Me voila arrivé dans les iles du roi Philippes, le tout puissant roi d'Espagne qui régnait à l'époque de la découverte de cet archipel par les espagnols. « Regardez ! Des iles vierges, elles ne sont à personnes, des iles paradisiaques sans âmes qui vivent ! Pardon monsieur, poussez-vous, vous êtes sur mon ile ! Et puis vous êtes tout nu, donnez lui des coups de fouet pour lui apprendre les bonnes manières et lui faire connaitre la bonté de Jésus Christ ! » La civilisation commence enfin dans ces iles de sauvages.
A peine ai-je posé le pied à Manille, que je la sens bien cette civilisation humaine. Des milliers de voitures, du béton partout, l'air est embaumé des effluves de pétrole en combustion et des égouts, les gens se ruent dans les magasins pour s'acheter pleins de trucs inutiles civilisés. Pas un oiseau à écouter, pas de bruissement de feuilles, pas de Woody woodpecker... juste des bruits de moteurs, de marteaux piqueurs. On se sent vivre, ah que c'est bon ! J'aime l'humanité et ce qu'elle a fait de notre monde...
Je me sauve sans plus attendre vers le nord pour une petite balade sur le volcan Pinatubo, qui s'est réveillé en sursaut en 1991, détruisant villages et paysages sur son passage. De nos jours, il se repose, guettant le retour des américains pour reprendre sa fureur.
A peine arrive à Olongapo, dans la baie de Subic, je remarque encore une fois que les plus grands dégâts causés à ce pays ne sont pas dus à la nature, mais bien à cette satanée espèce humaine, représentée à l'occasion par l'occupant américain. Cet endroit est une ancienne base militaire de l'oncle Sam, la dernière à quitter le territoire philippin en 1992. Bien évidemment, on ne laisse pas les gentils militaires sans quelques femelles pour s'occuper, donc à l'image de la Thaïlande, ils en ont fait un des plus grands bordels du monde. Aujourd'hui les responsables sont partis, mais heureusement le tourisme prend la relève. On peut être rassuré pour toutes ces femmes, qui s'il n'y avait pas les pervers du monde, n'aurait plus d'emplois, car c'est bien le plus important, non ? Avoir un emploi, quelque soit le job (avec mauvais jeu de mots). Cirer les bottes, nettoyer les toilettes, être un esclave (pardon ca m'échappe à chaque fois), un travailleur au service d'un plus riche pour assouvir ses vices, le conduire, lui faire a manger, s'occuper de ses enfants, lui manicurer ses doigts de pieds crottés, lui épiler les parties intimes et pourquoi pas, un jour, lui essuyer les fesses. Ca viendra et ca fera baisser le taux de chômage. Bref, je diverge. Et diverge pour un seul homme, c'est beaucoup trop ! Pour une travailleuse de Subic, c'est le service minimum si elle veut faire survivre sa marmaille et éviter les sévices de l'employeur, toujours très soucieux de ses employées dans ce genre de marchandage. J'espère qu'ils ont reçu une aide du gouvernement pour résister à la crise de la consommation survenue en 1992 quand les américains sont partis, à la manière de nos banques d'aujourd'hui qui se sont vues aidées au delà de leur espérance.
Triste théâtre de tragédie humaine, je constate encore une fois la bonne santé de nos valeurs morales, garantes de notre supériorité sur toutes les autres espèces animales et végétales.
Je me trouve une petite bouteille de gaz butane et quelques ingrédients pour mon indépendance culinaire, et en route vers le départ de la randonnée, à 50 km de la.
Elle commence par la traversée d'un lac tout nouveau, créé à l'époque de la coulée de lave qui bloqua la rivière et engouffra les maisons des villageois. Je ne le vois pas, mais le clocher de l'ancienne église est apparemment visible à la surface du lac. La barque bus me dépose et c'est parti pour la traversée du désert. Quand t'es dans le désert, depuis trop longtemps... Je découvre des villageois coupés du monde, les quelques indigènes rescapés, premiers habitants de l'archipel et premiers pauvres du pays, comme c'est souvent le cas dans les pays colonisés. Ils sont vraiment physiquement différents de la majorité de la population philippine. Plus petit, très foncés de peau, les cheveux crépus, les femmes ont souvent la coupe afro, j'adore. Certains hommes portent encore un petit bout de tissu pour se camoufler le bijou et rien de plus. Leur visage n'est pas du tout typé asiatique, plutôt africain. Très souriants, ils ont l'air de se moquer de mon apparence différente en me donnant des coups de poings amicaux de taquineurs sur le bras. Ils ne doivent pas voir beaucoup de blanc par ici.
