Sunday, November 15, 2009

Vietnam


C'est un régal de retrouver une ville qui a gardée son histoire, sa vie et qui ne soit pas criblée d'immeubles neufs et immondes. Il y a un bruit énorme dans les restos pour cause de discussions mouvementées et rieuses, pas de télévision... Tous les hôtels m'acceptent... Les gens ont retrouvé le sourire et viennent discuter... Il faut être habile pour traverser la rue, une vraie cohue... J'ai l'impression de me rapprocher de Mumbai. Un air de déjà vu agréable...
J'y reste 4 jours sous la pluie, pendant lesquels j'ai passé beaucoup de temps à la banque, mais je ne vais pas revenir dessus... Une fois l'alerte typhon passée et les traveler's retrouvés, je prends l'omnibus pour le paradis, Halong Bay.

Halong Bay a le prestige qu'elle mérite, mais le tourisme de masse qui va avec apporte un changement de comportement des gens qui n'est pas des plus encourageants. Si l'on ne veut pas de tour organisé, c'est un combat de chaque instant pour y arriver. Il y a 2 parties dans Halong city... l'ouest avec ses hôtels, ses restos, ses magasins et son port touristique ; l'est où il n'y a rien, voudrait on me faire croire. Il y a bien un port pour les locaux de ce coté, mais personne ne veut me renseigner sur l'endroit exact de ce port et sur la destination de ses bateaux... On me ment plusieurs fois sur l'existence même de ce port, il ne faut pas qu'un touriste échappe aux mailles du filet des pêcheurs businessmen. J'opte pour le moins facile, mais aussi pour le moins cher et le plus intéressant. Je cherche donc par mes propres moyens et arrive à bon port après quelques heures de marche. Je prends un ticket pour Quan Lan Island, une belle ile en mer...

Avant de partir en bateau, un petit tour du coté des restos de rue pour y manger du poisson et autres délicatesses dont je tairais le nom pour la simple raison que je ne les connais pas. En voila un qui a l'air bien rempli de monde, c'est bien souvent un signe de qualité dans la restauration (a l'exception peut être de Mcdo). Je me trouve un petit coin de banc qui n'incommode personne et commande un peu de tout. Au moment où je me sers un grand verre d'eau des bouteilles qui sont a disposition, je vois le regard surpris de certains et même un peu d'approbation dans quelques yeux. Cela m'amuse et je me dis que peut être les gens d'ici ont une alimentation saine et équilibrée et qu'il est important pour eux de boire beaucoup d'eau. Assoiffé je m'y attaque et réalise tout de suite mon erreur. Je fais comme si de rien n'était et continue à boire mon alcool fort alors qu'il n'est que 11h30... Du coup, le bateau a tangué un peu plus durant l'après midi... mais la traversée fut splendide dans cet univers féerique, et chose rare ici, j'étais le seul touriste du bateau.

Ile tranquille, 2 jours de repos total, villageois souriants, plages de sable fins et coquillages coupants, mon pied y a gouté, un bout de l'intrus est resté coincé dans mon talon, une sympathique grand mère du village qui ramassait des grands vers roses étranges a vu cela et s'est précipité pour me secourir, elle a sortie son aiguille pour extraire les morceaux enfoncés dans la chair. Je l'ai remercié puis ai réalisé trop tard que je devais faire plus attention aux aiguilles d'origines inconnues qu'on m'enfonce dans le corps, même si elles viennent d'une innocente mamie...

Puis le bateau m'emmène vers Cai Rong, de la, j'essaie de trouver un autre bateau pour rentrer a Halong. On me dit qu'il n'y en a pas et qu'il faut prendre le bus, pourtant j'avais eu d'autres infos, je continue ma recherche ardument, ma préférence va au transport maritime cheminant paisiblement au milieu de ces collines noyées dans la mer... en questionnant les gens, je me fais offrir des coups, bières et vodkas vietnamiennes m'aident a communiquer en Viet, mais je ne trouve pas de restos pour éponger tout cela... je ne partirais pas aujourd'hui, attendons demain, les bateaux ont l'air de partir tôt le matin...

