Friday, June 4, 2010

Philippines


Me voila arrivé dans les iles du roi Philippes, le tout puissant roi d'Espagne qui régnait à l'époque de la découverte de cet archipel par les espagnols. « Regardez ! Des iles vierges, elles ne sont à personnes, des iles paradisiaques sans âmes qui vivent ! Pardon monsieur, poussez-vous, vous êtes sur mon ile ! Et puis vous êtes tout nu, donnez lui des coups de fouet pour lui apprendre les bonnes manières et lui faire connaitre la bonté de Jésus Christ ! » La civilisation commence enfin dans ces iles de sauvages.
A peine ai-je posé le pied à Manille, que je la sens bien cette civilisation humaine. Des milliers de voitures, du béton partout, l'air est embaumé des effluves de pétrole en combustion et des égouts, les gens se ruent dans les magasins pour s'acheter pleins de trucs inutiles civilisés. Pas un oiseau à écouter, pas de bruissement de feuilles, pas de Woody woodpecker... juste des bruits de moteurs, de marteaux piqueurs. On se sent vivre, ah que c'est bon ! J'aime l'humanité et ce qu'elle a fait de notre monde...
Je me sauve sans plus attendre vers le nord pour une petite balade sur le volcan Pinatubo, qui s'est réveillé en sursaut en 1991, détruisant villages et paysages sur son passage. De nos jours, il se repose, guettant le retour des américains pour reprendre sa fureur.
A peine arrive à Olongapo, dans la baie de Subic, je remarque encore une fois que les plus grands dégâts causés à ce pays ne sont pas dus à la nature, mais bien à cette satanée espèce humaine, représentée à l'occasion par l'occupant américain. Cet endroit est une ancienne base militaire de l'oncle Sam, la dernière à quitter le territoire philippin en 1992. Bien évidemment, on ne laisse pas les gentils militaires sans quelques femelles pour s'occuper, donc à l'image de la Thaïlande, ils en ont fait un des plus grands bordels du monde. Aujourd'hui les responsables sont partis, mais heureusement le tourisme prend la relève. On peut être rassuré pour toutes ces femmes, qui s'il n'y avait pas les pervers du monde, n'aurait plus d'emplois, car c'est bien le plus important, non ? Avoir un emploi, quelque soit le job (avec mauvais jeu de mots). Cirer les bottes, nettoyer les toilettes, être un esclave (pardon ca m'échappe à chaque fois), un travailleur au service d'un plus riche pour assouvir ses vices, le conduire, lui faire a manger, s'occuper de ses enfants, lui manicurer ses doigts de pieds crottés, lui épiler les parties intimes et pourquoi pas, un jour, lui essuyer les fesses. Ca viendra et ca fera baisser le taux de chômage. Bref, je diverge. Et diverge pour un seul homme, c'est beaucoup trop ! Pour une travailleuse de Subic, c'est le service minimum si elle veut faire survivre sa marmaille et éviter les sévices de l'employeur, toujours très soucieux de ses employées dans ce genre de marchandage. J'espère qu'ils ont reçu une aide du gouvernement pour résister à la crise de la consommation survenue en 1992 quand les américains sont partis, à la manière de nos banques d'aujourd'hui qui se sont vues aidées au delà de leur espérance.
Triste théâtre de tragédie humaine, je constate encore une fois la bonne santé de nos valeurs morales, garantes de notre supériorité sur toutes les autres espèces animales et végétales.
Je me trouve une petite bouteille de gaz butane et quelques ingrédients pour mon indépendance culinaire, et en route vers le départ de la randonnée, à 50 km de la.

Elle commence par la traversée d'un lac tout nouveau, créé à l'époque de la coulée de lave qui bloqua la rivière et engouffra les maisons des villageois. Je ne le vois pas, mais le clocher de l'ancienne église est apparemment visible à la surface du lac. La barque bus me dépose et c'est parti pour la traversée du désert. Quand t'es dans le désert, depuis trop longtemps... Je découvre des villageois coupés du monde, les quelques indigènes rescapés, premiers habitants de l'archipel et premiers pauvres du pays, comme c'est souvent le cas dans les pays colonisés. Ils sont vraiment physiquement différents de la majorité de la population philippine. Plus petit, très foncés de peau, les cheveux crépus, les femmes ont souvent la coupe afro, j'adore. Certains hommes portent encore un petit bout de tissu pour se camoufler le bijou et rien de plus. Leur visage n'est pas du tout typé asiatique, plutôt africain. Très souriants, ils ont l'air de se moquer de mon apparence différente en me donnant des coups de poings amicaux de taquineurs sur le bras. Ils ne doivent pas voir beaucoup de blanc par ici.

Puis je rencontre un uluberlu qui veut être mon guide à tout prix, comme je refuse, il essaie de me faire peur en me disant que les locaux tuent pendant la nuit les étrangers... même pas peur que je lui dis. Mais la nuit arrivant, les bruits ne me rassurent pas.

Au petit matin, c'est reparti, le cratère en ligne de mire. Mirage, ce volcan s'avère être. Les moussons successives ont creusé dans la coulée de lave friable un vrai labyrinthe. Je m'engage dans une voie, pour me rendre compte au bout d'une heure et demie qu'elle est sans issue. Je reviens sur mes pas, croise des villageois qui m'indiquent la bonne piste. J'y vole, heureux d'avoir eu sur mon chemin ces aimables individus. Mais ce chemin se démultiplie, faute de conseil, je teste une, deux, puis trois voies.

Toutes sans issues. Je n'avais pas prévu ce genre de terrain, il est impossible de grimper sur les sommets pour se rendre compte du chemin, les roches sont friables et ne résistent à aucune pression...
Les cours d'eau bloquent le chemin. Je prends soin au début de retirer mes chaussures de marche à chaque passage de rivière, mais au bout de 10 déchaussages, je me décourage et traverse chaussé. Ca fait schplok à présent. Mes grolles sont tellement usées et trouées qu'à chaque pression, des jets d'eau sortent par les ouvertures tel le ferait un arrosoir. Deux cours d'eau se rejoignent, une source froide, l'autre chaude. Comme il fait 40 degrés, je ne profiterais pas de la joie des sources thermales et me contente d'un bon bain frais. Je décide ensuite à regret d'abandonner et de rebrousser chemin. La journée fut longue, lever 4h30 du matin, après un bon petit déjeuner, je n'ai cessé de marcher pour tenter d'arriver sur le cône volcanique avant le coucher du soleil. Je rentre broucouille et le plus rapidement possible pour arriver avant la nuit, ne prenant pas le temps de me nourrir. La lutte contre la montre est difficile, mon corps faiblit, il a besoin d'énergie, mais je ne l'écoute pas, le soleil ayant déjà disparu à l'horizon.

Il est 21h, et je marche dans le noir, ma lampe torche ne fonctionnant plus. Toujours vers l'ouest, c'est la que se trouve le village. Je n'ai plus d'eau depuis un bon moment et mon corps crie de douleur sous l'effort et le poids de mon sac a dos. Mais ou donc est ce village ? Et ma bonne étoile ? Je vois une lumière, des gens sont regroupés devant une maison, je vais demander mon chemin. « Mais entre donc manger un peu, tu veux rentrer au village, pas de problème, j’y retourne après le repas, je t'y amène. » « Alléluia ! » Je suis tombé sur un regroupement de croyant de l'église anglicane. Finalement, c'est le prêtre venant d'Afrique du sud qui me ramène. Il me convainc à passer chez lui pour prendre une douche et me reposer pour la nuit. Je rencontre sa femme, 30 ans de moins, et leur fille. En arrivant a son domicile, nous passons devant de nombreux bars aux mœurs douteux, ils me confient qu'il y a goûté, mais que cette fois c'est fini, il est revenu dans le droit chemin, celui de dieu, qui a été bon avec lui malgré toutes les bêtises qu'il a faites dans sa vie. Pourtant, il me dit : « Les filles a Olongapo, elles sont trop chères, elles demandent 3000 Pesos. Ici, c'est plus correct, c'est 1500 Pesos... » Je commence à regretter d'avoir accepté son invitation. Il me parle aussi de tous ces vieux blancs qui viennent prendre pour épouse de jeunes philippines, sans amour, juste pour la beauté du corps qu'eux non plus. Mais il est dans la même situation, je le lui fais remarquer. Oui, mais moi je l'aime. Est-ce réciproque ? J'en doute, mais je le garde pour moi.
Le lendemain, alors qu'il va prêcher, il me dépose à San Marcelino pour que je puisse assister aux défilés du good Friday. Quel triste spectacle ! Des jeunes hommes philippins, par centaines, se sont entaillés le dos au cutter, pour ensuite se flageller pendant des heures. Le sang gicle, aspergeant voitures, murs, bibles et passants. J'essaie d'éviter les gouttes du mieux que je peux mais c'est impossible.