Puis je rencontre un uluberlu qui veut être mon guide à tout prix, comme je refuse, il essaie de me faire peur en me disant que les locaux tuent pendant la nuit les étrangers... même pas peur que je lui dis. Mais la nuit arrivant, les bruits ne me rassurent pas.
Au petit matin, c'est reparti, le cratère en ligne de mire. Mirage, ce volcan s'avère être. Les moussons successives ont creusé dans la coulée de lave friable un vrai labyrinthe. Je m'engage dans une voie, pour me rendre compte au bout d'une heure et demie qu'elle est sans issue. Je reviens sur mes pas, croise des villageois qui m'indiquent la bonne piste. J'y vole, heureux d'avoir eu sur mon chemin ces aimables individus. Mais ce chemin se démultiplie, faute de conseil, je teste une, deux, puis trois voies.
Toutes sans issues. Je n'avais pas prévu ce genre de terrain, il est impossible de grimper sur les sommets pour se rendre compte du chemin, les roches sont friables et ne résistent à aucune pression...
Les cours d'eau bloquent le chemin. Je prends soin au début de retirer mes chaussures de marche à chaque passage de rivière, mais au bout de 10 déchaussages, je me décourage et traverse chaussé. Ca fait schplok à présent. Mes grolles sont tellement usées et trouées qu'à chaque pression, des jets d'eau sortent par les ouvertures tel le ferait un arrosoir. Deux cours d'eau se rejoignent, une source froide, l'autre chaude. Comme il fait 40 degrés, je ne profiterais pas de la joie des sources thermales et me contente d'un bon bain frais. Je décide ensuite à regret d'abandonner et de rebrousser chemin. La journée fut longue, lever 4h30 du matin, après un bon petit déjeuner, je n'ai cessé de marcher pour tenter d'arriver sur le cône volcanique avant le coucher du soleil. Je rentre broucouille et le plus rapidement possible pour arriver avant la nuit, ne prenant pas le temps de me nourrir. La lutte contre la montre est difficile, mon corps faiblit, il a besoin d'énergie, mais je ne l'écoute pas, le soleil ayant déjà disparu à l'horizon.
Il est 21h, et je marche dans le noir, ma lampe torche ne fonctionnant plus. Toujours vers l'ouest, c'est la que se trouve le village. Je n'ai plus d'eau depuis un bon moment et mon corps crie de douleur sous l'effort et le poids de mon sac a dos. Mais ou donc est ce village ? Et ma bonne étoile ? Je vois une lumière, des gens sont regroupés devant une maison, je vais demander mon chemin. « Mais entre donc manger un peu, tu veux rentrer au village, pas de problème, j’y retourne après le repas, je t'y amène. » « Alléluia ! » Je suis tombé sur un regroupement de croyant de l'église anglicane. Finalement, c'est le prêtre venant d'Afrique du sud qui me ramène. Il me convainc à passer chez lui pour prendre une douche et me reposer pour la nuit. Je rencontre sa femme, 30 ans de moins, et leur fille. En arrivant a son domicile, nous passons devant de nombreux bars aux mœurs douteux, ils me confient qu'il y a goûté, mais que cette fois c'est fini, il est revenu dans le droit chemin, celui de dieu, qui a été bon avec lui malgré toutes les bêtises qu'il a faites dans sa vie. Pourtant, il me dit : « Les filles a Olongapo, elles sont trop chères, elles demandent 3000 Pesos. Ici, c'est plus correct, c'est 1500 Pesos... » Je commence à regretter d'avoir accepté son invitation. Il me parle aussi de tous ces vieux blancs qui viennent prendre pour épouse de jeunes philippines, sans amour, juste pour la beauté du corps qu'eux non plus. Mais il est dans la même situation, je le lui fais remarquer. Oui, mais moi je l'aime. Est-ce réciproque ? J'en doute, mais je le garde pour moi.