Retour a Halong City, cette fois je me dois de me mêler a la foule des touristes puisqu'il n'y a pas de bateau pour Cat Ba Island aujourd'hui du coté local (j'ai pris bien soin de le vérifier moi-même). Changement de décors. Alors que les gens étaient accueillants, généreux, joyeux les jours derniers, ils sont à présent avides de sous, menteurs, moqueurs, insolents, oppressants. Comment faire pour que le tourisme ne se solde pas par ce changement brutal de comportement ?

Je prends mon billet pour Cat Ba Island. Le port principal, ainsi que la ville principale, se situent au sud de l'ile. Je précise bien, svp un billet pour aller a Cat Ba city. On me le vend, et c'est seulement une fois embarqué que l'on nous prévient que le bateau ne nous déposera pas à Cat Ba city, mais dans le nord, a un endroit ou il n'y a rien, seulement un dock pour y éjecter et récupérer les passagers... Mais, heureusement, ils ont pense a tout car il y a un bus qui nous emmènera a la ville située a 30km au sud... pour la modique somme de 100 000 dongs... haha, bravo l'arnaque ! Et bien sur il n'y a que ce bus nous assure t'il. Et il faut acheter le billet de bus tout de suite, c'est mieux... bien sur... et bien tous les touristes ont mordu a l'hameçon, trop faciles a arnaquer, pourquoi se gêner si ca marche si facilement. C'est donner raison a ce genre de comportement, personne ne prend le moindre risque, bien sur pour une bourse occidentale, c'est finalement si peu, mais pour un vietnamien c'est une grosse aubaine. On nous manque de respect ? Pas étonnant, on a l'air d'abrutis à leurs yeux pour se laisser avoir si facilement. Le fait de vouloir être payer tout de suite annonce le fait qu'il y aura surement d'autres moyens de transports a la réception du bateau, donc je préfère tenter ma chance ; et s'il n'y a que lui et son bus comme sauveur, et bien je préfère encore planter ma tente en débarquant et marcher les 30 bornes le lendemain que de céder a son chantage. En arrivant, il essaie de me faire un prix, parce qu'il est « gentil ». Haha, c'est donc qu'il y a un bus qui va passer. Dans un coin il y a une affiche : toutes les 40 minutes, un bus passe et emmène les passagers à la ville pour 10 000 dongs, 10 fois moins cher. Tous ces moutons ont donc payé 10 fois plus cher que le prix normal, mais personne ne s'en affole, non, on a de l'argent, on le jette comme ca par la fenêtre pour les « pauvres ». Bravo ! Il faut partager les richesses je suis d'accord, mais de cette façon ? Que devient la relation entre les visiteurs et les hôtes dans tout cela ? Il y a des motos qui veulent me prendre à tout prix, pour 70 000, pour 50 000, ca descend de minute en minute. Et le panneau ? Je veux prendre les transports publics mon ami ! Non, il n'y a pas de bus... Mais bien sur... Arrête de me prendre pour un imbécile, s'il te plait. Mais le temps passe et le bus ne vient pas. La, j'ai l'air bête. Tant pis, la nuit arrive et je vais planter la tente. 20 000 me dit on dans un dernier espoir. Au loin, je vois les phares d'un véhicule qui s'approche. J'exulte ; alors, il n'y a pas de bus ? Sans rancune, ils partent le sourire aux lèvres. Arrive à la ville, je croise la bande de touristes du bateau. « On s'inquiétait pour toi, il y avait donc un bus, on s'est fait avoir, mais ce n'est pas grave, ce n'est que 6 dollars ! » « Oui c'est peu d'argent pour toi, mais pour eux c'est beaucoup, et la manière dont il a été gagné est un manque de respect et invite au même comportement. » Mais heureusement, il y a pour tous ces braves gens l'argument suprême qui surpasse tous les autres : « oui, mais ils n'ont pas beaucoup d'argent, alors tu vois grâce a moi, a ma générosité, ils vivront mieux... » Bref !
Pourquoi je m’égare toujours comme cela, c’est un blog de voyage enfin ! Aller un peu plus de joie et de bonne humeur de ma part, ca devrait pourtant être facile avec ce que je vis, avec toutes les belles choses que je vois… Mais malheureusement, à présent, je fais partie de la catégorie des touristes, et ce n’est pas toujours joli à voir, les dégâts du tourisme de masse.
Retour a nos moutons, non pas les moutons touristes, les autres.