Certains sont déguisés en Jésus, portant la croix, d'autres en romains, frappant réellement et fortement sur les fils de Dieu à coup de bottes et de poings. Mise en scène affligeante censée absoudre les pêchers des volontaires à la boucherie. Les hormones males dans toute leur splendeur !

Dans certaines villes, ils se crucifient et restent cloués sur leur croix toute la journée au soleil. Les fous de Dieu font peur. Un type me remarque, me montre du doigt : « Hey, you look like Jesus Christ !!! » Zut, va falloir que je me rase, dans ce pays ultra chrétien. Le jour ou les hallucinés se déguisent en Jésus et se crucifient, il ne fait pas bon être son sosie.

Je prends ensuite un bus de nuit pour Baguio. Comme c'est pâques, les vacances sont la et les touristes aussi, la ville est remplie de locaux vacanciers faisant la queue pour avoir la folle chance de faire du pédalo sur le petit lac artificiel de la ville. Les parcs sont complètement envahis par les pic-nics sauvages.

A la suite d'une longue journée de marche à travers the concrete jungle, je rentre vers mon lit prometteur de repos. L'hôtel trouvé est bon marché, mais en contrepartie, il est miteux, bien évidemment, et il se situe dans un quartier peu recommandé par Mme de Fontenay. Il faut passer un pont pour y arriver. En descendant les marches, deux individus me remarquent et changent brusquement de direction, comportement suspect. L'un monte les marches pour aller à ma rencontre et l'autre se poste en bas. Arrivé à ma hauteur, il me coupe le chemin et essayant de me faire un traitre croche pied pour que je m'affale lamentablement. L'ayant vu venir de loin, j'étais sur mes gardes, je saute tel un petit cabri au dessus de son piège et le regarde, faisant semblant de défiance. Je m'insinue dans l'entrée de l'hôtel rapidement. Ouf ! Je prends la clef à la réception et monte rapidement me refugier au 5e étage, dépassant moultes gens du soir au triste regard abimé par la vie. Des prostituées sont postées à chaque étage, prêtes à bondir, je ferme mes oreilles et m'enferme. Hop au lit, je me lève dans 5h pour attraper le premier bus en direction des fameuses rizières en étages du nord du Luzon. Mais je ne peux m'endormir, ce taudis est en vie et en bruit. Vers une heure du mat, quelqu'un essaie d'ouvrir ma porte, la trouvant fermée, il se sauve en courant... vivement que la nuit se termine.
Dans le riz jusqu'au cou. J'exagère, jusqu'aux genoux.
Premier jour à découvrir cette culte culture aux alentours de Bontoc.

Deuxième jour à Sagada serpentant les collines pour des vues imprenables et recherchant les cercueils cloués au ciel.
Mais que font-ils là-haut ? Impressionnant ! Mais pas très pratique.
Certains sont tombés des cieux, brisant le coffre, laissant aux curieux l'occasion de voir la mort de plus près.

Troisième jour à m'ébahir devant ce patrimoine de l'humanité : Batad, vieux de 2000 ans, une belle histoire.

Mais cette ville est victime de son succès. L'industrie touristique est présente, et elle œuvre à faire le plus de bénéfice et... bah finalement, rien d'autre. Pour aller aux fameuses terrasses par les transports en commun, et bien c'est simplement impossible. Il y a des liaisons seulement l'après midi, trop tard pour visiter. Pourquoi y a-t-il des liaisons de jeepneys l'après midi et pas le matin ? La réponse est élémentaire mon cher Voltaire. Pour que les nombreux touristes présents ne prennent pas des transports en communs qui seraient moins chers et qui rapporteraient donc moins d'argent. Grace à ce système, chaque touriste loue sa propre voiture. Certains tout de même arrivent à se mettre en groupe et loue une voiture pour 4 ou 5 par exemple. Bravo ! Mais dans un jeepney, on met facilement 30 personnes, plus si on se serre et que l on monte sur le toit comme le fait tous les jours Mr Philippes. Les transports en communs auraient un effet moins néfaste sur l'environnement. Mais à choisir entre la nature et le pognon... C'est partout pareil, n'est ce pas ? Le trajet jusque Batad est de 16km, je me les taperai à pied. Pendant mon parcours, je ne croiserai bien sur aucune autre personne marchant, et compterai 25 véhicules motorisés transportant en moyenne 2 touristes. 2 jeepneys auraient fait l'affaire, mais c'eut été contre les affaires. Par contre il y a une taxe environnementale... La journée fut longue et fatigante, mais le spectacle exceptionnel méritait cet effort. Et la récompense prend plus d'ampleur avec les courbatures.

Mes parents arrivent demain à Manille. Vite, je saute dans un bus de nuit. Arrivé au petit matin, je pérégrine à travers la capitale en attendant l'atterrissage des ainés.
Nous partons le soir même vers Legaspi pour s'émerveiller devant le majestueux volcan Mayon, et vers Donsol pour rendre un rêve réalité en nageant avec les requins baleines. Comme c'est la deuxième nuit d'affilé que je voyage dans un bus de nuit, le sommeil me gagne rapidement. Mais alors que je viens à peine d'arriver dans les pays féerique des rêves, je le quitte en sursaut quand un énorme fracas retentit. Je sens le bus qui vacille et des bouts de verre qui voltigent. Je crois l'espace d'une seconde que nous sommes en plein accident. Mais je sors de mon coma et réalise qu'une pierre de la taille de mon poing est responsable des dégâts. Un petit malin assassin en voulait peut être à cette compagnie de bus, ou bien il a juste voulu fracasser la tête d'un innocent passant, une envie de meurtre anonyme. Toujours est-il que l'objet identifié n'a heureusement touché personne. Mais nous voyagerons à présent, mes parents et moi, en luttant contre le sommeil et les bouts de verres puisqu'ils proviennent de la vitre qui nous est voisine. Le conducteur scotche une partie de la vitre pour qu'elle tienne en place puis continue son chemin. Pourquoi pas toute la vitre ? Le résultat attendu arrive, 10 min plus tard, la vitre en morceau s'affale sur moi. Je me nettoie du mieux que je le peux au prix de quelques coupures. Le voyage continuera sans la vitre, mais avec la myriade de bouts de verre qui se détachent des bords et s'envolent quand le bus prend de la vitesse. Une nuit blanche assurée. Et mes parents qui s'inquiétaient de savoir si ma façon de voyager pouvait leur convenir. Cela commence mal.
Nous nous arrêtons fatigués au petit matin à Daraga pour visiter 2 églises aux abords du Mt Mayon. La première n'est plus qu'une ruine puisqu'elle fut recouverte par les laves de ce dernier. Mais l'environnement est splendide, le cône volcanique parfait.

La seconde est de toute beauté et fut bâtie grâce aux roches volcaniques du destructeur.

