dans 20 min. A la deuxième tentative, on me dit de rappeler dans 10 min. A la troisième tentative, on me dit de rappeler dans 10 min. Je commence à manifester mon impatience, dans le vent puisqu'on a déjà raccroché à l'autre bout du fil. Donc je rappelle dans 10 min, ca ne répond pas, j'attends 5 min, et je retombe sur le même mec qui me dit de rappeler dans 5 min. Je vais pour lui crier dessus, lui casser ses oreilles de cochon, me casser la voix, mais il a déjà raccroché. Seuls les passants ont entendu mon énervement. Alors je veux juste l'appeler pour le traiter de fils de chien, influencé comme je suis par mes lectures. En ce moment c'est Mr Ahmed de Naguib Mafouz qui traite tout le monde de fils de chien, même sa propre marmaille. Mais ils ne répondent plus. J'abandonne dépité.
Une idée me vient à l'esprit, il était temps ! Plutôt que de retourner à Jakarta, une ville qui m'a déplût, j'irai à Surabaya, une autre grosse ville polluée, certes, mais une ville que je ne connais pas et qui donc pourrait se révéler agréable en surprise. Je telephone au consulat des Philippines la bas, une personne agréable décroche tout de suite, poliment, puis répond à mes questions, chose rare. Je me sauve donc par le bus de nuit. Arrivé au petit matin, je suis surpris par l'accueil des indonésiens. On ne me crie pas dessus pour que je monte dans leur taxi, ou que j'aille dans tel hôtel, on m'indique le bus local des la première demande, on me dit le prix local... Apres Bali, c'est un soulagement. Retour à la réalité. Non, les indonésiens ne sont pas tous des voleurs. Sauf à Bali ou Le commerce touristique poussé à son extrême a créé un environnement malsain porté uniquement par le bénéfice. Jamais à Bali, un indonésien ne m'a aidé sans vouloir une contrepartie, m'a répondu franchement quand je voulais avoir une info. Du coté des touristes, je n'ai rencontré que des individus venus pour la fête et le surf... Les 2 parties n'échangent qu'argent et service, et cela leur convient. Piètre résultat ! Le mécanisme est le même dans tous les pays. Les touristes étrangers se désolent souvent de l'accueil des parisiens et des gens de la Côte d'usure. S'ils passaient leurs vacances un peu plus dans les régions rurales ou dans les montagnes, ils verraient bien que les français sont ouverts et chaleureux? Bon, les français c'est un mauvais exemple...
C'est donc le croissant aux lèvres que j'aborde cette journée. Je me précipite vers le consulat, avec l'aide de mes 2 pieds tout terrain. J'arrive au bout d'une heure de recherche à l'adresse indiquée, mais je me retrouve devant une maison familiale avec un petit portail en bois. Rien à voir avec un consulat typique entouré de gardes armes, barbelé et sas de sécurité. Zut, internet m'aurait-il trompé ! Pourtant le numéro de téléphone était correct. Je continue un peu plus loin et revient sur mes pas bredouille. C'est en revenant que je remarque sur le toit de la maison un petit drapeau philippin. C'est donc cela le consulat ! Excellent ! Pas d'interphone, je pousse le portail qui grince. Je n'ose pas entrer comme cela, mais il le faut bien car il n'y a personne. Je frappe à la porte et j'entends un chien me répondre. Bizarre, on dirait vraiment un foyer. Un petit vieux m'ouvre la porte. Est-ce bien le consulat ? Oui bien sur, entrez ! Mais c'est aussi son logement. Je rentre, m'installe sur une chaise de son salon. Il me propose le café, puisque c'est le matin et que c'est son heure. Bah d'accord, merci ! Joli salon, mais c'est un vrai bordel chez lui, on dirait chez moi ! Puis il ne fait pas très diplomate avec son t-shirt tellement sale qu'il ressemble à un mécano, ses cheveux en pétard du réveil. On dirait moi. Voila bien une fois ou je ne fais pas pouilleux par rapport aux Mr costard de la diplomatie. J'aime. Entre 2 papotages, je lui transmets mes papiers. Ou sont les siens, il ne le sait guère dans toutes ces piles éparpillées sur son bureau. Un coup de vent emportent quelques feuilles au loin, je vais lui épargner les douleurs du dos que le temps lui a fatalement transmis et me lève pour aller les chercher, alors le chien veut jouer avec ma personne. Ca change des portiques de sécurité et des tronches de cake que l'on rencontre dans la plupart des ambassades. Il faut tamponner, il est où mon tampon ? Et l'encre, que même celle des instits français, elle est plus jeune. De ses mains tremblantes, Parkinson guettant, il essaie de me coller le visa sans dépasser. J'ai bien envie de l'aider mais ai peur de le vexer, alors je me tais.