Cat Ba Island est sauvage, la jungle domine le flanc de ses sommets, une petite balade en scooter dans son antre m’a amené à croiser 3 serpents que j’ai réussi à éviter tant bien que mal. Je n’ai donc pas osé prendre mon sac a dos pour randonner au milieu de ces sympathiques reptiles.

Je me suis trouvé un bon et agréable resto, j’ai sympathisé avec les patrons et les clients le premier jour. Je demandais le prix du plat que mes voisins mangeaient et qui avait l’air délicieux, ils m’ont répondu le vrai prix et se sont fait vertement gronder par la patronne qui voulait me faire payer double tarif et qui ne put plus à présent. Cela a bien fait rire tout le monde, et je fus content de comprendre pour ne fois le contenu d’une conversation en vietnamien, non pas que je compris les mots. J’y suis donc retourné à tous les repas.
Toutes les bonnes choses ont une fin, je prends congés de la baie d’Halong, direction Ninh Binh. Comme a mon habitude, j’essaie de prendre les transports locaux, un ferry jusqu'à Haiphong, puis 1h a pied jusque la gare de bus, mais j’arrive trop tard, le dernier bus pour Ninh Binh partit a 13h… Ce sont les aléas fréquents qui agrémentent ce genre de voyage. Il est 14h, j’ai le temps de me trouver un hôtel. Tous sont hors de prix, on me dit les prix en dollars pour qu’ils paraissent moins élevés. Je traverse la ville, je marche sans arrêt jusqu'à la tombée de la nuit, mais la chance ne me sourit pas et la providence ne récompense pas mes efforts. Mais ou vont donc dormir les voyageurs au faible revenu à Haiphong ? Dorment-ils directement dans la gare ? Non, elle est presque vide a cette heure ci… tant pis, je capitule et dormirai dans une de ces chambres avec frigo, télé, clim… pas la force ce soir d’aller somnoler dans un coin de la ville en attendant que le soleil fasse son apparition. Je ne pousse pas jusqu’au bout ce que je préconise et veux vivre.

Ninh Binh est une ville baignée dans la ruralité. Pendant 2 jours, j’enfourche mon vélo et parcours en long, en large et en travers le voisinage, les rizières encore une fois sont dominantes. Le paysage ressemble a Yangshuo, en Chine, c'est-à-dire que c’est un champ de collines abruptes sortant de terre, la même formation géologique qu’a Halong Bay (d’après les locaux d’Halong Bay, c’est un dragon qui a façonné le paysage, il faut toujours un dragon dans les histoires merveilleuses chinoises ou vietnamiennes).
Je cherche un temple, dans ce labyrinthe de ruelles et chemins de campagne, il est très difficile de trouver son chemin, et pas la peine de compter sur un hypothétique panneau d’indication ici. Je demande donc souvent, ce qui me permet de pratiquer un peu mon vietnamien avec l’aide de mon petit livre. On me dit a l’est, je continue pendant plusieurs kilomètres sans trouver, alors je redemande, on me dit loin a l’ouest, je reviens sur mes pas, je renouvèle ma demande, j’avance dans toutes les directions sans jamais trouver mon but. Mais le dicton dit bien que le but ultime du voyageur est le parcours et non l’arrivée. Je suis rassuré alors…

Dans mes égarements, je tombe sur un énorme complexe de temples en construction. Un futur haut lieu pour la spiritualité en herbe et les cars de touristes. Je m’y promène, les pagodes non finies ont un air étranges, on y sculpte les dieux par centaines, pour mieux y récolter les offrandes de l’avenir. Je m’y balade un couple d’heures, retourne a mon vélo et m’aperçoit que les clés de mon cadenas ont disparu… Elles ont du tomber de ma poche en escaladant les constructions, mais ou ? J’ai parcouru quelques kilomètres dans les méandres de ce lieu. Tant pis, je cherche, je cherche, je cherche… et je trouve. Le porte clé était une petite mygale. Je n’ai jamais été aussi content de voir une araignée. He bien, vous le croirez ou non, mais au moment ou je retrouve les clés de mon cœur, j’écoutais « A ton étoile » de Noir Désir. Ce n’est qu’une coïncidence bien sur…