Puis nous continuons notre chemin pour aller voir les plus gros poissons du monde. Je commence par une plongée dans le Manta Bowl, et je vois Oh ! Surprise ! Une raie Manta. Je bats des bras comme elle pour la saluer.

Ensuite nous partons en bateau pour aller nager avec les requins baleines. La cote grouille de ces spécimens en cette saison. Nous pataugeons avec 7 de ces géants des mers, certains font 10m de long. Ils sont difficiles à suivre, mais si on ne leur saute pas dessus, on peut quelques fois nager pendant 5 min à leur coté.

C'est une expérience grandiose, on se sent tellement petit et émerveillé. Mais cette chance est à gérer avec attention. Ce site a été découvert récemment, il y a 10 ans de cela. Les philippins ont fait de ce village de pécheurs, un village de touristes. A présent, les villageois ne chassent plus le requin baleine, ils la mettent en scène. Un souci de préservation semble mener le projet. Chaque jour, un nombre limité de bateaux prennent le large à la recherche de ces gros requins inoffensifs. Que deviendront ces quotas quand le nombre de voyageurs se multipliera dans cette région ? La pression financière en aura-t-elle raison ? La raison voudrait que oui, car si les requins baleines ne sont pas respectés dans cet environnement, ils ne reviendront plus dans le futur et l'emploi de ces anciens pêcheurs, nouveaux apprentis touristiques, ne sera plus assuré. Malheureusement l'histoire nous montre tous les jours que la raison fait rarement le poids face aux profits immédiats. Tous les conducteurs de bateaux ne sont pas aussi bien formés qu'il le faudrait. Des plongeurs rencontrés m'assurent que beaucoup de ces gros poissons ont des cicatrices, ils sont entaillés par les hélices des bateaux qui les poursuivent avec acharnement. Sans parler des touristes qui se jettent littéralement sur ces merveilles de la nature pour les toucher, chose à ne jamais faire, sous peine de les contaminer avec nos germes redoutables. Bref, un moment merveilleux à consommer avec beaucoup de modération et de précaution.
Nous revenons sur Terre pour repartir de nuit vers Manille, étape obligée pour ensuite nous rendre dans les splendides iles de Palawan. Difficile de trouver sur Terre de plus belles plages. Il y a 1700 iles en tout dans les Palawan, un bon nombre de celle-ci sont tout simplement des petits paradis inhabités. Nous passerons la une semaine à sauter d'ile en ile, foulant le sable blanc aux pieds de falaises volcaniques aux arêtes tranchantes. Des fonds marins magnifiques viennent parfaire le tableau : tortues, requins, arc en ciel de poissons et de coraux.
Dinner sous le coucher de soleil a Coron

El Nido est plus particulièrement délicieux, avec ses falaises abruptes surplombant les plages.

Un petit barbecue pour assaisonner le tout.

Ca fait rire les enfants et chanter les oiseaux.
Les images parlent d'elles meme, on se la coule douce dans les Palawan

A Sabang, nous visitons une grotte prétendant faire partie des nouvelles merveilles du monde.
Mouais, juste un gros coup de pub.

Le temps passe vite à profiter d'un cadre exceptionnel. Le moment du retour vers l'aéroport arrive. Nous voyagerons sur le toit de la jeepney pour un point de vue exceptionnel, une première pour mes parents et une expérience à ne pas rater ici.

Apres tant de belles plages, le retour à Manille est difficile. Mes parents doivent repartir vers Paris, prêt pour attaquer le travail avec un peu plus de soleil sur la peau et dans le coeur. A bientôt la famille, ce fut un excellent moment passé ensemble.
De mon coté, je pars pour les Visayas. Première étape, Puerto Gallera, lieu dédié à la plongée. Sur le papier oui, mais en réalité, la population qui se rue sur ce bord de mer y vient pour d'autres motifs moins marins, pour des sirènes dansantes nues sur des comptoirs sombres et glissants, car inondés par la bave des crapauds. Les touristes étrangers sont bien sur une clientèle fidèle, mais les philippins aussi sont friands de ce genre marchandise. La chaire humaine est à vendre ! Mais ne nous étonnons pas, tout est à vendre, c'est bien le mot d'ordre de notre société, alors pourquoi faire semblant d'être offusqué ?
Dans ce lieu de perdition, je me trouve un petit logis chez l'habitant ou je peux profiter d'une cuisine. Je file m'acheter les ingrédients de mes favorites bretonnes. Il manque un peu de cidre en accompagnement, mais le festin reste inoubliable.
Je pars ensuite vers Boracay, censée être la perle des Philippines. Quand on voyage ici, on nous pose toujours cette question : « Alors Boracay, tu as été ? Non ? Il faut que tu y ailles ! » Alors j'y suis allé, je suis un bon élève et j'écoute ce qu'on me dit de faire. Et bien, c'est vrai, c'est pas mal.

Mais bon, je deviens difficile, après les plages de Palawan, Boracay semble juste bien, pas exceptionnelle. Je m'en contenterais ;) Je trouve heureusement de ci de la sur cette petite ile quelques villages de pêcheurs pour contrebalancer les villas.

Ma prochaine destination est Iloilo. Mais le vélo que je voulais louer afin de faire le tour de l'ile avoisinante ne se trouve pas. Seulement des motos, la transpiration n'est pas à la mode d'aujourd'hui. Pourquoi vouloir utiliser nos muscles quand on peut se la couler douce grâce à Exxon et Total ?
Tant pis, je traverse le détroit qui me sépare de l'ile Negros. Une randonnée volcanique m'attend là-bas. J'arrive à Bacolod pour prendre le permis, on me reçoit en me disant qu'un guide est obligatoire. La chance ne me sourie pas. Ce n'est pas pour moi, merci et au revoir, je continue donc ma route.

Prochaine étape, Dumaguete et l'Ile d'Apo, qui est un petit paradis sous marin. 3 jours sous les mers, c'est peu comparer à Jules Vernes, mais c'est assez pour se remplir la tête de merveilles et assurer des beaux rêves pour les prochaines semaines.
La murène épie l'étrange individu qui s'approche de son territoire.

Un poisson papillon se promenant autour d'une épave.

Puis cap sur Siquijor, l'ile des sorcières ! Je n'en ai pas vu, mais apparemment la sorcellerie est toujours pratiquée en cette terre mystérieuse. Une petite ile de conte de fée. Une autre specialite de l'ile est l'elevage de coq de combat, des jardins remplis de reveils matin.
Je cherche un vélo pour faire le tour, et devinez quoi ? Il n'y en a pas. Tant pis, je ne peux pas capituler à chaque fois, j'opte pour la moto. L'ile est peu visitée, alors les gens sont restés simples et vraiment très sympathiques. Il m'a fallut répondre « hello » plusieurs centaines de fois. On le fait de bon cœur puisque c'est dit avec le sourire.
Aux heures les plus chaudes, je me rafraichis à la rivière d'une couleur merveilleuse.
J'y rencontre une famille qui veut tout savoir sur la France. Je leur raconte ce que je peux. Ils me proposent de partager leur repas, puis la maman me propose sa fille. « Heu... elle a 12 ans votre fille, » lui fis-je remarquer. « Oui, mais c'est déjà une femme ! » « Je vous crois sur parole, mais non merci, je suis déjà marié ! » Malheureusement, il y en a plus d'un qui se serait jeté sur l'occasion. Un de mes maitres de plongée, 50ans, à Puerto Galera me disait autour d'une bière : « J'adore les Philippines ! Les femmes sont belles, il fait beau, pas étonnant que je vienne passer ici 6 mois chaque année. Et puis chaque jour, une nouvelle, elles ne coutent pas chères. Tiens, voila mon entremetteuse. Qu'est ce que tu as pour moi aujourd'hui ? 16 ans ? Ah non, trop vieille, je préfère les jeunes je te dis ! » Mhhh, voila une facette des Philippines qui est dure à avaler.

