Sunday, November 15, 2009

Vietnam


C'est un régal de retrouver une ville qui a gardée son histoire, sa vie et qui ne soit pas criblée d'immeubles neufs et immondes. Il y a un bruit énorme dans les restos pour cause de discussions mouvementées et rieuses, pas de télévision... Tous les hôtels m'acceptent... Les gens ont retrouvé le sourire et viennent discuter... Il faut être habile pour traverser la rue, une vraie cohue... J'ai l'impression de me rapprocher de Mumbai. Un air de déjà vu agréable...
J'y reste 4 jours sous la pluie, pendant lesquels j'ai passé beaucoup de temps à la banque, mais je ne vais pas revenir dessus... Une fois l'alerte typhon passée et les traveler's retrouvés, je prends l'omnibus pour le paradis, Halong Bay.

Halong Bay a le prestige qu'elle mérite, mais le tourisme de masse qui va avec apporte un changement de comportement des gens qui n'est pas des plus encourageants. Si l'on ne veut pas de tour organisé, c'est un combat de chaque instant pour y arriver. Il y a 2 parties dans Halong city... l'ouest avec ses hôtels, ses restos, ses magasins et son port touristique ; l'est où il n'y a rien, voudrait on me faire croire. Il y a bien un port pour les locaux de ce coté, mais personne ne veut me renseigner sur l'endroit exact de ce port et sur la destination de ses bateaux... On me ment plusieurs fois sur l'existence même de ce port, il ne faut pas qu'un touriste échappe aux mailles du filet des pêcheurs businessmen. J'opte pour le moins facile, mais aussi pour le moins cher et le plus intéressant. Je cherche donc par mes propres moyens et arrive à bon port après quelques heures de marche. Je prends un ticket pour Quan Lan Island, une belle ile en mer...

Avant de partir en bateau, un petit tour du coté des restos de rue pour y manger du poisson et autres délicatesses dont je tairais le nom pour la simple raison que je ne les connais pas. En voila un qui a l'air bien rempli de monde, c'est bien souvent un signe de qualité dans la restauration (a l'exception peut être de Mcdo). Je me trouve un petit coin de banc qui n'incommode personne et commande un peu de tout. Au moment où je me sers un grand verre d'eau des bouteilles qui sont a disposition, je vois le regard surpris de certains et même un peu d'approbation dans quelques yeux. Cela m'amuse et je me dis que peut être les gens d'ici ont une alimentation saine et équilibrée et qu'il est important pour eux de boire beaucoup d'eau. Assoiffé je m'y attaque et réalise tout de suite mon erreur. Je fais comme si de rien n'était et continue à boire mon alcool fort alors qu'il n'est que 11h30... Du coup, le bateau a tangué un peu plus durant l'après midi... mais la traversée fut splendide dans cet univers féerique, et chose rare ici, j'étais le seul touriste du bateau.

Ile tranquille, 2 jours de repos total, villageois souriants, plages de sable fins et coquillages coupants, mon pied y a gouté, un bout de l'intrus est resté coincé dans mon talon, une sympathique grand mère du village qui ramassait des grands vers roses étranges a vu cela et s'est précipité pour me secourir, elle a sortie son aiguille pour extraire les morceaux enfoncés dans la chair. Je l'ai remercié puis ai réalisé trop tard que je devais faire plus attention aux aiguilles d'origines inconnues qu'on m'enfonce dans le corps, même si elles viennent d'une innocente mamie...

Puis le bateau m'emmène vers Cai Rong, de la, j'essaie de trouver un autre bateau pour rentrer a Halong. On me dit qu'il n'y en a pas et qu'il faut prendre le bus, pourtant j'avais eu d'autres infos, je continue ma recherche ardument, ma préférence va au transport maritime cheminant paisiblement au milieu de ces collines noyées dans la mer... en questionnant les gens, je me fais offrir des coups, bières et vodkas vietnamiennes m'aident a communiquer en Viet, mais je ne trouve pas de restos pour éponger tout cela... je ne partirais pas aujourd'hui, attendons demain, les bateaux ont l'air de partir tôt le matin...

Retour a Halong City, cette fois je me dois de me mêler a la foule des touristes puisqu'il n'y a pas de bateau pour Cat Ba Island aujourd'hui du coté local (j'ai pris bien soin de le vérifier moi-même). Changement de décors. Alors que les gens étaient accueillants, généreux, joyeux les jours derniers, ils sont à présent avides de sous, menteurs, moqueurs, insolents, oppressants. Comment faire pour que le tourisme ne se solde pas par ce changement brutal de comportement ?