Puis c’est a Hue que je continue. J’y retrouve la masse de touristes, les avantages et les inconvénients… C’est une belle ville historique ou chaque empereur a voulu se construire un mausolée digne de ce nom, bah oui, on a bien souvent un peu la grosse tête quand on est empereur, et même après sa mort, il faut que l’on fasse des siennes… l’un d’eux a caché son corps en compagnie tout ses trésors dans un lieu tenu secret. Afin de le garder, le secret, les 200 travailleurs embauchés de leur plein gré pour l’enterrement on été trucidé… Les belles histoires de la vie.

Hoi An est un charmant petit village de pêcheur, reconverti en parc à touristes. L‘architecture est enchanteresque, la plage est splendide, la mer est chaude et turquoise, les restaurants préparent de délicieux gourmets locaux. Que demande le peuple ? Rien de plus, mon ami. Pourtant, il devrait. J’ai envie de crier : « Aline ! Pour qu’elle revienne ! » Non, ce n’est pas ca… « Hey, on est au Vietnam, je vous le rappelle ! Ce pays est peuplé de vietnamiens sympathiques qui ne sont pas tous vos serviteurs. » Tout le monde s’en fout, on n’est pas la pour ca, et, me répond on, les vietnamiens ne pensent qu’a la tune… Vrai, mais tu ne leur parles que de tunes mec… Essayes-tu d’apprendre leur langue ? Leur demandes tu autre chose que, combien ca coute ? Et puis grâce à nous, ca leur fait plein de boulot, alors ils sont contents de me porter mes bagages et de me faire le tour de la ville en me portant sur leur vélo pousse-pousse…
Sans effort de ma part, je suis en vacances quand même, sans dec ! Bon bah oui, Hoi An c’est le paradis pour les touristes… qui ne recherchent AUCUN contact avec les vietnamiens, mis à part les services qu’on doit nous rendre. On l’a mérite, on a bossé dur pour ca ! A bon entendeur, salop !

Une nouvelle fois, c’est le bus de nuit qui me transporte, pour Nha Trang, the station balnéaire of Vietnam ! Un petit bain de soleil, une détente sur la plage me feront le plus grand bien. Des backpackers remontant le pays m’en avait parlé comme d’un paradis, une étape obligatoire. Mais sur quels critères ? J’aurais du me renseigner. Party on the beach, yeah ! Que fait-on quand on vient au Vietnam ? Bah, on picole dans des bars branchés sur la plage entre touristes jusqu'à pas d’heure, et la journée on cuve sa soirée en comatant dans le transat, en sirotant quelques cocktails. On ne se baigne pas, la mer est pleine de poubelles et de rats morts, mais de toute façon, on n’en a pas envie, car ce soir, on remet ca ! Le plus rageant, c’est le fait que les seuls vietnamiens participants a ce cirque sont : les prostituées, accompagnées souvent par un blanc qui fait 3 fois son âge, voire plus, et les serveurs, ou serviteurs, ou esclaves, chacun choisit le terme qui lui convient, y en a pour tout le monde. Je m’échappe de l’endroit des le lendemain, vers Mui Ne et ses fameuses dunes.

Les dunes sont prises d’assaut pour le coucher du soleil, mais les gens ne font pas plus de 50m pour prendre la photo et repartir, sur 300 mètres carrés a coté du parking, il y a 300 personnes. Du coup, j’ai tout le reste pour moi tout seul, et ce n’est pas plus mal. Encore une fois, le vélo est mon moyen de locomotion privilégié. De plages en villages de pêcheurs en dunes de sables rouges et de sables blancs, de rivières tout droit sorties de l’imagination des enfants… je passe 2 jours merveilleux. Les restos de rues ne servent pas seulement le pho typique (soupe de pates de riz accompagnée de viandes et de légumes), ils grillent aussi toutes sortes de coquillages et poissons tout frais sortis de la mer, un régal, un délice !