Le lendemain, alors qu'il va prêcher, il me dépose à San Marcelino pour que je puisse assister aux défilés du good Friday. Quel triste spectacle ! Des jeunes hommes philippins, par centaines, se sont entaillés le dos au cutter, pour ensuite se flageller pendant des heures. Le sang gicle, aspergeant voitures, murs, bibles et passants. J'essaie d'éviter les gouttes du mieux que je peux mais c'est impossible.
Certains sont déguisés en Jésus, portant la croix, d'autres en romains, frappant réellement et fortement sur les fils de Dieu à coup de bottes et de poings. Mise en scène affligeante censée absoudre les pêchers des volontaires à la boucherie. Les hormones males dans toute leur splendeur !
Dans certaines villes, ils se crucifient et restent cloués sur leur croix toute la journée au soleil. Les fous de Dieu font peur. Un type me remarque, me montre du doigt : « Hey, you look like Jesus Christ !!! » Zut, va falloir que je me rase, dans ce pays ultra chrétien. Le jour ou les hallucinés se déguisent en Jésus et se crucifient, il ne fait pas bon être son sosie.
Je prends ensuite un bus de nuit pour Baguio. Comme c'est pâques, les vacances sont la et les touristes aussi, la ville est remplie de locaux vacanciers faisant la queue pour avoir la folle chance de faire du pédalo sur le petit lac artificiel de la ville. Les parcs sont complètement envahis par les pic-nics sauvages.
A la suite d'une longue journée de marche à travers the concrete jungle, je rentre vers mon lit prometteur de repos. L'hôtel trouvé est bon marché, mais en contrepartie, il est miteux, bien évidemment, et il se situe dans un quartier peu recommandé par Mme de Fontenay. Il faut passer un pont pour y arriver. En descendant les marches, deux individus me remarquent et changent brusquement de direction, comportement suspect. L'un monte les marches pour aller à ma rencontre et l'autre se poste en bas. Arrivé à ma hauteur, il me coupe le chemin et essayant de me faire un traitre croche pied pour que je m'affale lamentablement. L'ayant vu venir de loin, j'étais sur mes gardes, je saute tel un petit cabri au dessus de son piège et le regarde, faisant semblant de défiance. Je m'insinue dans l'entrée de l'hôtel rapidement. Ouf ! Je prends la clef à la réception et monte rapidement me refugier au 5e étage, dépassant moultes gens du soir au triste regard abimé par la vie. Des prostituées sont postées à chaque étage, prêtes à bondir, je ferme mes oreilles et m'enferme. Hop au lit, je me lève dans 5h pour attraper le premier bus en direction des fameuses rizières en étages du nord du Luzon. Mais je ne peux m'endormir, ce taudis est en vie et en bruit. Vers une heure du mat, quelqu'un essaie d'ouvrir ma porte, la trouvant fermée, il se sauve en courant... vivement que la nuit se termine.
Dans le riz jusqu'au cou. J'exagère, jusqu'aux genoux.
Premier jour à découvrir cette culte culture aux alentours de Bontoc.
Deuxième jour à Sagada serpentant les collines pour des vues imprenables et recherchant les cercueils cloués au ciel.
Mais que font-ils là-haut ? Impressionnant ! Mais pas très pratique.
Certains sont tombés des cieux, brisant le coffre, laissant aux curieux l'occasion de voir la mort de plus près.
Certains sont tombés des cieux, brisant le coffre, laissant aux curieux l'occasion de voir la mort de plus près.
Troisième jour à m'ébahir devant ce patrimoine de l'humanité : Batad, vieux de 2000 ans, une belle histoire.