Je prends mon billet pour Cat Ba Island. Le port principal, ainsi que la ville principale, se situent au sud de l'ile. Je précise bien, svp un billet pour aller a Cat Ba city. On me le vend, et c'est seulement une fois embarqué que l'on nous prévient que le bateau ne nous déposera pas à Cat Ba city, mais dans le nord, a un endroit ou il n'y a rien, seulement un dock pour y éjecter et récupérer les passagers... Mais, heureusement, ils ont pense a tout car il y a un bus qui nous emmènera a la ville située a 30km au sud... pour la modique somme de 100 000 dongs... haha, bravo l'arnaque ! Et bien sur il n'y a que ce bus nous assure t'il. Et il faut acheter le billet de bus tout de suite, c'est mieux... bien sur... et bien tous les touristes ont mordu a l'hameçon, trop faciles a arnaquer, pourquoi se gêner si ca marche si facilement. C'est donner raison a ce genre de comportement, personne ne prend le moindre risque, bien sur pour une bourse occidentale, c'est finalement si peu, mais pour un vietnamien c'est une grosse aubaine. On nous manque de respect ? Pas étonnant, on a l'air d'abrutis à leurs yeux pour se laisser avoir si facilement. Le fait de vouloir être payer tout de suite annonce le fait qu'il y aura surement d'autres moyens de transports a la réception du bateau, donc je préfère tenter ma chance ; et s'il n'y a que lui et son bus comme sauveur, et bien je préfère encore planter ma tente en débarquant et marcher les 30 bornes le lendemain que de céder a son chantage. En arrivant, il essaie de me faire un prix, parce qu'il est « gentil ». Haha, c'est donc qu'il y a un bus qui va passer. Dans un coin il y a une affiche : toutes les 40 minutes, un bus passe et emmène les passagers à la ville pour 10 000 dongs, 10 fois moins cher. Tous ces moutons ont donc payé 10 fois plus cher que le prix normal, mais personne ne s'en affole, non, on a de l'argent, on le jette comme ca par la fenêtre pour les « pauvres ». Bravo ! Il faut partager les richesses je suis d'accord, mais de cette façon ? Que devient la relation entre les visiteurs et les hôtes dans tout cela ? Il y a des motos qui veulent me prendre à tout prix, pour 70 000, pour 50 000, ca descend de minute en minute. Et le panneau ? Je veux prendre les transports publics mon ami ! Non, il n'y a pas de bus... Mais bien sur... Arrête de me prendre pour un imbécile, s'il te plait. Mais le temps passe et le bus ne vient pas. La, j'ai l'air bête. Tant pis, la nuit arrive et je vais planter la tente. 20 000 me dit on dans un dernier espoir. Au loin, je vois les phares d'un véhicule qui s'approche. J'exulte ; alors, il n'y a pas de bus ? Sans rancune, ils partent le sourire aux lèvres. Arrive à la ville, je croise la bande de touristes du bateau. « On s'inquiétait pour toi, il y avait donc un bus, on s'est fait avoir, mais ce n'est pas grave, ce n'est que 6 dollars ! » « Oui c'est peu d'argent pour toi, mais pour eux c'est beaucoup, et la manière dont il a été gagné est un manque de respect et invite au même comportement. » Mais heureusement, il y a pour tous ces braves gens l'argument suprême qui surpasse tous les autres : « oui, mais ils n'ont pas beaucoup d'argent, alors tu vois grâce a moi, a ma générosité, ils vivront mieux... » Bref !
Pourquoi je m’égare toujours comme cela, c’est un blog de voyage enfin ! Aller un peu plus de joie et de bonne humeur de ma part, ca devrait pourtant être facile avec ce que je vis, avec toutes les belles choses que je vois… Mais malheureusement, à présent, je fais partie de la catégorie des touristes, et ce n’est pas toujours joli à voir, les dégâts du tourisme de masse.
Retour a nos moutons, non pas les moutons touristes, les autres.

Cat Ba Island est sauvage, la jungle domine le flanc de ses sommets, une petite balade en scooter dans son antre m’a amené à croiser 3 serpents que j’ai réussi à éviter tant bien que mal. Je n’ai donc pas osé prendre mon sac a dos pour randonner au milieu de ces sympathiques reptiles.

Je me suis trouvé un bon et agréable resto, j’ai sympathisé avec les patrons et les clients le premier jour. Je demandais le prix du plat que mes voisins mangeaient et qui avait l’air délicieux, ils m’ont répondu le vrai prix et se sont fait vertement gronder par la patronne qui voulait me faire payer double tarif et qui ne put plus à présent. Cela a bien fait rire tout le monde, et je fus content de comprendre pour ne fois le contenu d’une conversation en vietnamien, non pas que je compris les mots. J’y suis donc retourné à tous les repas.
Toutes les bonnes choses ont une fin, je prends congés de la baie d’Halong, direction Ninh Binh. Comme a mon habitude, j’essaie de prendre les transports locaux, un ferry jusqu'à Haiphong, puis 1h a pied jusque la gare de bus, mais j’arrive trop tard, le dernier bus pour Ninh Binh partit a 13h… Ce sont les aléas fréquents qui agrémentent ce genre de voyage. Il est 14h, j’ai le temps de me trouver un hôtel. Tous sont hors de prix, on me dit les prix en dollars pour qu’ils paraissent moins élevés. Je traverse la ville, je marche sans arrêt jusqu'à la tombée de la nuit, mais la chance ne me sourit pas et la providence ne récompense pas mes efforts. Mais ou vont donc dormir les voyageurs au faible revenu à Haiphong ? Dorment-ils directement dans la gare ? Non, elle est presque vide a cette heure ci… tant pis, je capitule et dormirai dans une de ces chambres avec frigo, télé, clim… pas la force ce soir d’aller somnoler dans un coin de la ville en attendant que le soleil fasse son apparition. Je ne pousse pas jusqu’au bout ce que je préconise et veux vivre.