Posé a l’ombre pour contempler la création de mère nature, je découvre le manège de quelques gamins du village pour récupérer quelques sous auprès des touristes au grand cœur… Ils se présentent comme guide pour les amener dans des endroits secrets, si le touriste dit non, alors ils mendient et ne lâche pas l’individu des baskets. Alors le touriste en a marre et lui envoie quelques billets pour se débarrasser des petits pots de colle. Ca marche du tonnerre, la plupart donnent… et ceci continue toute la journée. C’est un jour d’école.

La fin du séjour vietnamien se fait sentir, déjà novembre, le temps file, et avec le temps, tout s’en va. Alors je m’en vais, pour Saigon, rebaptisée Ho Chi Minh City… N’oublions pas nos héros ! La ville est bruyante, laide, polluée. Mais elle est vivante, les gens sont communicatifs et finalement j’apprécie m’y promener. Mes poumons apprécient moins. Le War Remnants Museum est poignant. Les photos des horreurs de la guerre sont terribles de vérités. Elles rendent tristes, elles enragent, mais tant mieux. Si l’on nous montrait toujours vraiment ce qu’est la guerre, on la ferait surement moins. Au lieu de cela, la plupart du temps, on nous parle de frappe chirurgicale, on nous dit des chiffres, on nous ment, on nous spolie… Du sang, des corps déchiquetés, des enfants brulés, des femmes violées, des estropies… et j’en passe. Voila ce que c’est, au Vietnam, en Afrique, en Iraq et partout ailleurs. Mais quand même, il faudrait envoyer quelques soldats français en Irak pour récupérer quelques contrats de reconstruction et avoir un peu de droit sur le pétrole. Mais qu’est ce que je dis ? Mais non, c’est pour aider les irakiens, bien sur. Car les soldats et les états démocratiques d’aujourd’hui ne commettent pas les atrocités d’hier. Non ? Le pire est que ces images qui restent gravées dans la mémoire sont celles qui ont été prises en photo. Et s’imaginer les autres… Bref, continuons à voter des Bush, des Berlusconi et des Sarkosy pour « pacifier » tous ces vauriens et doper notre économie. L’économie, il n’y a que ca de vrai. Full cash ! Come on man !

Heureusement, l’exposition se termine par une collection de dessins faite par des écoliers pour demander la paix entre les peuples. Cela redonne du baume au cœur et on reprend confiance en l’humanité. Mais pas pour longtemps, car je sais bien que ces jeunes âmes innocentes grandiront vite et seront éduquées et mis dans le droit chemin par TF1, CNN et toute la clique des medias qui prêchent les bonnes paroles de nos gentils gouvernements.
Sorti de ce musée, la cervelle en compote, je me cherche une Bia Hoi (bière faite localement), mais je n’en trouve guère. Je me pose pour boire un thé et rencontre Trung avec lequel je discute en anglais approximatif et vietnamien encore plus approximatif tout au long de la soirée. Il m’invite pour un tennis le lendemain. Excellente nouvelle, j’avais besoin et envie de faire autre chose que du vélo et de la marche, et un tennis en bonne compagnie me remontera le moral. Malheureusement, à l’heure dite, il pleut des chiens et des chats… Raté ! Une dernière journée pour visiter les nombreux temples de la ville et bye bye Saigon, bonjour le delta du Mékong.

Un monde de terre et eau. Cette partie du Vietnam est composée de milliers de petites iles entrecoupées par le large Mékong. Je me perds dans ce labyrinthe en vélo, je passe des ponts, je prends des bateaux et me dirige à la boussole. Il y a des odeurs de noix de coco utilisées dans la fabrication de confiseries et des odeurs de durian, mais ca c’est moins plaisant… La jungle est dense et dans chaque bras de rivière semble apparaitre un croco horrible. On m’assure qu’il n’y en a pas… alors un petit bain est de rigueur. Ici, on fait son marché en bateau, on rame de barque en barque pour négocier les bananes, noix de cocos et autres frugalités.