Mais cette ville est victime de son succès. L'industrie touristique est présente, et elle œuvre à faire le plus de bénéfice et... bah finalement, rien d'autre. Pour aller aux fameuses terrasses par les transports en commun, et bien c'est simplement impossible. Il y a des liaisons seulement l'après midi, trop tard pour visiter. Pourquoi y a-t-il des liaisons de jeepneys l'après midi et pas le matin ? La réponse est élémentaire mon cher Voltaire. Pour que les nombreux touristes présents ne prennent pas des transports en communs qui seraient moins chers et qui rapporteraient donc moins d'argent. Grace à ce système, chaque touriste loue sa propre voiture. Certains tout de même arrivent à se mettre en groupe et loue une voiture pour 4 ou 5 par exemple. Bravo ! Mais dans un jeepney, on met facilement 30 personnes, plus si on se serre et que l on monte sur le toit comme le fait tous les jours Mr Philippes. Les transports en communs auraient un effet moins néfaste sur l'environnement. Mais à choisir entre la nature et le pognon... C'est partout pareil, n'est ce pas ? Le trajet jusque Batad est de 16km, je me les taperai à pied. Pendant mon parcours, je ne croiserai bien sur aucune autre personne marchant, et compterai 25 véhicules motorisés transportant en moyenne 2 touristes. 2 jeepneys auraient fait l'affaire, mais c'eut été contre les affaires. Par contre il y a une taxe environnementale... La journée fut longue et fatigante, mais le spectacle exceptionnel méritait cet effort. Et la récompense prend plus d'ampleur avec les courbatures.
Mes parents arrivent demain à Manille. Vite, je saute dans un bus de nuit. Arrivé au petit matin, je pérégrine à travers la capitale en attendant l'atterrissage des ainés.
Nous partons le soir même vers Legaspi pour s'émerveiller devant le majestueux volcan Mayon, et vers Donsol pour rendre un rêve réalité en nageant avec les requins baleines. Comme c'est la deuxième nuit d'affilé que je voyage dans un bus de nuit, le sommeil me gagne rapidement. Mais alors que je viens à peine d'arriver dans les pays féerique des rêves, je le quitte en sursaut quand un énorme fracas retentit. Je sens le bus qui vacille et des bouts de verre qui voltigent. Je crois l'espace d'une seconde que nous sommes en plein accident. Mais je sors de mon coma et réalise qu'une pierre de la taille de mon poing est responsable des dégâts. Un petit malin assassin en voulait peut être à cette compagnie de bus, ou bien il a juste voulu fracasser la tête d'un innocent passant, une envie de meurtre anonyme. Toujours est-il que l'objet identifié n'a heureusement touché personne. Mais nous voyagerons à présent, mes parents et moi, en luttant contre le sommeil et les bouts de verres puisqu'ils proviennent de la vitre qui nous est voisine. Le conducteur scotche une partie de la vitre pour qu'elle tienne en place puis continue son chemin. Pourquoi pas toute la vitre ? Le résultat attendu arrive, 10 min plus tard, la vitre en morceau s'affale sur moi. Je me nettoie du mieux que je le peux au prix de quelques coupures. Le voyage continuera sans la vitre, mais avec la myriade de bouts de verre qui se détachent des bords et s'envolent quand le bus prend de la vitesse. Une nuit blanche assurée. Et mes parents qui s'inquiétaient de savoir si ma façon de voyager pouvait leur convenir. Cela commence mal.
Nous nous arrêtons fatigués au petit matin à Daraga pour visiter 2 églises aux abords du Mt Mayon. La première n'est plus qu'une ruine puisqu'elle fut recouverte par les laves de ce dernier. Mais l'environnement est splendide, le cône volcanique parfait.
Puis nous continuons notre chemin pour aller voir les plus gros poissons du monde. Je commence par une plongée dans le Manta Bowl, et je vois Oh ! Surprise ! Une raie Manta. Je bats des bras comme elle pour la saluer.
Ensuite nous partons en bateau pour aller nager avec les requins baleines. La cote grouille de ces spécimens en cette saison. Nous pataugeons avec 7 de ces géants des mers, certains font 10m de long. Ils sont difficiles à suivre, mais si on ne leur saute pas dessus, on peut quelques fois nager pendant 5 min à leur coté.