Au bout d'une heure, je repars le visa en poche et la tête à imaginer les ambassades du monde entier sous ce modèle, tellement humain. Je redescends vite sur Terre, noyé par les fumées toxiques des pots d'échappements, abrutis par les pétarades des mobylettes et les klaxons des gros engins, évitant du mieux que je peux les bolides en actions car les trottoirs sont un luxe ici comme ailleurs. Je me dirige vers une librairie qui est distante de 500m sur le Lonely Planet. Plus d'une heure de marche sur le bitume, et plus de 5km parcourus, je trouve enfin mon bouquin. Et oui, la bible des voyageurs a le bénéfice d'avoir de nombreuses cartes, mais souvent inexactes. On ne s'en formalise guère quand on voyage en taxi, mais à pieds c'est une autre paire de manches, ou plutôt de chaussures !
Cette librairie se situe dans un grand complexe commercial. En passant devant une vitrine de magasin, je remarque que le mannequin en plastique s'est mis à bouger. Hallucination ? Non, c'est simplement le nouveau plan marketing : emprisonner des belles femmes sous glace pour que les consommateurs se ruent sur la marchandise...
Bien reposés, nous partons pour Kuta, aux pieds de l'aéroport international de Bali. Les plus beaux oiseaux finissent toujours par s'envoler. Cette ville semblait une bonne destination pour profiter un peu des belles plages balinaises. Mauvais choix, la plage est peut être correcte, mais le reste n'est pas très emballant. Magasins à gogo, boite de nuit à gogo danseurs crachant du son dans les oreilles innocentes. Les locaux sont changés par l'appât du gain. Ils harcèlent à longueur de journée tous passants pour des produits suspicieux. Les échanges ne sont plus que commerciaux, pas une seule fois nous rencontrerons un balinais ici qui serait tente de discuter. On ne peut pas leur en vouloir. Nous autres touristes, nous leur avons bien montré qu'ils ne nous intéressaient pas. Tout ce que nous voulons, ce sont des vêtements, des objets, des guides, des porteurs, des cuisiniers, des conducteurs, des filles, des trop jeunes filles, des drogues... Alors comment voulez vous qu'ils nous respectent ?
Avec le temps, va, tout s'en va. Alors ma biche s'en va et me laisse tout seul dans cet environnement hostile. Snif ! Je marche seul.
Le défi à présent est d'obtenir des informations sur le visa des Philippines. Les agences de tourismes qui peuplent les rues sont des leurres destinés à vendre des voyages organisés, passé cela, ils ne connaissent rien. On me dit d'aller voir l'immigration à l'aéroport, ce que je fais immédiatement. De la, ils m'apprennent qu'il y a un consulat ici même, à Bali. Surpris, je n'en ai pas eu vent dans mes recherches, mais ravi, ceci veut dire que je peux faire les démarches rapidement. Je téléphone aux renseignements pour en connaitre le numéro, on me dément cette info, pas de consulat à Bali. Puis j'essaie de joindre l'ambassade des Philippines à Jakarta. Bien sur on ne me répond pas tout de suite, on me fait patienter. Puis on me dit de rappeler dans 20 min. A la deuxième tentative, on me dit de rappeler dans 10 min. A la troisième tentative, on me dit de rappeler dans 10 min. Je commence à manifester mon impatience, dans le vent puisqu'on a déjà raccroché à l'autre bout du fil. Donc je rappelle dans 10 min, ca ne répond pas, j'attends 5 min, et je retombe sur le même mec qui me dit de rappeler dans 5 min. Je vais pour lui crier dessus, lui casser ses oreilles de cochon, me casser la voix, mais il a déjà raccroché. Seuls les passants ont entendu mon énervement. Alors je veux juste l'appeler pour le traiter de fils de chien, influencé comme je suis par mes lectures. En ce moment c'est Mr Ahmed de Naguib Mafouz qui traite tout le monde de fils de chien, même sa propre marmaille. Mais ils ne répondent plus. J'abandonne dépité.
Une idée me vient à l'esprit, il était temps ! Plutôt que de retourner à Jakarta, une ville qui m'a déplût, j'irai à Surabaya, une autre grosse ville polluée, certes, mais une ville que je ne connais pas et qui donc pourrait se révéler agréable en surprise. Je telephone au consulat des Philippines la bas, une personne agréable décroche tout de suite, poliment, puis répond à mes questions, chose rare. Je me sauve donc par le bus de nuit. Arrivé au petit matin, je suis surpris par l'accueil des indonésiens. On ne me crie pas dessus pour que je monte dans leur taxi, ou que j'aille dans tel hôtel, on m'indique le bus local des la première demande, on me dit le prix local... Apres Bali, c'est un soulagement. Retour à la réalité. Non, les indonésiens ne sont pas tous des voleurs. Sauf à Bali ou Le commerce touristique poussé à son extrême a créé un environnement malsain porté uniquement par le bénéfice. Jamais à Bali, un indonésien ne m'a aidé sans vouloir une contrepartie, m'a répondu franchement quand je voulais avoir une info. Du coté des touristes, je n'ai rencontré que des individus venus pour la fête et le surf... Les 2 parties n'échangent qu'argent et service, et cela leur convient. Piètre résultat ! Le mécanisme est le même dans tous les pays. Les touristes étrangers se désolent souvent de l'accueil des parisiens et des gens de la Côte d'usure. S'ils passaient leurs vacances un peu plus dans les régions rurales ou dans les montagnes, ils verraient bien que les français sont ouverts et chaleureux? Bon, les français c'est un mauvais exemple...