Hisseo, matelo, Bohol a l'horizon! Cette ile est riche en beauté, me dit-on. Tout d'abord je visite les vestiges coloniaux aux alentours de Tagbilaran. Ici une route dont on arrêta brusquement la construction. On remarqua juste à temps qu'il y avait une église sur le chemin de la route, comme dirait mon cher Francis Cabrel. Ah des fois, je vous jure...

Puis je cherche à renouer avec ma tente, alors je pars pour camper sur les montagnes chocolat.
Elles sont belles, mais je m'aperçois que c'est un parc touristique peu propice à un camping tranquille.
Tant pis, je me sauve rapidement vers l'ile Camigiun, aux multiples volcans et donc remplies de possibilités pour les randonneurs. J'arrive trop tard pour attraper le bateau de la journée, alors j'attends dans ce village tranquille et isolé pour embarquer le lendemain. Mais finalement, le bateau ne partira pas, une inspection surprise, justement le jour ou il n'y a qu'un bateau. Les autres jours, ils sont deux à prendre le large. Une inspection les autres jours aurait permis aux passagers de pouvoir embarquer sur l'autre bateau. Tant pis, le pays est rempli de possibilités, je prendrai donc le premier bus pour l'est de Bohol. Je rencontre alors Gabriel et Kyoko, un sympathique couple suisse-japonais, et nous nous dirigeons ensemble vers Anda, une plage isolée. A coup de bus et d'auto stop nous arrivons en lieu dit et plantons la tente au bord de la mer. Ahhh, ca fait du bien de revenir chez soi.

Petit repas sous le coucher du soleil et guitare chanson a la belle étoile. 2 françaises de passage viennent nous rejoindre pour chantonner des airs du pays. Le lendemain, Kyoko, Gabriel et moi, partons sur l'ile voisine, voir comment se porte Padre Burgos. Nous nous postons sur une prairie, face a la mer, et au petit jour, nous allons voir les tortues et les serpents qui nagent et jouent dans les coraux en couleurs.

La fin de ce voyage approche, il vous semble peut être redondant à présent. Trop de plages, trop de poissons... Je vous avoue qu'après 2 mois, j'ai envie d'autre chose. Je rêve des montagnes himalayennes que je retrouverai bientôt. Mais il me reste encore quelques jours à passer avec les poissons, ils vont me manquer ensuite. Un spécimen que j'aimerais rencontrer est le requin renard, une bête très rare, mais que l'on peut apercevoir sur l'ile de Malapascua. J'y fonce.
Et je ne suis pas déçu. Je le verrai 2 fois, ainsi que des raies Manta de 5m, des raies diables... Un petit monde merveilleux dont je profite au maximum a présent que je sais que mes jours sous l'eau sont comptés.

Avec Martin, un buddy plongeur suisse, nous partons pour les derniers jours philippins à Moalboal, autre site réputé pour sa plongée. Nous y retrouverons pour notre plus grand bonheur, le fameux requin renard chassant des gigantesques bancs de sardines. Il passera même à 1 m au dessous de moi, par derrière pour plus de frayeur et d'émerveillement, puis reviendra, curieux qu'il est, pour un deuxième passage plein de grâce. Une belle bête ! Mais pas de photo d'elle, desole.

La fin est la, il me faut rentrer, je passerais par Cebu, puis Manille. Je n'épiloguerais pas sur ces villes, j'en ai déjà dit assez sur ce sujet. Vision assez forte pour vous faire oublier toutes les beautés de la mer. Cebu la nuit est d'une tristesse sans nom. Les filles de la nuit sillonnent les quartiers rouges aux lumières blafardes, suivies de prés par les proxénètes qui protègent leurs intérêts. Des papys grabataires drogués au viagra marchent aux cotes d'adolescentes philippines trop jeunes pour être leur petite fille. Est-ce que cela peut changer prochainement ? Les élections viennent d'avoir lieu. Le nouveau président est le fils d'une ex-présidente. Il est élu parce qu'il est le fils de sa maman et rien d'autre.
Je suis curieux, je pose des questions : « Êtes-vous heureux de l'élection de Aquino? »
« Oh oui ! »
« Et quel est son programme ? Qu'est ce qu'il va faire de bien ? »
« Heu... Il va lutter contre la corruption. »
« Bien. Et comment ? »
« Heu, je ne sais pas. »
« Et que va-t-il faire d'autre ? »
« Heu... Je ne sais pas. »
J'ai eu cette discussion moultes fois, personne ne connait son programme. En a-t-il un d'ailleurs, a part s'en mettre plein les poches. L'élection est une mascarade, comment les prétendants faisaient leurs campagnes ? A coup de musiques, de parades, de stickers, de phrases phares, comme : « Je me battrais contre la corruption.». Personne n'entend parler du fond. Le plus connu gagne, ou le mieux financé. Et comment cela se passe chez moi ?
La prostitution n'est pas l'unique problème des philippines. Les richesses ne sont pas partagées, comme partout, la nature n'est pas respectée, comme partout, la surpopulation pèse sur les ressources mais la religion catholique qui est au cœur du pouvoir veille bien a ce qu'il y ait 8 enfants ou plus par foyer...
Mais bon, comme disait Coluche : « Oui il y a des problèmes, mais je m'en fous. Heureusement que tout le monde fait pas comme moi, sinon le monde irait mal. D'ailleurs il parait qu'il ne va pas très bien. Je me demande si tout le monde ne fait pas comme moi. »

Thursday, March 25, 2010

Indonesie


C'est avec joie que je pars de la ville des singes A, pour me rendre en terre indonésienne. Par bateau, puisque je me refuse toujours à voler. Peu d'informations m'ont été données avant de partir, tant pis, allons, nous verrons bien. Un premier engin à prendre pour m'emmener a Pulau Batam. De la, on m'annonce que le bateau pour Sumatra est déjà parti, il y a 5min, bien sur il ne pouvait pas attendre la liaison. On arrive a 8h05, et lui part a 8h00, quelle belle organisation. Faut dormir la, blablabla, mais en fouinant un peu, j'arrive à trouver un navire qui part sur une ile voisine, et de la, je rattrape un petit rafiot qui m'emmènera enfin sur Sumatra. A peine ai-je acheté mon ticket et suis rentré dans le hall d'attente, je vois une foule de passager partant pour Dumai, Sumatra. Je m'étonne, on m'a bien dit que j'étais trop tard pour cette destination. Si, celui-ci est un bateau lent, donc moins cher, les vendeurs se sont bien gardés de me le dire pour me vendre une combinaison plus onéreuse. Ah les salopiots, toujours la même chose avec ma petite tête de touriste qu'on arnaque facilement. En attendant l'arrivée de mon 2eme vaisseau, je suis assailli littéralement par une troupe de grands croyants égyptiens venus dans le plus grand pays musulman du monde pour y donner quelques cours de religion. Ils me parlent en arabe, bien que je ne les comprenne pas. Et ils s'en donnent a cœur joie. C'est la foi qui parle. Apparemment, ils veulent me convertir. L'islam farci, l'islam farla. Ca les rend toutes choses. Mais ils sont bons enfants, sympathiques, souriants. C'est ce qu'il faut pour réussir à convertir de nos jours. Quoique, la peur fonctionne toujours aussi bien. Ils me disent qu'il faut que je m'appelle Mohammed. Que je trouve le bon chemin. Enfin, c'est ce que je crois comprendre. Ils me refilent le numéro d'un imam sur les Elysées qu'il faut absolument que je rencontre à mon retour en France. Comment te dire ? Je suis assez difficile à convaincre, le christianisme à bien essayé toute mon enfance, mais on s'est quitté. Tu as beau être un beau parleur, ca ne va pas me suffire. D'ailleurs je ne comprends rien à ce que tu me dis. Alors je ne me dérange pas pour te répondre en français, tu ne m'en voudras pas. Apparemment il ne m'en veut pas, il vient et me prend dans ses bras, ce gros nounours. Bah, un petit câlin, ca faisait longtemps, merci. Mais je ne suis toujours pas convaincu. Leur heure arrive, ils partent prêcher la bonne parole d'ile en ile. L'islam est une religion conquérante, beaucoup trop a mon gout.