Ninh Binh est une ville baignée dans la ruralité. Pendant 2 jours, j’enfourche mon vélo et parcours en long, en large et en travers le voisinage, les rizières encore une fois sont dominantes. Le paysage ressemble a Yangshuo, en Chine, c'est-à-dire que c’est un champ de collines abruptes sortant de terre, la même formation géologique qu’a Halong Bay (d’après les locaux d’Halong Bay, c’est un dragon qui a façonné le paysage, il faut toujours un dragon dans les histoires merveilleuses chinoises ou vietnamiennes).
Je cherche un temple, dans ce labyrinthe de ruelles et chemins de campagne, il est très difficile de trouver son chemin, et pas la peine de compter sur un hypothétique panneau d’indication ici. Je demande donc souvent, ce qui me permet de pratiquer un peu mon vietnamien avec l’aide de mon petit livre. On me dit a l’est, je continue pendant plusieurs kilomètres sans trouver, alors je redemande, on me dit loin a l’ouest, je reviens sur mes pas, je renouvèle ma demande, j’avance dans toutes les directions sans jamais trouver mon but. Mais le dicton dit bien que le but ultime du voyageur est le parcours et non l’arrivée. Je suis rassuré alors…

Dans mes égarements, je tombe sur un énorme complexe de temples en construction. Un futur haut lieu pour la spiritualité en herbe et les cars de touristes. Je m’y promène, les pagodes non finies ont un air étranges, on y sculpte les dieux par centaines, pour mieux y récolter les offrandes de l’avenir. Je m’y balade un couple d’heures, retourne a mon vélo et m’aperçoit que les clés de mon cadenas ont disparu… Elles ont du tomber de ma poche en escaladant les constructions, mais ou ? J’ai parcouru quelques kilomètres dans les méandres de ce lieu. Tant pis, je cherche, je cherche, je cherche… et je trouve. Le porte clé était une petite mygale. Je n’ai jamais été aussi content de voir une araignée. He bien, vous le croirez ou non, mais au moment ou je retrouve les clés de mon cœur, j’écoutais « A ton étoile » de Noir Désir. Ce n’est qu’une coïncidence bien sur…

Puis c’est a Hue que je continue. J’y retrouve la masse de touristes, les avantages et les inconvénients… C’est une belle ville historique ou chaque empereur a voulu se construire un mausolée digne de ce nom, bah oui, on a bien souvent un peu la grosse tête quand on est empereur, et même après sa mort, il faut que l’on fasse des siennes… l’un d’eux a caché son corps en compagnie tout ses trésors dans un lieu tenu secret. Afin de le garder, le secret, les 200 travailleurs embauchés de leur plein gré pour l’enterrement on été trucidé… Les belles histoires de la vie.

Hoi An est un charmant petit village de pêcheur, reconverti en parc à touristes. L‘architecture est enchanteresque, la plage est splendide, la mer est chaude et turquoise, les restaurants préparent de délicieux gourmets locaux. Que demande le peuple ? Rien de plus, mon ami. Pourtant, il devrait. J’ai envie de crier : « Aline ! Pour qu’elle revienne ! » Non, ce n’est pas ca… « Hey, on est au Vietnam, je vous le rappelle ! Ce pays est peuplé de vietnamiens sympathiques qui ne sont pas tous vos serviteurs. » Tout le monde s’en fout, on n’est pas la pour ca, et, me répond on, les vietnamiens ne pensent qu’a la tune… Vrai, mais tu ne leur parles que de tunes mec… Essayes-tu d’apprendre leur langue ? Leur demandes tu autre chose que, combien ca coute ? Et puis grâce à nous, ca leur fait plein de boulot, alors ils sont contents de me porter mes bagages et de me faire le tour de la ville en me portant sur leur vélo pousse-pousse…
Sans effort de ma part, je suis en vacances quand même, sans dec ! Bon bah oui, Hoi An c’est le paradis pour les touristes… qui ne recherchent AUCUN contact avec les vietnamiens, mis à part les services qu’on doit nous rendre. On l’a mérite, on a bossé dur pour ca ! A bon entendeur, salop !

Une nouvelle fois, c’est le bus de nuit qui me transporte, pour Nha Trang, the station balnéaire of Vietnam ! Un petit bain de soleil, une détente sur la plage me feront le plus grand bien. Des backpackers remontant le pays m’en avait parlé comme d’un paradis, une étape obligatoire. Mais sur quels critères ? J’aurais du me renseigner. Party on the beach, yeah ! Que fait-on quand on vient au Vietnam ? Bah, on picole dans des bars branchés sur la plage entre touristes jusqu'à pas d’heure, et la journée on cuve sa soirée en comatant dans le transat, en sirotant quelques cocktails. On ne se baigne pas, la mer est pleine de poubelles et de rats morts, mais de toute façon, on n’en a pas envie, car ce soir, on remet ca ! Le plus rageant, c’est le fait que les seuls vietnamiens participants a ce cirque sont : les prostituées, accompagnées souvent par un blanc qui fait 3 fois son âge, voire plus, et les serveurs, ou serviteurs, ou esclaves, chacun choisit le terme qui lui convient, y en a pour tout le monde. Je m’échappe de l’endroit des le lendemain, vers Mui Ne et ses fameuses dunes.