C'est une expérience grandiose, on se sent tellement petit et émerveillé. Mais cette chance est à gérer avec attention. Ce site a été découvert récemment, il y a 10 ans de cela. Les philippins ont fait de ce village de pécheurs, un village de touristes. A présent, les villageois ne chassent plus le requin baleine, ils la mettent en scène. Un souci de préservation semble mener le projet. Chaque jour, un nombre limité de bateaux prennent le large à la recherche de ces gros requins inoffensifs. Que deviendront ces quotas quand le nombre de voyageurs se multipliera dans cette région ? La pression financière en aura-t-elle raison ? La raison voudrait que oui, car si les requins baleines ne sont pas respectés dans cet environnement, ils ne reviendront plus dans le futur et l'emploi de ces anciens pêcheurs, nouveaux apprentis touristiques, ne sera plus assuré. Malheureusement l'histoire nous montre tous les jours que la raison fait rarement le poids face aux profits immédiats. Tous les conducteurs de bateaux ne sont pas aussi bien formés qu'il le faudrait. Des plongeurs rencontrés m'assurent que beaucoup de ces gros poissons ont des cicatrices, ils sont entaillés par les hélices des bateaux qui les poursuivent avec acharnement. Sans parler des touristes qui se jettent littéralement sur ces merveilles de la nature pour les toucher, chose à ne jamais faire, sous peine de les contaminer avec nos germes redoutables. Bref, un moment merveilleux à consommer avec beaucoup de modération et de précaution.
Nous revenons sur Terre pour repartir de nuit vers Manille, étape obligée pour ensuite nous rendre dans les splendides iles de Palawan. Difficile de trouver sur Terre de plus belles plages. Il y a 1700 iles en tout dans les Palawan, un bon nombre de celle-ci sont tout simplement des petits paradis inhabités. Nous passerons la une semaine à sauter d'ile en ile, foulant le sable blanc aux pieds de falaises volcaniques aux arêtes tranchantes. Des fonds marins magnifiques viennent parfaire le tableau : tortues, requins, arc en ciel de poissons et de coraux.
Dinner sous le coucher de soleil a Coron
Les images parlent d'elles meme, on se la coule douce dans les Palawan
Mouais, juste un gros coup de pub.
Le temps passe vite à profiter d'un cadre exceptionnel. Le moment du retour vers l'aéroport arrive. Nous voyagerons sur le toit de la jeepney pour un point de vue exceptionnel, une première pour mes parents et une expérience à ne pas rater ici.
Apres tant de belles plages, le retour à Manille est difficile. Mes parents doivent repartir vers Paris, prêt pour attaquer le travail avec un peu plus de soleil sur la peau et dans le coeur. A bientôt la famille, ce fut un excellent moment passé ensemble.
De mon coté, je pars pour les Visayas. Première étape, Puerto Gallera, lieu dédié à la plongée. Sur le papier oui, mais en réalité, la population qui se rue sur ce bord de mer y vient pour d'autres motifs moins marins, pour des sirènes dansantes nues sur des comptoirs sombres et glissants, car inondés par la bave des crapauds. Les touristes étrangers sont bien sur une clientèle fidèle, mais les philippins aussi sont friands de ce genre marchandise. La chaire humaine est à vendre ! Mais ne nous étonnons pas, tout est à vendre, c'est bien le mot d'ordre de notre société, alors pourquoi faire semblant d'être offusqué ?
Dans ce lieu de perdition, je me trouve un petit logis chez l'habitant ou je peux profiter d'une cuisine. Je file m'acheter les ingrédients de mes favorites bretonnes. Il manque un peu de cidre en accompagnement, mais le festin reste inoubliable.
Je pars ensuite vers Boracay, censée être la perle des Philippines. Quand on voyage ici, on nous pose toujours cette question : « Alors Boracay, tu as été ? Non ? Il faut que tu y ailles ! » Alors j'y suis allé, je suis un bon élève et j'écoute ce qu'on me dit de faire. Et bien, c'est vrai, c'est pas mal.
Mais bon, je deviens difficile, après les plages de Palawan, Boracay semble juste bien, pas exceptionnelle. Je m'en contenterais ;) Je trouve heureusement de ci de la sur cette petite ile quelques villages de pêcheurs pour contrebalancer les villas.
Ma prochaine destination est Iloilo. Mais le vélo que je voulais louer afin de faire le tour de l'ile avoisinante ne se trouve pas. Seulement des motos, la transpiration n'est pas à la mode d'aujourd'hui. Pourquoi vouloir utiliser nos muscles quand on peut se la couler douce grâce à Exxon et Total ?
Tant pis, je traverse le détroit qui me sépare de l'ile Negros. Une randonnée volcanique m'attend là-bas. J'arrive à Bacolod pour prendre le permis, on me reçoit en me disant qu'un guide est obligatoire. La chance ne me sourie pas. Ce n'est pas pour moi, merci et au revoir, je continue donc ma route.