La mienne arrive aussi, en route, 5h de bateau en plus pour retrouver a Slipandium la fière épave amarrée, prête pour le grand voyage nocturne. Je m'installe sur quelques planches en bois, lit de fortune. Le dortoir se remplit, l'ambiance grandit. Je suis bien le seul blanc bec des environs, alors j'attire toutes les attentions. Les hommes m'offrent des cigarettes par dizaines. Je les refuse en essayant de leur expliquer que je ne fume pas. Quoi ? Mais tous les hommes fument ! Apparemment, c'est le cas en Indonésie. L'endroit se remplit d'un épais nuage. Agréable. Certains plus têtu que d'autres me proposeront leur goudron x fois. Ca ne se refuse pas, une offre pareille. Mise à part cette mauvaise habitude, les gens sont agréables, souriants, je maximise l'utilisation de mon dictionnaire malais, l'indonésien étant quasiment la même langue. Pendant la discussion, je sens un gros truc me courir dans le dos, rien de cochon, ne vous inquiétez pas. J'y mets la main et me fais pincer, un énorme cafard ! Je ne savais pas que ca pouvais pincer ces machins la ! Puis, c'est dans les cheveux qu'un autre spécimen a décidé de faire sa promenade nocturne. Apres quelques combats, je capitule et laisse ces insectes se balader à leur guise sur mon corps en proie au sommeil. Ils sont trop nombreux, et plutôt inoffensif.

Arrivée à Pakembaru, la tête dans le cul et le cul en compote. Ville pétrolière aux gros bâtiments dégoutants, je ne m'y attarde pas. Dans le bus, direction Bukittinggi. Une beauté d'après les locaux, faisons leur confiance. Apres 5h de trajet complémentaire, me voila enfin prêt a m'arrêter un peu. Ils savaient de quoi ils parlaient, c'est resplendissant cette petite bourgade, cette haute colline, comme son nom l'indique en indonésien. Elle est au centre de 3 volcans, ensommeillés, mais attendant le signal de mère Terre pour exploser. Ils sont un symbole de destruction, mais aussi de fertilité, un peu comme Shiva. Le sol est riche et la production de riz est excellente.
Quoi de plus beau que des rizières surplombées par des volcans ? Bon, peut être plein de choses, ca dépend des gouts encore une fois. Cela reste tout de même une expression justifiée dans ce cadre de félicité.

Les marches de Bukittinggi sont colores

Par contre certaines ecoles font peur, elles plairaient a notre president...

Je me dégourdis donc les jambes dans ce paysage ravissant et mes fesses endolories par le long voyage précédent en sont ravies ! Apparemment il n'y a pas qu'elles. Un local sympathise, il veut pratiquer son anglais, ca me va, de mon cote je suis content de pouvoir continuer à apprendre l'indonésien. Il veut me montrer les environs. Gentil, mais je le préviens, je ne veux pas de guide, je préfère me balader au bonheur la chance. Ca lui va, tout ce qu'il veut c'est me connaitre et pratiquer son anglais. Alors on promène à travers champs. On derange qq specimens.

Mine de rien, il arrive à me diriger, facile, il connait le coin. Nous nous égarons dans un canyon et arrivons sur une chute d'eau.

On va prendre une douche me dit il d'un ton efféminé que je ne lui connaissais pas encore. Euh non, ca va merci. Aller viens ! Il se déshabille complètement, se douche et se touche, un peu trop selon mes critères de bienséances. Je lui dis que je l'attends plus loin. Alors, il fait un peu la tête. Pas longtemps, il repart à l'attaque. Tu n'as jamais essayé avec des garçons ? Je peux te faire ce que tu veux ! Non, ca va, pas intéressé, j'ai une copine. Oui, mais avec un garçon, c'est différent, tu n'as jamais essayé ? Non, pas envie. Tu n'es pas aventureux, il faut toujours essayer pour savoir si on aime. Non pas toujours, tu peux le faire avec des chiens ou des chèvres aussi, mais tu n'as pas envie d'essayer. Je ne veux pas dire qu'être avec un garçon, c'est comme être avec un animal, on n'est juste pas obligé d'essayer tout ce qui se trouve sur Terre. Au fur et à mesure de la discussion, je me rends compte que ce bonhomme en fait, vend son corps pour de l'argent aux touristes peu scrupuleux. Encore une fois, le touriste sait se montrer digne de lui-même.

Il est temps de rentrer, il pourrait s'engaillardir pendant la nuit...

Je ne peux rester bien longtemps au milieu de ce trio volcanique. Dommage ! Mais la déception n'est rien puisque je pars pour Jakarta retrouver Claire. 40h de bus et 3h de bateau, j'en ai encore mal partout.
Entre Sumatra et Java

Arrivée à Jakarta, loin du centre ville, à la périphérie, à minuit, que faire ? Prendre un taxi, chose que je me refuse. Il n'y a plus de bus, il faut attendre 5h du matin pour la reprise des transports en commun. Alors j'attends, en me baladant autour de la station de bus, je rencontre un groupe de locaux qui boivent et ont déjà trop bu, a la sante de leur pote dont c'est l'anniversaire. Ils minvitent chaleureusement. Je participe, mais reste sobre car malgré leurs mines sympathiques, bah on ne sait jamais. On essaie bien de communiquer, mais en plus de la barrière de la langue, il y a les mélanges de l'alcool. Ca radote beaucoup. Oui je comprends ce que tu me dis, ca fait 20 fois déjà, ca va. Oui, si quelqu'un vient m'embêter, je t'appelle et tu lui casses la gueule... ah les discours poivrots. Mais il ne faut pas faire le rabajoie, ils sont tout de même bien sympathiques, dansant et chantant sur des airs locaux, la gaieté débordant de leur verre. Je suis bien heureux de les avoir rencontrés pour passer cette nuit obscure. Ils m'inviteront même à dormir une heure dans leur modeste foyer, histoire de nous remettre d'aplomb, moi après un voyage éprouvant, eux après une soirée arrosée.

Je prends le premier bus pour m'engouffrer des l'aube dans la mégalopole, je recherche un hôtel pas trop miteux et abordable, difficile tache a Jakarta, puis pars retrouver ma colombe qui atterrie en fin de journée. Mon choix se portera sur une chambre remplie de punaises. Comme a leur habitude, elles ne se manifestent que la nuit venue, quand nos corps assoupis sombre dans le sommeil. Nous nous protégeons en installant la tente sur le lit. Dans notre bulle, nous sommes enfin a l'abri des terribles piqures.