Les dunes sont prises d’assaut pour le coucher du soleil, mais les gens ne font pas plus de 50m pour prendre la photo et repartir, sur 300 mètres carrés a coté du parking, il y a 300 personnes. Du coup, j’ai tout le reste pour moi tout seul, et ce n’est pas plus mal. Encore une fois, le vélo est mon moyen de locomotion privilégié. De plages en villages de pêcheurs en dunes de sables rouges et de sables blancs, de rivières tout droit sorties de l’imagination des enfants… je passe 2 jours merveilleux. Les restos de rues ne servent pas seulement le pho typique (soupe de pates de riz accompagnée de viandes et de légumes), ils grillent aussi toutes sortes de coquillages et poissons tout frais sortis de la mer, un régal, un délice !

Posé a l’ombre pour contempler la création de mère nature, je découvre le manège de quelques gamins du village pour récupérer quelques sous auprès des touristes au grand cœur… Ils se présentent comme guide pour les amener dans des endroits secrets, si le touriste dit non, alors ils mendient et ne lâche pas l’individu des baskets. Alors le touriste en a marre et lui envoie quelques billets pour se débarrasser des petits pots de colle. Ca marche du tonnerre, la plupart donnent… et ceci continue toute la journée. C’est un jour d’école.

La fin du séjour vietnamien se fait sentir, déjà novembre, le temps file, et avec le temps, tout s’en va. Alors je m’en vais, pour Saigon, rebaptisée Ho Chi Minh City… N’oublions pas nos héros ! La ville est bruyante, laide, polluée. Mais elle est vivante, les gens sont communicatifs et finalement j’apprécie m’y promener. Mes poumons apprécient moins. Le War Remnants Museum est poignant. Les photos des horreurs de la guerre sont terribles de vérités. Elles rendent tristes, elles enragent, mais tant mieux. Si l’on nous montrait toujours vraiment ce qu’est la guerre, on la ferait surement moins. Au lieu de cela, la plupart du temps, on nous parle de frappe chirurgicale, on nous dit des chiffres, on nous ment, on nous spolie… Du sang, des corps déchiquetés, des enfants brulés, des femmes violées, des estropies… et j’en passe. Voila ce que c’est, au Vietnam, en Afrique, en Iraq et partout ailleurs. Mais quand même, il faudrait envoyer quelques soldats français en Irak pour récupérer quelques contrats de reconstruction et avoir un peu de droit sur le pétrole. Mais qu’est ce que je dis ? Mais non, c’est pour aider les irakiens, bien sur. Car les soldats et les états démocratiques d’aujourd’hui ne commettent pas les atrocités d’hier. Non ? Le pire est que ces images qui restent gravées dans la mémoire sont celles qui ont été prises en photo. Et s’imaginer les autres… Bref, continuons à voter des Bush, des Berlusconi et des Sarkosy pour « pacifier » tous ces vauriens et doper notre économie. L’économie, il n’y a que ca de vrai. Full cash ! Come on man !

Heureusement, l’exposition se termine par une collection de dessins faite par des écoliers pour demander la paix entre les peuples. Cela redonne du baume au cœur et on reprend confiance en l’humanité. Mais pas pour longtemps, car je sais bien que ces jeunes âmes innocentes grandiront vite et seront éduquées et mis dans le droit chemin par TF1, CNN et toute la clique des medias qui prêchent les bonnes paroles de nos gentils gouvernements.
Sorti de ce musée, la cervelle en compote, je me cherche une Bia Hoi (bière faite localement), mais je n’en trouve guère. Je me pose pour boire un thé et rencontre Trung avec lequel je discute en anglais approximatif et vietnamien encore plus approximatif tout au long de la soirée. Il m’invite pour un tennis le lendemain. Excellente nouvelle, j’avais besoin et envie de faire autre chose que du vélo et de la marche, et un tennis en bonne compagnie me remontera le moral. Malheureusement, à l’heure dite, il pleut des chiens et des chats… Raté ! Une dernière journée pour visiter les nombreux temples de la ville et bye bye Saigon, bonjour le delta du Mékong.

Un monde de terre et eau. Cette partie du Vietnam est composée de milliers de petites iles entrecoupées par le large Mékong. Je me perds dans ce labyrinthe en vélo, je passe des ponts, je prends des bateaux et me dirige à la boussole. Il y a des odeurs de noix de coco utilisées dans la fabrication de confiseries et des odeurs de durian, mais ca c’est moins plaisant… La jungle est dense et dans chaque bras de rivière semble apparaitre un croco horrible. On m’assure qu’il n’y en a pas… alors un petit bain est de rigueur. Ici, on fait son marché en bateau, on rame de barque en barque pour négocier les bananes, noix de cocos et autres frugalités.