Prochaine étape, Dumaguete et l'Ile d'Apo, qui est un petit paradis sous marin. 3 jours sous les mers, c'est peu comparer à Jules Vernes, mais c'est assez pour se remplir la tête de merveilles et assurer des beaux rêves pour les prochaines semaines.
La murène épie l'étrange individu qui s'approche de son territoire.
Puis cap sur Siquijor, l'ile des sorcières ! Je n'en ai pas vu, mais apparemment la sorcellerie est toujours pratiquée en cette terre mystérieuse. Une petite ile de conte de fée. Une autre specialite de l'ile est l'elevage de coq de combat, des jardins remplis de reveils matin.
Je cherche un vélo pour faire le tour, et devinez quoi ? Il n'y en a pas. Tant pis, je ne peux pas capituler à chaque fois, j'opte pour la moto. L'ile est peu visitée, alors les gens sont restés simples et vraiment très sympathiques. Il m'a fallut répondre « hello » plusieurs centaines de fois. On le fait de bon cœur puisque c'est dit avec le sourire.
Aux heures les plus chaudes, je me rafraichis à la rivière d'une couleur merveilleuse.
Aux heures les plus chaudes, je me rafraichis à la rivière d'une couleur merveilleuse.
J'y rencontre une famille qui veut tout savoir sur la France. Je leur raconte ce que je peux. Ils me proposent de partager leur repas, puis la maman me propose sa fille. « Heu... elle a 12 ans votre fille, » lui fis-je remarquer. « Oui, mais c'est déjà une femme ! » « Je vous crois sur parole, mais non merci, je suis déjà marié ! » Malheureusement, il y en a plus d'un qui se serait jeté sur l'occasion. Un de mes maitres de plongée, 50ans, à Puerto Galera me disait autour d'une bière : « J'adore les Philippines ! Les femmes sont belles, il fait beau, pas étonnant que je vienne passer ici 6 mois chaque année. Et puis chaque jour, une nouvelle, elles ne coutent pas chères. Tiens, voila mon entremetteuse. Qu'est ce que tu as pour moi aujourd'hui ? 16 ans ? Ah non, trop vieille, je préfère les jeunes je te dis ! » Mhhh, voila une facette des Philippines qui est dure à avaler.
Hisseo, matelo, Bohol a l'horizon! Cette ile est riche en beauté, me dit-on. Tout d'abord je visite les vestiges coloniaux aux alentours de Tagbilaran. Ici une route dont on arrêta brusquement la construction. On remarqua juste à temps qu'il y avait une église sur le chemin de la route, comme dirait mon cher Francis Cabrel. Ah des fois, je vous jure...
Elles sont belles, mais je m'aperçois que c'est un parc touristique peu propice à un camping tranquille.
Tant pis, je me sauve rapidement vers l'ile Camigiun, aux multiples volcans et donc remplies de possibilités pour les randonneurs. J'arrive trop tard pour attraper le bateau de la journée, alors j'attends dans ce village tranquille et isolé pour embarquer le lendemain. Mais finalement, le bateau ne partira pas, une inspection surprise, justement le jour ou il n'y a qu'un bateau. Les autres jours, ils sont deux à prendre le large. Une inspection les autres jours aurait permis aux passagers de pouvoir embarquer sur l'autre bateau. Tant pis, le pays est rempli de possibilités, je prendrai donc le premier bus pour l'est de Bohol. Je rencontre alors Gabriel et Kyoko, un sympathique couple suisse-japonais, et nous nous dirigeons ensemble vers Anda, une plage isolée. A coup de bus et d'auto stop nous arrivons en lieu dit et plantons la tente au bord de la mer. Ahhh, ca fait du bien de revenir chez soi.
Tant pis, je me sauve rapidement vers l'ile Camigiun, aux multiples volcans et donc remplies de possibilités pour les randonneurs. J'arrive trop tard pour attraper le bateau de la journée, alors j'attends dans ce village tranquille et isolé pour embarquer le lendemain. Mais finalement, le bateau ne partira pas, une inspection surprise, justement le jour ou il n'y a qu'un bateau. Les autres jours, ils sont deux à prendre le large. Une inspection les autres jours aurait permis aux passagers de pouvoir embarquer sur l'autre bateau. Tant pis, le pays est rempli de possibilités, je prendrai donc le premier bus pour l'est de Bohol. Je rencontre alors Gabriel et Kyoko, un sympathique couple suisse-japonais, et nous nous dirigeons ensemble vers Anda, une plage isolée. A coup de bus et d'auto stop nous arrivons en lieu dit et plantons la tente au bord de la mer. Ahhh, ca fait du bien de revenir chez soi.