Nous passons les 2 premiers jours ensemble à arpenter les rues de Jakarta. Nous usons les semelles de nos chaussures et encrassons nos poumons à vouloir être écolo dans un monde que cela fait bien rigoler. Les trottoirs sont encombrés par les annonces publicitaires, les grosses voitures, les motos qui doublent ou elles le peuvent, les travaux. Ou ils sont purement inexistants. Une épaisse fumée noire nous entoure de son parfum citadin. Nous expérimentons la ville, nous essayons de l'aimer, mais rien à faire, c'est mission impossible.
La grande mosquee

Et sa voisine concurrente

Le soir nous nous payons une tranche cinéma dans un des nombreux complexes surclimatisés et surdimensionnés du quartier des affaires. Dans ces grands centres commerciaux, le fric déborde de toutes les bourses, alors on le dépense en apparat, il faut bien qu'il serve a quelque chose tout cet argent qu'on a en trop. On ne va quand même pas le partager.
Bye bye Jakarta, peu de bons souvenirs resteront ancrés dans ma mémoire te concernant.
Apres quelques instants de marche, nous arrivons sains, saufs et mouillées à la station de train, en avance de 30 minutes. Voie 2 ? Merci, nous y allons de ce pas. Est-ce le train pour Yogyakarta ? Oui. Il vaut mieux demander 2 fois, on ne sait jamais, il y a souvent des incompris. Bon, nous voila installés, Claire a le temps d'en fumer une pour attraper son cancer et nettoyer ses poumons des bons gaz d'échappements ingérés dans cette maudite ville. Mais, alors qu'elle n'est toujours pas revenue de sa pause enfumée, le train part, 15 min avant l'heure dite ! Vite, je vais voir a la porte qui est restée ouverte, et voit l'aventurière qui fait une cascade pour sauter dans le train en marche, avec succès, ouf ! Mais c'est étrange, jamais un train ne part en avance, c'est contre ses principes. Je vais vite demander à des policiers que j'aperçois, ils regardent mon billet et rigolent. Les soupçons sont confirmés, malgré notre double demande, on nous a indiqué le mauvais train. Et pas un indice n'est écrit sur le train a propos de la destination. Pour connaitre le quai de départ des trains, c'est au micro et en indonésien, alors pauvres de nous, nous pouvons toujours courir. Le fait que l'on loupe notre train et qu'ils se foutent de notre cas me tapent sur les nerfs, je leur fais part de mon mécontentement. Un des types parlent a ses potes, il lui dit un truc du genre : « Bon les gars, on a bien rigolé sur leur dos, mais ca suffit. » Alors ils s'arrêtent tous de rire et prennent un air sérieux, même si certains ont les lèvres qui se pincent pour se forcer à garder leur calme. Finalement, ils nous apprennent que le train s'arrête à la même prochaine gare que le notre. On sort, ils nous mettent en de bonnes mains pour être sur que nous prendront le bon train cette fois. Gentils garçons finalement.
A peine arrivés à Yogyakarta au petit matin, nous partons directement à Borobudur, un gigantesque temple bouddhiste datant du 8e siècle.

Nous tentons d'y aller par les transports en communs. Encore une fois, la tache est difficile, la plupart des gens y vont par taxi ou voyage organisé. Au bout d'une heure et demie d'attente et de recherche, nous finissons enfin par trouver le bon bus.

Joli complexe, les sculptures sont belles, rigolotes, ambigües, elles nous racontent tout plein d’histoires courtes.

Nous y passons plusieurs heures à dévisager les murs du passé.
Un endroit propice a la meditation

Alors que nous terminons la visite, je tombe sur Jochen, mon « buddy » allemand de Thaïlande qui devait vérifier que mon équipement de plongée était correctement installé et prêt à l’aventure. Je devais bien sur lui rendre la pareille. Puis pendant que nous étions poissons, nous ne devions plus nous quitter, par mesure de sécurité, il faut toujours un « buddy » proche de soi. Le monde est petit pour les voyageurs.
Ensuite nous visitons Yogyakarta. On tombe sur des gens charmants, souriants, soucieux de communiquer mais qui finissent irrémédiablement par le même discours : « Il faut que tu ailles au Batik Art Center, y a plein de peintures Batik et de tissus Batik pas chers, c'est le moins cher au monde ici, et uniquement ici. En plus tu peux voir les esclaves travailler à te faire ton vêtement gratuitement ! » Bon d'accord, peut être qu'ils ne disaient pas esclave, mais le reste c'est vrai, on l'a entendu de nombreuses fois, les mêmes phrases, exactement, comme s'ils avaient répétés ensemble la façon d'attirer les touristes. Au début, on parle de nos pays respectifs, de notre culture, de foot, puis il en vient discrètement sur les achats à Bali qui ne sont pas chers, sauf tintintin ! Le Batik ! A la fin, c'était plus rapide : « Oui, on sait, Batik pas cher, merci. » Mais comment vous dire ? On ne veut pas acheter, enfin certaines personnes plus que d'autre. D'ailleurs j'ai bien communiqué mon opinion, mais elle s'heurte à un mur la plupart du temps. Ne pas acheter ? Mais pourquoi ? Le surplus de production détruit la planète ? Mais qu'est ce que tu racontes ? Puis ils me regardent de travers, méfiant de mon comportement bizarre.

La mosquee qui nous a abrite des sursauts de la mousson

Ensuite, par soucis d'égalité entre les religions bien évidemment, nous allons visiter le complexe hindou Prambanan, datant du 9e siècle.

Une pure beauté, la chance étant avec nous, il a plut comme vache qui pisse, et je ne suis pas ironique. C'est une chance, car après la pluie vient le beau temps, et la belle lumière qui l'accompagne. Le temple inondé gagne en charme. D'une, la plupart des visiteurs ont pris la fuite, ce qui nous laisse dans le calme, ahhh le calme.

De deux, les reflets de ces belles pyramides nous renvoient des images d'un charme enivrant.

Les photos en deviennent sublimes, juste miroir de la réalité du lieu.

Le soleil couchant rajoute a la féerie ambiante.

Quelques biches gambadent au milieu des vestiges d'un peuple lointain aux influences indiennes. Un de ces grands moments où il faut juste apprécier la vue et la vie.

La nuit tombée, nous enchainons sur un spectacle racontant une partie du Ramayana, livre saint hindou.

Le vent nous emmène toujours plus à l'est et nous dépose à Solo, pour une petite promenade de journée en attendant le bus de nuit qui nous portera vers le volcan Bromo.
Un ptit gars de Solo qui etre absolument sur la photo

Les esclaves de Solo

Nous arrivons au lever du soleil sur les hauteurs qui nous offrent le loisir et la joie de nous abreuver de la majestueuse vision du volcan Bromo fumant et de son pote Flamby, comme l'a baptise très justement ma chère et tendre.

Cette grande marmite est en train de nous mijoter un bon petit plat. « Soto Ayam ! » me crie Claire qui est tombée en amour avec ce met indonésien. Il faut dire que nous nous en sommes régalés à Yogyakarta. Notre mission, puisque nous l'acceptons, sera de monter jusqu'au point de vue au nord, simplement pour le plaisir, puis de redescendre vers l'ouest et tendre vers les 2 monstres souffrants (de souffre, pas de douleur). La première intention était de camper sur le sommet du volcan non fumeur, en bonne santé quoi !

Mais, arrivés aux pieds du géant, nous renonçons, la fatigue et l'après midi étant tous les deux déjà bien avancés. Sa voisine, Bromo, est plus petite, plus facile d'accès, mais le terrain escarpé, le trou béant d'où s'échappent les vapeurs de souffre qui nous piquent les yeux, le nez, la gorge et les poumons, nous laissent perplexes quand au choix du lieu de campement.

Il y a bien un endroit assez plat sur le sommet opposé, nous nous y posons en attendant de voir les tendances du vent. Nous ne pourrons dormir si la nocive fumée venait à se diriger sur nos petits corps fragiles. Au bout d'une heure, nous sommes satisfaits, mais nous entendons et apercevons au loin un orage noir qui s'approche, comme tous les soirs depuis notre arrivée en Indonésie. La mousson n'est pas encore terminée. Alors la question se pose : « On dirait que la question de la fumée est réglée. Mais tous ces éclairs que l'on voit au loin sont de mauvais augures pour notre emplacement qui se trouve au sommet du volcan, a l'endroit le plus haut possible et donc le plus propice a recevoir la foudre des cieux. » Nous attendons donc encore, regardant du coin de l'œil les deux phénomènes naturels inquiétants. Il semble que les nuages noirs n'arrivent pas à passer la barrière montagneuse qui nous protège au sud. Ils s'affalent dessus, font un tonnerre de Dieu, puis se découpent en deux groupes distincts, partant au nord est et au nord ouest. La nuit arrivant, nous concluons notre indécision par la pose rapide de la tente et la dégustation du fameux St Estephe en face des gaz s'échappant des entrailles de la Terre.