Arrive à la pointe sud du Vietnam, il ne reste qu’une belle ile en mer sur mon chemin. 4 jours sur une ile paradisiaque, nommée Phu Quoc, pour finir en beauté le périple Viet, je ne dis pas non. Mais il n’y a plus de ticket, le prochain bateau est complet, me dit on a l’hôtel. Mais heureusement, ils ont pour moi un bon plan sur un autre bateau dans une autre ville pour un petit prix… Je connais la rengaine, je vais voir par moi-même sur le quai et achète en 5 min une place sur ce bateau soi disant plein. Arrivé à Phu Quoc, je loue une moto afin me balader et avoir les mains libres pour camper ou je le veux.
Première nuit côté ouest pour manger devant le coucher de soleil. Je cuisine à l’eau de mer un délicieux plat de nouilles au thon sans thon, car il ne me reste qu’un demi-litre à boire et mon couteau est introuvable, donc impossible d’ouvrir la boite de conserve. Le repas est sans saveur et affreusement salé, mais il rempli sa fonction première de me nourrir. Pour les délices, on verra demain. Au petit jour, un bain réveil et je plie bagage pour continuer la découverte de l’ile. Un vendeur ambulant m’aperçoit de loin et vient à ma rencontre. Il veut me prendre ma dernière gorgée d’eau alors qu’il en vend des litres dans son petit chariot, c’est comme cela, on peut abuser du touriste, il dit rarement non, tellement mal a l aise de sa supériorité financière. Je le renvoie vertement, puis me dirige vers la mob. Mais au moment de démarrer la bête, la clé manque a l’appel. Je la mets pourtant toujours dans ma sacoche d’appareil photo depuis l’incident de la clé de vélo. Je déplie tout le bagage et cherche dans les moindres poches et recoins invraisemblables, mais rien. Je scrute tous les brins d’herbes de mon campement, mais rien… Au bout de 3 heures de recherche, j’en viens a la conclusion que je fus assez bête et distrait pour laisser l’objet dans la poche de maillot de bain et que je me suis baigné avec sans même m’en rendre compte. La même histoire était arrivée à Fab, mon ancien coloc de Toulouse. Mais avec l’aide d’un masque quémandé a un gamin, j’avais réussi a la retrouver a moitie enfouie dans le sable mis en mouvement par le courant incessant. Cette fois je n’ai pas de masque, alors je me détruis les yeux pendant toute la journée, mais il faut bien que je la retrouve, c’est trop idiot. 5 heures plus tard, j’abandonne et part vers la route pour stopper une moto qui me prêtera son portable pour une fortune, car un touriste en galère est une bonne aubaine… A la tombée de la nuit, le proprio de l’engin me rejoint avec un double, qui lui aussi vaut son pesant d’or… Mais vue la bêtise de mon geste, je ne peux qu’accepter sans condition. Malgré la nuit tombante, je dois décoller de l’endroit car je suis assoiffe et je n’ai plus une goutte d’eau non salée. Je m’achète sur le chemin des réserves pour la suite du périple, mais le sac a dos me brule la peau… le soleil ne m’a pas loupé malgré les couches de crème solaire… Ma peau me rappelle que je suis originaire de chez les chtis… Du coup, 2 petits bonhommes dans ma tête se disputent pour choisir de la suite de l’expérience : l’un me dit de stopper la souffrance et de m’arrêter dans un lit moelleux, manger un succulent repas dans un bon restaurant et prendre une douche d’eau douce pour refroidir la peau brulante. L’autre me dit de continuer l’aventure, ce n’est pas un petit échauffement de l’épiderme qui me stoppera, la douleur est peu de chose et le lever de soleil demain sur la mer me fera oublier la mauvaise journée passée et me réconfortera dans mon choix présent. Alors je continue, mais 2 minutes de plus de lacération du dos auront raison de mon mental. J’abandonne tout penaud le camping sauvage et m’arrête dans un hôtel.

Vietnam, je te dis au revoir et te souhaite bonne chance pour l’avenir. Moi, je te quitte et vais retrouver ton ami d’enfance, le Cambodge, avec qui tu as beaucoup aimé jouer à la guerre…