C'est donc le croissant aux lèvres que j'aborde cette journée. Je me précipite vers le consulat, avec l'aide de mes 2 pieds tout terrain. J'arrive au bout d'une heure de recherche à l'adresse indiquée, mais je me retrouve devant une maison familiale avec un petit portail en bois. Rien à voir avec un consulat typique entouré de gardes armes, barbelé et sas de sécurité. Zut, internet m'aurait-il trompé ! Pourtant le numéro de téléphone était correct. Je continue un peu plus loin et revient sur mes pas bredouille. C'est en revenant que je remarque sur le toit de la maison un petit drapeau philippin. C'est donc cela le consulat ! Excellent ! Pas d'interphone, je pousse le portail qui grince. Je n'ose pas entrer comme cela, mais il le faut bien car il n'y a personne. Je frappe à la porte et j'entends un chien me répondre. Bizarre, on dirait vraiment un foyer. Un petit vieux m'ouvre la porte. Est-ce bien le consulat ? Oui bien sur, entrez ! Mais c'est aussi son logement. Je rentre, m'installe sur une chaise de son salon. Il me propose le café, puisque c'est le matin et que c'est son heure. Bah d'accord, merci ! Joli salon, mais c'est un vrai bordel chez lui, on dirait chez moi ! Puis il ne fait pas très diplomate avec son t-shirt tellement sale qu'il ressemble à un mécano, ses cheveux en pétard du réveil. On dirait moi. Voila bien une fois ou je ne fais pas pouilleux par rapport aux Mr costard de la diplomatie. J'aime. Entre 2 papotages, je lui transmets mes papiers. Ou sont les siens, il ne le sait guère dans toutes ces piles éparpillées sur son bureau. Un coup de vent emportent quelques feuilles au loin, je vais lui épargner les douleurs du dos que le temps lui a fatalement transmis et me lève pour aller les chercher, alors le chien veut jouer avec ma personne. Ca change des portiques de sécurité et des tronches de cake que l'on rencontre dans la plupart des ambassades. Il faut tamponner, il est où mon tampon ? Et l'encre, que même celle des instits français, elle est plus jeune. De ses mains tremblantes, Parkinson guettant, il essaie de me coller le visa sans dépasser. J'ai bien envie de l'aider mais ai peur de le vexer, alors je me tais.
Au bout d'une heure, je repars le visa en poche et la tête à imaginer les ambassades du monde entier sous ce modèle, tellement humain. Je redescends vite sur Terre, noyé par les fumées toxiques des pots d'échappements, abrutis par les pétarades des mobylettes et les klaxons des gros engins, évitant du mieux que je peux les bolides en actions car les trottoirs sont un luxe ici comme ailleurs. Je me dirige vers une librairie qui est distante de 500m sur le Lonely Planet. Plus d'une heure de marche sur le bitume, et plus de 5km parcourus, je trouve enfin mon bouquin. Et oui, la bible des voyageurs a le bénéfice d'avoir de nombreuses cartes, mais souvent inexactes. On ne s'en formalise guère quand on voyage en taxi, mais à pieds c'est une autre paire de manches, ou plutôt de chaussures !
Cette librairie se situe dans un grand complexe commercial. En passant devant une vitrine de magasin, je remarque que le mannequin en plastique s'est mis à bouger. Hallucination ? Non, c'est simplement le nouveau plan marketing : emprisonner des belles femmes sous glace pour que les consommateurs se ruent sur la marchandise...
Aucun problème de conscience, ca fait du boulot pour les blaireaux, alors ils ne vont quand même pas se plaindre ! C'est comme cela que l'on partage les richesses.
Pour la nature, pareil ! Dans un aquarium ou dans un zoo tout ca ! De toute façon, les animaux s'emmerdent dans la nature, et puis c'est dangereux la bas, alors finalement, on leur fait un cadeau ! Ici, ils sont nourris, protégés. Et puis ca fait plaisir aux riches de voir un bébé requin dans un petit aquarium avant d'aller s'acheter des chaussures en peau de croco.
Je prends le lendemain le train de nuit pour revenir à Jakarta, c'est toujours un exercice fatiguant de passer la nuit dans un wagon sale, fourmillant de cafards silencieux et d'humains gueulards, aux odeurs de toilette aigues car le ratio est de une pour cent cinquante vessies. Mais c'est aussi une expérience à ne pas manquer car il y règne souvent un esprit de fraternité qu'il fait plaisir de retrouver. L'Indonésie se compare à l'Inde dans ce domaine.
Un tres beau pays, plein de couleurs et de sourires. J'y reviendrai, mais pas à Bali !
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