La nuit sera difficile pour moi, maux de tête, surement dus au souffre ambiant, et maux de dos dus au roulement de Clairette sur moi toute la nuit, la tente étant légèrement en pente.
Peu importe les petits désagréments, le spectacle est à la hauteur des espérances et s'offre en grandiose récompense.

C'est ensuite vers Bali que nous nous envolons, histoires de dire puisque nous ne prenons pas l'avion et que nous ne sommes pas Garuda.
Nous avons pour ambition de nous arrêter a Pulau Menganjan pour nager dans ses eaux tropicales fourmillantes de poissons et coraux multicolores.

Nous nous arrêtons a l'entrée du parc national pour prendre les informations concernant l'accès de cette ile, et nous apprenons que l'unique moyen de se rendre au paradis, c'est de louer son propre bateau. Cela nous gène, éthiquement parlant. Un bateau entier pour nous. Nous ne sommes que deux, et nous prendrions un bateau qui pourrait contenir au moins 15 personnes. Encore une fois peu importe les conséquences environnementales, ce qui prévaut, c'est l'argent. Et de toute façon, le prix de la location est bien trop élevé pour nos budgets serrés.

Mais au moment ou nous nous apprêtons à partir, nous rencontrons un groupe de brésiliens d'une dizaine de personnes affrétant une de ces embarcations. Nous tentons une approche et réussissons à joindre l'expédition, pour notre plus grand bonheur.

Nous rentrons sur le continent, ou plutôt sur la plus grande ile qu'est Bali, et nous partons à toute vitesse chercher nos sacs à dos pour ensuite gagner Lovina. Nous avons appris que le lendemain est le « quiet day », c'est-à-dire un jour ou il est interdire de faire du bruit, mais plus que cela, il est interdire de sortir, d'allumer les lumières, d'utiliser un quelconque appareil, il est même interdit de vivre, enfin presque. Et l'on vient d'apprendre que les bus s'arrêtaient des cet après midi, 17h. Et il est 17h. Nous sommes emmenés par les sympathiques gérants du resto du parc pour revenir à l'hôtel, nous attrapons nos sacs et partons immédiatement attendre un quelconque moyen de transport sur la route. A peine 15 minutes plus tard, une voiture s'arrête et nous prend en stop. Le conducteur, musulman, est adorable. Il nous propose à boire, à manger, et nous papotons du mieux que nous le pouvons, à l'aide de mon petit dictionnaire. La discussion devient difficile quand la nuit approche, je ne lis pas très bien dans le noir. Nous croisons bons nombres de groupes joyeux paradant sur la route transportant de gros pantins monstrueux, destinés à faire fuir les mauvais esprits. La foule qui envahie la rue nous fait comprendre pourquoi la circulation des bus était arrêtée. Notre chauffeur, bien qu'aimable, n'a pas l'air de trouver ces manifestations et le fait d'être enfermer le lendemain d'un œil bienveillant. Et on le comprend facilement. Une religion qui s'impose comme une obligation pour tout le monde va a l'encontre de la liberté de choisir son Dieu. Doit-on tous faire le ramadan ? Doit-on tous aller à l'église le jour de Noel ? Doit-on tous rester enfermer chez soi le jour ou les hindous nous disent de le faire. Il le faut bien, la police patrouille nous dit on, et elle se fait un malin plaisir à verbaliser les récalcitrants, surtout s'ils sont touristes et qu'ils sont censés avoir plein de soussous dans la popoche. Ahhh, religion, quand tu nous tiens !
Toujours est-il que grâce à notre bon homme, nous arriverons à destination ce soir. Merci ! A Lovina, nous recroisons un couple de français que nous avons rencontrés à Bromo. Nous conversons et décidons d'aller acheter quelques alcools pour aller les déguster sur notre terrasse, car nous avons dans notre hôtel, chose rare, une terrasse et même une piscine. Voila un luxe qui nous plaira demain. Nous discuterons longtemps, pensez-vous ! Elle a voté pour Sarkozy et continue à dire qu'elle ne pouvait pas faire autrement. Il est écolo, mais continue à prêcher pour cette économie de marché qui sied si bien à la nature, économiste de formation qu'il est. Y a de quoi me chauffer les sangs et me tenir en haleine pour quelques heures ! A 4h du matin, nous nous quittons, je réalise enfin que depuis 4h c'est le « quiet day », que nous avons bafoués non intentionnellement. J'éprouve pendant un instant un peu de remord pour ce manque de respect, mais me reprend vite en me disant qu'il n'y a pas a avoir de regret pour un système tyrannique qui impose a toute la population les croyances religieuses de certains. Je refoule mes remords pour ceux que l'on a empêché de dormir, tout simplement.
La fameuse journée étant passée, nous enfourchons un bolide à 2 roues et à pédales pour déambuler dans les rues avoisinantes. Mais les voitures et motos trop nombreuses, encore une fois, gâchent notre plaisir.

Nous nous arrêtons souvent pour contempler temples, rizières, plages et autres délices visuels.

On s'arrête dans un petit boui-boui, la faim monte vite à bicyclette. La petite échoppe de rue semble populaire.
« Coucou, ca sent bon ! Est-ce qu'on peut en avoir une assiette chacun. »
« Non, non, non ! »
« Heu… why? No comprendo. »
« Duck ! Duck ! »
« Ah, du duck ! Parfait, ca me va ! »
« Non, pas duck ! Dog ! wouf, wouf ! Dog !!! »
« Heu... (Oui, je fais beaucoup heu. Mais c'est pour faire plus français) Ok, on va trouver autre chose. »
Je me serais bien laissé tenter tout de même, histoire de gouter, de savoir, mais Claire ne le sent pas trop. J'imagine qu'elle ne pourrait pas avaler une bouchée sans penser à Cayenne, sa petite boule de poil préférée. Tant pis, nous trouverons autre chose.
Nous voulons camper une nouvelle fois sur un volcan.