Wednesday, October 21, 2009

China

L'empire du milieu est désormais dans ma ligne de mire. Dès le passage de la frontière, le dépaysement est total. Si proche… et si différente ! Comment est ce possible ? C'est la qu'on se rend compte du rôle prépondérant de la gigantesque barrière naturelle qu'est l'Himalaya…
La Chine est partenaire du Pakistan pour la construction d'un port maritime sur les cotes pakistanaises qui concurrencera les ports iraniens et Emirats de la région. Du coup, ca construit dans tous les sens, des ponts, des routes, avec l'aide et l'efficacité chinoise. Des ENORMES camions tout gris, viennent contrebalancer les camions arc en ciel scintillants pakistanais à capacité modeste et se promènent des maintenant sur la célèbre Karakoram Highway. Du coté pakistanais, les routes sont un vrai champ de bataille, du cote chinois, c'est une autoroute.
Arrivée en Chine par le Khunjerab Pass (4700m)Après 100 km de routes droites, sans avoir rencontre un seul virage, c'est la première ville qui chinoise qui apparait. Le contraste entre les villes chinoises et celles de la péninsule indienne est à l'image du contraste routier. Alors que la ville indienne, pakistanaise, sri lankaise et népalaise ont toutes en commun d'être un vrai bordel, un cauchemar pour les piétons et les cyclistes, mais en même temps un régal pour les yeux par sa multitude de couleurs et la vie qui s'y passe , la ville chinoise est droite monotone, morose, mais assez réglementée pour que les marcheurs et les vélos aient leur place dans ce monde organisé… les buildings laids s'amoncèlent dans le paysage et le peu de vieille ville qui reste sert souvent de ghetto ou de musée. C'est la course à la modernité, tout le monde rêve de son nouvel appart rempli de meubles Ikea et de télévisions.Du coup c'est la nature et les villages qui me tentent et qui m'appellent. Voyageur solo depuis seulement un jour, je rencontre Ed, un anglais qui vit en Inde la moitie du temps et qui se dirige vers le Japon pour rejoindre son frère, et Mare, un croate qui voyage pour un temps indéterminé sur les routes de l'Asie. Je leur fais part de mon projet de m'arrêter sur le chemin de Kashgar aux abords du Muztagha, une montagne de 7500m, de marcher jusqu'au base camp, puis de rejoindre le lac Kara Kul réputé pour sa beauté et ses nomades tadjiks. L'idée les emballe et nous partons de suite acheter les vivres nécessaires et faire du stop.
Tout le monde s'arrête, mais pas par bonté débordante. Il y a un tarif et le prix est élevé, plus cher que le bus, nous refusons. Alors les gens partent sans nous prendre, préférant partir seul à Kashgar dans leur grosse voiture ou leur gros camion que d'emmener quelqu'un qui ne veut pas payer la somme exorbitante demandée. Nous attendons et finissons par trouver quelqu'un qui ne s'enflamme pas sur les bénéfices qu'il pourrait tirer de 3 touristes blancs qui attendent sur le bord de la route.
Le trek fut splendide, 4 jours dans un paysage de rêve, entourés de sommets enneigés et d'un désert vallonné. Arrêtés au milieu de nulle part, le défit du premier jour est de trouver de l'eau. Nous en avons en réserve, mais trop peu pour soutenir le besoin d'une bonne cuisine. Nous randonnons à 4000m d'altitude, tout est gigantesque, les distances sont trompeuses et nous donnent de faux espoirs. La nuit tombe et nous sommes encore trop loin des glaciers pour espérer recevoir le miraculeux produit de leur fonte. Tant pis, campement rapide.
La première nuit fut quasi blanche. J'avais acheté plusieurs bons pains Uighurs, un bon plein d'énergie s'alliant merveilleusement bien avec le fromage happy cow acheté au Pakistan. L'odeur qu'ils dégageaient était forte. Cela attira une souris qui ne me laissa pas de repos. Je l'entendis grignoter alors que mon pain était dans la tente. Elle s'était fait un petit trou, la garce. Toute la nuit je fus aux aguets. J'avais bien enveloppé ce délicieux met pour en camoufler les odeurs, mais elle avait goûté au gourmet et elle revint a la charge dès qu'elle sentait que je me rendormais…
La marche continue, nous montons a l'aveuglette car il n'y a pas de sentier. Mais peu importe car la pente est douce et il n'y a que très peu, voire pas, de végétation pour entraver notre route. Nous ne trouverons pas le base camp, il ne nous est pas utile puisque de toute façon, on peut camper ou bon nous semble, et nous n'allons pas a l'assaut de ce beau Muztaga. Nous arrivons au bout de 3 jours aux abords du splendide lac Kara Kul, peuplé de yaks, brebis, chevaux, chameaux et tadjiks.
Juste à temps, avant que l'orage et sa pluie de grêle ne s'abatte sur nous.
La nous sommes accueillis par un surprenant motard chinois qui, sans nous dire bonjour ou un quelconque mot de bienvenu, nous lance : « vous avez dormi au base camp, c'est 600 yuans chacun ! »Surpris, nous répondons, courtois : « Heu, bonjour déjà, enchanté, très heureux de te connaitre, mais au revoir.»
Dernier campement au bord du paradis avant de repartir sur les routes bétonnées pour avancer plus vite, nous ne sommes que des hommes pressés en fin de compte, mon cher Bertrand…