Arrive à la pointe sud du Vietnam, il ne reste qu’une belle ile en mer sur mon chemin. 4 jours sur une ile paradisiaque, nommée Phu Quoc, pour finir en beauté le périple Viet, je ne dis pas non. Mais il n’y a plus de ticket, le prochain bateau est complet, me dit on a l’hôtel. Mais heureusement, ils ont pour moi un bon plan sur un autre bateau dans une autre ville pour un petit prix… Je connais la rengaine, je vais voir par moi-même sur le quai et achète en 5 min une place sur ce bateau soi disant plein. Arrivé à Phu Quoc, je loue une moto afin me balader et avoir les mains libres pour camper ou je le veux.
Première nuit côté ouest pour manger devant le coucher de soleil. Je cuisine à l’eau de mer un délicieux plat de nouilles au thon sans thon, car il ne me reste qu’un demi-litre à boire et mon couteau est introuvable, donc impossible d’ouvrir la boite de conserve. Le repas est sans saveur et affreusement salé, mais il rempli sa fonction première de me nourrir. Pour les délices, on verra demain. Au petit jour, un bain réveil et je plie bagage pour continuer la découverte de l’ile. Un vendeur ambulant m’aperçoit de loin et vient à ma rencontre. Il veut me prendre ma dernière gorgée d’eau alors qu’il en vend des litres dans son petit chariot, c’est comme cela, on peut abuser du touriste, il dit rarement non, tellement mal a l aise de sa supériorité financière. Je le renvoie vertement, puis me dirige vers la mob. Mais au moment de démarrer la bête, la clé manque a l’appel. Je la mets pourtant toujours dans ma sacoche d’appareil photo depuis l’incident de la clé de vélo. Je déplie tout le bagage et cherche dans les moindres poches et recoins invraisemblables, mais rien. Je scrute tous les brins d’herbes de mon campement, mais rien… Au bout de 3 heures de recherche, j’en viens a la conclusion que je fus assez bête et distrait pour laisser l’objet dans la poche de maillot de bain et que je me suis baigné avec sans même m’en rendre compte. La même histoire était arrivée à Fab, mon ancien coloc de Toulouse. Mais avec l’aide d’un masque quémandé a un gamin, j’avais réussi a la retrouver a moitie enfouie dans le sable mis en mouvement par le courant incessant. Cette fois je n’ai pas de masque, alors je me détruis les yeux pendant toute la journée, mais il faut bien que je la retrouve, c’est trop idiot. 5 heures plus tard, j’abandonne et part vers la route pour stopper une moto qui me prêtera son portable pour une fortune, car un touriste en galère est une bonne aubaine… A la tombée de la nuit, le proprio de l’engin me rejoint avec un double, qui lui aussi vaut son pesant d’or… Mais vue la bêtise de mon geste, je ne peux qu’accepter sans condition. Malgré la nuit tombante, je dois décoller de l’endroit car je suis assoiffe et je n’ai plus une goutte d’eau non salée. Je m’achète sur le chemin des réserves pour la suite du périple, mais le sac a dos me brule la peau… le soleil ne m’a pas loupé malgré les couches de crème solaire… Ma peau me rappelle que je suis originaire de chez les chtis… Du coup, 2 petits bonhommes dans ma tête se disputent pour choisir de la suite de l’expérience : l’un me dit de stopper la souffrance et de m’arrêter dans un lit moelleux, manger un succulent repas dans un bon restaurant et prendre une douche d’eau douce pour refroidir la peau brulante. L’autre me dit de continuer l’aventure, ce n’est pas un petit échauffement de l’épiderme qui me stoppera, la douleur est peu de chose et le lever de soleil demain sur la mer me fera oublier la mauvaise journée passée et me réconfortera dans mon choix présent. Alors je continue, mais 2 minutes de plus de lacération du dos auront raison de mon mental. J’abandonne tout penaud le camping sauvage et m’arrête dans un hôtel.

Vietnam, je te dis au revoir et te souhaite bonne chance pour l’avenir. Moi, je te quitte et vais retrouver ton ami d’enfance, le Cambodge, avec qui tu as beaucoup aimé jouer à la guerre…