Nous y allons, arrivons tard et profitons d'un bain public de source d'eau chaude. Nous voulons partir au lever du soleil, mais nous apprenons par de multiples personnes que la route est parsemée d'obstacles. Lesquels ? Humains, ca promet ! Un groupe de guides essaie de bloquer le passage aux voyageurs indépendants en les menaçant... Une vraie mafia apparemment. Nous n'expérimenterons pas le phénomène car nous resterons sous la couette, la fatigue bien évidemment.
Bien reposés, nous partons pour Kuta, aux pieds de l'aéroport international de Bali. Les plus beaux oiseaux finissent toujours par s'envoler. Cette ville semblait une bonne destination pour profiter un peu des belles plages balinaises. Mauvais choix, la plage est peut être correcte, mais le reste n'est pas très emballant. Magasins à gogo, boite de nuit à gogo danseurs crachant du son dans les oreilles innocentes. Les locaux sont changés par l'appât du gain. Ils harcèlent à longueur de journée tous passants pour des produits suspicieux. Les échanges ne sont plus que commerciaux, pas une seule fois nous rencontrerons un balinais ici qui serait tente de discuter. On ne peut pas leur en vouloir. Nous autres touristes, nous leur avons bien montré qu'ils ne nous intéressaient pas. Tout ce que nous voulons, ce sont des vêtements, des objets, des guides, des porteurs, des cuisiniers, des conducteurs, des filles, des trop jeunes filles, des drogues... Alors comment voulez vous qu'ils nous respectent ?
Avec le temps, va, tout s'en va. Alors ma biche s'en va et me laisse tout seul dans cet environnement hostile. Snif ! Je marche seul.
Le défi à présent est d'obtenir des informations sur le visa des Philippines. Les agences de tourismes qui peuplent les rues sont des leurres destinés à vendre des voyages organisés, passé cela, ils ne connaissent rien. On me dit d'aller voir l'immigration à l'aéroport, ce que je fais immédiatement. De la, ils m'apprennent qu'il y a un consulat ici même, à Bali. Surpris, je n'en ai pas eu vent dans mes recherches, mais ravi, ceci veut dire que je peux faire les démarches rapidement. Je téléphone aux renseignements pour en connaitre le numéro, on me dément cette info, pas de consulat à Bali. Puis j'essaie de joindre l'ambassade des Philippines à Jakarta. Bien sur on ne me répond pas tout de suite, on me fait patienter. Puis on me dit de rappeler dans 20 min. A la deuxième tentative, on me dit de rappeler dans 10 min. A la troisième tentative, on me dit de rappeler dans 10 min. Je commence à manifester mon impatience, dans le vent puisqu'on a déjà raccroché à l'autre bout du fil. Donc je rappelle dans 10 min, ca ne répond pas, j'attends 5 min, et je retombe sur le même mec qui me dit de rappeler dans 5 min. Je vais pour lui crier dessus, lui casser ses oreilles de cochon, me casser la voix, mais il a déjà raccroché. Seuls les passants ont entendu mon énervement. Alors je veux juste l'appeler pour le traiter de fils de chien, influencé comme je suis par mes lectures. En ce moment c'est Mr Ahmed de Naguib Mafouz qui traite tout le monde de fils de chien, même sa propre marmaille. Mais ils ne répondent plus. J'abandonne dépité.
Une idée me vient à l'esprit, il était temps ! Plutôt que de retourner à Jakarta, une ville qui m'a déplût, j'irai à Surabaya, une autre grosse ville polluée, certes, mais une ville que je ne connais pas et qui donc pourrait se révéler agréable en surprise. Je telephone au consulat des Philippines la bas, une personne agréable décroche tout de suite, poliment, puis répond à mes questions, chose rare. Je me sauve donc par le bus de nuit. Arrivé au petit matin, je suis surpris par l'accueil des indonésiens. On ne me crie pas dessus pour que je monte dans leur taxi, ou que j'aille dans tel hôtel, on m'indique le bus local des la première demande, on me dit le prix local... Apres Bali, c'est un soulagement. Retour à la réalité. Non, les indonésiens ne sont pas tous des voleurs. Sauf à Bali ou Le commerce touristique poussé à son extrême a créé un environnement malsain porté uniquement par le bénéfice. Jamais à Bali, un indonésien ne m'a aidé sans vouloir une contrepartie, m'a répondu franchement quand je voulais avoir une info. Du coté des touristes, je n'ai rencontré que des individus venus pour la fête et le surf... Les 2 parties n'échangent qu'argent et service, et cela leur convient. Piètre résultat ! Le mécanisme est le même dans tous les pays. Les touristes étrangers se désolent souvent de l'accueil des parisiens et des gens de la Côte d'usure. S'ils passaient leurs vacances un peu plus dans les régions rurales ou dans les montagnes, ils verraient bien que les français sont ouverts et chaleureux? Bon, les français c'est un mauvais exemple...
C'est donc le croissant aux lèvres que j'aborde cette journée. Je me précipite vers le consulat, avec l'aide de mes 2 pieds tout terrain. J'arrive au bout d'une heure de recherche à l'adresse indiquée, mais je me retrouve devant une maison familiale avec un petit portail en bois. Rien à voir avec un consulat typique entouré de gardes armes, barbelé et sas de sécurité. Zut, internet m'aurait-il trompé ! Pourtant le numéro de téléphone était correct. Je continue un peu plus loin et revient sur mes pas bredouille. C'est en revenant que je remarque sur le toit de la maison un petit drapeau philippin. C'est donc cela le consulat ! Excellent ! Pas d'interphone, je pousse le portail qui grince. Je n'ose pas entrer comme cela, mais il le faut bien car il n'y a personne. Je frappe à la porte et j'entends un chien me répondre. Bizarre, on dirait vraiment un foyer. Un petit vieux m'ouvre la porte. Est-ce bien le consulat ? Oui bien sur, entrez ! Mais c'est aussi son logement. Je rentre, m'installe sur une chaise de son salon. Il me propose le café, puisque c'est le matin et que c'est son heure. Bah d'accord, merci ! Joli salon, mais c'est un vrai bordel chez lui, on dirait chez moi ! Puis il ne fait pas très diplomate avec son t-shirt tellement sale qu'il ressemble à un mécano, ses cheveux en pétard du réveil. On dirait moi. Voila bien une fois ou je ne fais pas pouilleux par rapport aux Mr costard de la diplomatie. J'aime. Entre 2 papotages, je lui transmets mes papiers. Ou sont les siens, il ne le sait guère dans toutes ces piles éparpillées sur son bureau. Un coup de vent emportent quelques feuilles au loin, je vais lui épargner les douleurs du dos que le temps lui a fatalement transmis et me lève pour aller les chercher, alors le chien veut jouer avec ma personne. Ca change des portiques de sécurité et des tronches de cake que l'on rencontre dans la plupart des ambassades. Il faut tamponner, il est où mon tampon ? Et l'encre, que même celle des instits français, elle est plus jeune. De ses mains tremblantes, Parkinson guettant, il essaie de me coller le visa sans dépasser. J'ai bien envie de l'aider mais ai peur de le vexer, alors je me tais.
Au bout d'une heure, je repars le visa en poche et la tête à imaginer les ambassades du monde entier sous ce modèle, tellement humain. Je redescends vite sur Terre, noyé par les fumées toxiques des pots d'échappements, abrutis par les pétarades des mobylettes et les klaxons des gros engins, évitant du mieux que je peux les bolides en actions car les trottoirs sont un luxe ici comme ailleurs. Je me dirige vers une librairie qui est distante de 500m sur le Lonely Planet. Plus d'une heure de marche sur le bitume, et plus de 5km parcourus, je trouve enfin mon bouquin. Et oui, la bible des voyageurs a le bénéfice d'avoir de nombreuses cartes, mais souvent inexactes. On ne s'en formalise guère quand on voyage en taxi, mais à pieds c'est une autre paire de manches, ou plutôt de chaussures !
Cette librairie se situe dans un grand complexe commercial. En passant devant une vitrine de magasin, je remarque que le mannequin en plastique s'est mis à bouger. Hallucination ? Non, c'est simplement le nouveau plan marketing : emprisonner des belles femmes sous glace pour que les consommateurs se ruent sur la marchandise...
Aucun problème de conscience, ca fait du boulot pour les blaireaux, alors ils ne vont quand même pas se plaindre ! C'est comme cela que l'on partage les richesses.

Pour la nature, pareil ! Dans un aquarium ou dans un zoo tout ca ! De toute façon, les animaux s'emmerdent dans la nature, et puis c'est dangereux la bas, alors finalement, on leur fait un cadeau ! Ici, ils sont nourris, protégés. Et puis ca fait plaisir aux riches de voir un bébé requin dans un petit aquarium avant d'aller s'acheter des chaussures en peau de croco.
Je prends le lendemain le train de nuit pour revenir à Jakarta, c'est toujours un exercice fatiguant de passer la nuit dans un wagon sale, fourmillant de cafards silencieux et d'humains gueulards, aux odeurs de toilette aigues car le ratio est de une pour cent cinquante vessies. Mais c'est aussi une expérience à ne pas manquer car il y règne souvent un esprit de fraternité qu'il fait plaisir de retrouver. L'Indonésie se compare à l'Inde dans ce domaine.
Un tres beau pays, plein de couleurs et de sourires. J'y reviendrai, mais pas à Bali !