Surprenante arrivée a Kashgar, je m'attendais a une ville charmante, chargée d'histoire. Elle représentait un rêve lointain, une étape importante, une oasis pour les aventuriers fous de la route de la soie. Elle n'est a présent qu'une ville rebelle à mater et à intégrer au régime chinois le plus vite possible et a coup de poing, et de balles réelles a l'occasion. On détruit un maximum les vieilles maisons de terre dans la vieille ville pour construire de nouveaux buildings, appartements et big malls pour le shopping bien sur pour les nouveaux arrivants. Par millions les Hans arrivent, ils sont a présent plus nombreux que les Uighurs, qui ne luttent plus vraiment pour leur indépendance puisqu'on leur répond a balle réelle et que le reste du monde s'en fout. C'est vrai… pourquoi parle t'on tant du Tibet, et que personne n'entend parler du Xinjiang qui est plus grande que sa voisine et qui a subit le même sort ? Préfère-t-on les gentils bouddhistes aux musulmans ? Il y a des chances malheureusement… Du coup, la ville est défigurée et ressemble a présent a toutes les villes chinoises, avec en prime des milliers de militaires armés jusqu'aux dents quadrillant les carrefours et contrôlant incessamment la populace. A noter qu'en cette région, toute communication, téléphone et internet, est coupée. Aurait-on quelque chose à cacher ?On fait ce qu'on veut de l'histoire. En Chine, les livres, les journaux, la télé, ne parlent pas du problème tibétain. On ne comprend pas les réactions internationales face a ce sujet.
« Le Tibet a toujours fait partie de la Chine. »
« Ah bon !!! Et que dire de l'invasion de 1950 ? »
« Il n'y a jamais eu d'invasion, le Tibet est venu de son plein gré se joindre a la Chine. Tout ca c'est un mensonge orchestre par les américains ! »
Ahah, il est vrai qu'on peut leur mettre plein de choses sur le dos…
« Et pourquoi les tibétains sont mecontents ? »
« Ils ne sont pas mécontents, c'est seulement le Dalai Lama qui fait des siennes, mais de toute façon il est manipule par la CIA, d'ailleurs son frère est un membre de la CIA… »
« mmmhhh, de mieux en mieux, tu dis un peu n'importe quoi, des balivernes mon cher Jules… »
« Comment tu peux savoir toi petit français, tu n'es jamais allé au Tibet, moi je le sais ils sont heureux ! »« ahhh, tu es allé au Tibet ?"
"Heu… non, mais j'ai un ami tibétain… et il est heureux. »
« Super argument… moi je suis allé en Inde et au Népal et j'ai rencontre beaucoup de tibétains qui ont du fuir leur pays… Tu ne t'imagines pas que ton gouvernement, peut être, ne te dis pas tout, tout le reste du monde a une histoire différente de la tienne. La Chine a tout a y gagne… »
« J'ai lu des livres d'histoires… »
« Heu la liberté de la presse en Chine… »
« Et ce sont des frontières naturelles pour la Chine, il y a les montagnes au nord, a l'ouest, au sud, donc tout au milieu, c'est chinois. Et puis c'est bien d'être uni. »
« Je suis d'accord, c'est bien d'être tous unis. Mais tous unis par la force sous le drapeau chinois, je ne suis pas si sur… Et puis il n'y a pas de montagnes entre la Chine et le Vietnam. Est-ce que cela veut dire que le Vietnam doit être chinois. »
« Oui il devrait, d'ailleurs il l'a été, de temps en temps nous avons conquiert ce pays. »
« C'est charmant, je suis sur que les vietnamiens sont ravis de ton opinion… Et puis pourquoi pas le Japon, le bras de mer n'est pas si grand. Et la Mongolie ? Les montagnes ne sont pas si hautes. Moins hautes que les montagnes tibétaines pour sur. A combien estimes tu la hauteur maximale a laquelle vous ne pouvez plus prétendre à envahir ?"
Bref j'ai énervé quelques personnes, mais je n'ai pas ébranlé le moins du monde leur conviction sur le bienfait de la colonisation du Tibet ou du Xinjiang (mais pour le Xinjiang, ils sont moins au courant, comme le reste du monde) par les chinois, sur le fait que de toute façon le Tibet a toujours été chinois… le pouvoir de manipuler l'histoire et l'info… ca fait peur… on est pas si loin de ca, faisons attention a notre propre info…
Le marché aux animaux est intéressant, même si l'on est végétarien. Les locaux amènent leur bétail en ce jour de dimanche et négocient ardument toute la journée. A voir cela ressemble à un grand sketch. Tout est exagéré. Un médiateur essaie de concilier l'acheteur et le vendeur sur le prix de la marchandise. Ca discute, on lève la voix, des gestes significatifs viennent éclaircir le débat, éclat de rire, c'est trop cher pour l'acheteur qui part en trombe, du coup le médiateur court et le ramène de force en le tirant, renégociation, le médiateur, toujours lui, attrape les mains des 2 autres protagonistes et leur fait se serrer les mains pendant 10 min… marché conclut et échange de billets. Ca peut durer des heures.
Regarder moi ces jolies petites bête abandonnées a leur triste sort. On a bien envie d'en adopter une. Tout à coup une brebis se sauve, son propriétaire jure et la poursuit. Elle lui échappe en se sauvant entre les vaches, nous l'encourageons, c'est sa dernière chance, mais elle est bien faible au milieu de tous ces spécialistes de la viande.
En même temps, qu'est qu'on en a mange des brochettes de bœuf et de mouton la bas… et elles étaient délicieuses.