Petit repas sous le coucher du soleil et guitare chanson a la belle étoile. 2 françaises de passage viennent nous rejoindre pour chantonner des airs du pays. Le lendemain, Kyoko, Gabriel et moi, partons sur l'ile voisine, voir comment se porte Padre Burgos. Nous nous postons sur une prairie, face a la mer, et au petit jour, nous allons voir les tortues et les serpents qui nagent et jouent dans les coraux en couleurs.
La fin de ce voyage approche, il vous semble peut être redondant à présent. Trop de plages, trop de poissons... Je vous avoue qu'après 2 mois, j'ai envie d'autre chose. Je rêve des montagnes himalayennes que je retrouverai bientôt. Mais il me reste encore quelques jours à passer avec les poissons, ils vont me manquer ensuite. Un spécimen que j'aimerais rencontrer est le requin renard, une bête très rare, mais que l'on peut apercevoir sur l'ile de Malapascua. J'y fonce.
Et je ne suis pas déçu. Je le verrai 2 fois, ainsi que des raies Manta de 5m, des raies diables... Un petit monde merveilleux dont je profite au maximum a présent que je sais que mes jours sous l'eau sont comptés.
Avec Martin, un buddy plongeur suisse, nous partons pour les derniers jours philippins à Moalboal, autre site réputé pour sa plongée. Nous y retrouverons pour notre plus grand bonheur, le fameux requin renard chassant des gigantesques bancs de sardines. Il passera même à 1 m au dessous de moi, par derrière pour plus de frayeur et d'émerveillement, puis reviendra, curieux qu'il est, pour un deuxième passage plein de grâce. Une belle bête ! Mais pas de photo d'elle, desole.
La fin est la, il me faut rentrer, je passerais par Cebu, puis Manille. Je n'épiloguerais pas sur ces villes, j'en ai déjà dit assez sur ce sujet. Vision assez forte pour vous faire oublier toutes les beautés de la mer. Cebu la nuit est d'une tristesse sans nom. Les filles de la nuit sillonnent les quartiers rouges aux lumières blafardes, suivies de prés par les proxénètes qui protègent leurs intérêts. Des papys grabataires drogués au viagra marchent aux cotes d'adolescentes philippines trop jeunes pour être leur petite fille. Est-ce que cela peut changer prochainement ? Les élections viennent d'avoir lieu. Le nouveau président est le fils d'une ex-présidente. Il est élu parce qu'il est le fils de sa maman et rien d'autre.
Je suis curieux, je pose des questions : « Êtes-vous heureux de l'élection de Aquino? »
« Oh oui ! »
« Et quel est son programme ? Qu'est ce qu'il va faire de bien ? »
« Heu... Il va lutter contre la corruption. »
« Bien. Et comment ? »
« Heu, je ne sais pas. »
« Et que va-t-il faire d'autre ? »
« Heu... Je ne sais pas. »
J'ai eu cette discussion moultes fois, personne ne connait son programme. En a-t-il un d'ailleurs, a part s'en mettre plein les poches. L'élection est une mascarade, comment les prétendants faisaient leurs campagnes ? A coup de musiques, de parades, de stickers, de phrases phares, comme : « Je me battrais contre la corruption.». Personne n'entend parler du fond. Le plus connu gagne, ou le mieux financé. Et comment cela se passe chez moi ?
La prostitution n'est pas l'unique problème des philippines. Les richesses ne sont pas partagées, comme partout, la nature n'est pas respectée, comme partout, la surpopulation pèse sur les ressources mais la religion catholique qui est au cœur du pouvoir veille bien a ce qu'il y ait 8 enfants ou plus par foyer...
Mais bon, comme disait Coluche : « Oui il y a des problèmes, mais je m'en fous. Heureusement que tout le monde fait pas comme moi, sinon le monde irait mal. D'ailleurs il parait qu'il ne va pas très bien. Je me demande si tout le monde ne fait pas comme moi. »