Puis Ed et moi, on se dirige vers le désert Takla-Makan qu'on a envie de traverser. Il y a 2 routes qui le traversent et qui partent de Hotan. Alors nous y allons et arrivons à Hotan à 23h. Nous cherchons un hôtel avec notre chinois très limite. Mais tous les hôtels que nous trouvons n'acceptent pas les étrangers. Nous ne savons pas trop bien pourquoi, mais seuls quelques chanceux, ou malchanceux, ont le droit de nous hébergés. Quand ils ont des dortoirs, c'est accessible, mais quand ils n'en ont pas, c'est tout de suite l'hôtel de luxe. A Hotan, nous en trouvons un seul, qui dépasse largement notre petit budget. Il est 1h du mat… on repart a la première demain matin, pas question de payer ce prix la. On se trouve un petit parc sombre et on fait le mort. Personne ne nous remarque, c'est bientôt gagné car la ville s'endort peu à peu. Une petite heure passe ainsi, et je me dis que je peux commencer à relâcher ma vigilance et sombrer dans le sommeil, mais bien sur a ce moment la, une ombre s'approche et s'assoie a 5 mètres de nous, mais sans nous remarquer pour l'instant. Peut être est ce un camarade dormeur du parc, attendons de voir… Il joue avec son téléphone, reste assise pendant 30 min ou je retiens mon souffle, puis il se lève, passe devant nos corps immobiles, s'arrête net et pointe la lumière de son téléphone dans notre direction. Peut être que si je fais semblant de dormir, il va passer son chemin et aller se coucher sans broncher. Comment les chinois perçoivent les gens dormant dans les parcs… nous le saurons bientôt. 1 min après, des torches se pointent dans notre direction, je réveille Ed qui dort à point fermé et nous quittons les lieux sans demander notre reste. Nous atterrissons a la gare ou l'on tente une entrée, nous nous blottissons dans un coin en attendant l'ouverture des guichets.
La traversée du désert fut splendide, mais on interdit aux étrangers de s'arrêter, pas possible de fouler les belles et interminables dunes. On doit rester bien patiemment a l'intérieur du bus jusqu'au terminus, Urumqi. Dommage.
Urumqi, grosse ville chinoise, qui elle aussi perd peu à peu sa culture Uighur.
Ed se sauve à Shanghai pour embarquer vers le Japon. Je continue de mon coté vers un petit village Uighur, autre étape de la route de la soie, Turpan.
Dans le bus qui m'y emmène, je lie connaissance avec Muhtar, d'origine Uighur, il rentre chez lui pour le mariage de son meilleur pote. Arrivée a Turpan, c'est toujours la même galère pour trouver un hôtel voulant bien de moi, mais cette fois Muhtar m'accompagne, pour communiquer c'est tout de suite plus facile. Il hallucine de voir qu'on lui répond que lui peut être hébergé, mais pas le blanc qui l'accompagne. Alors, après une longue recherche infructueuse, il me propose de loger chez lui. Reconnaissant, je refuse l'hospitalité et continue ma recherche. Mais il insiste tellement que je fini par accepter l'offre généreuse. Je rencontre le père, la mère, la grand mère, la sœur et son fils, le frère… bref toute la grande famille vivant dans une charmante petite maison typiquement Uighur avec un grand jardin et du raisin pendant des haies et des fenêtres. J'y ai passe 2 jours à être chouchouté, un vrai régal. Merci Muhtar, et a ta famille, pour l'accueil.
La télévision est un vrai fléau la bas. Elle est partout. Dans tous les restaurants, les gens regardent dans la même direction, la vie des restos indiens me manque. Dans les ascenseurs, pour pouvoir nous montrer des jolies filles qui sont contentes d'avoir un nouveau champoing, dans les couloirs des immeubles aussi car on ne sait jamais, le temps de sortir de votre appartement, de fermer la porte a clé, un spot pub peut vous rappeler qu'il est temps que vous achetiez une nouvelle voiture 4*4 pour les longues routes plates de la ville, dans les bus, les métros, les taxis, pour vous rappelez que la banque untel ou machin est très gentille car elle montre plein de famille heureuse, surement grâce a elle... Mais bon, c'est un peu pareil chez nous, juste un peu moins extrême… Au fait, pourquoi accepte-t-on de se laisser envahir pour tous ces spots publicitaires ? La vie ne serait elle pas plus belle sans ? Ca ne dérange personne que des compagnies, simplement parce qu'elles veulent vendre plus, augmenter leurs bénéfices… nous racontent des sornettes a longueur de journée et essaient de manipuler nos esprits pour arriver a leurs fins… ?
Le mois de mon voyage en Chine fut marqué par la grande célébration des 60 ans du régime communiste (si on peut l'appeler comme cela). Ce fut un matraquage médiatique comme jamais je n'en avais vu. Des affiches dans TOUTES les rues, des offres spéciales, des chants à la gloire du parti, des émissions télé (qui sont partout je le vous le rappelle) sur la puissance militaire et la supériorité des chinois.
Et ce défilé… ce fameux défilé !!! J'ai du le voir 350 fois en tout et pour tout ! Alors que je n'avais pas la télé dans les youth hostels ou je logeais. C'était effrayant, tous ces militaires, des vrais robots, des beaux tanks bien astiqués, et la fierté des gens faisaient de la peine à voir. Les pékinois ont gentiment été prie de rester cloitrer chez eux ce jour la, pas une tête ne devait être aperçue des fenêtres de la rue qui mène a tien an men. Tu parles d'une fête ! Bon du coup les chinois étaient contents aussi car ils avaient une semaine entière de vacances, et ca c'est bon, mais c'est un fait rare. Les bus et les trains étaient pris d'assaut, les sites touristiques aussi.
Je suis sorti du Xinjiang et j'ai continue mon bonhomme de chemin a Lanzhou, seulement une étape dans le trajet qui m'emmenais a la célèbre Xi'an, ancienne capitale de l'empire chinois. Peu de choses à visiter a Lanzhou, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à me balader dans les nombreux parcs de la ville. Les gens dansent, chantent, jouent aux cartes, au badminton, au foot…
Alors que je m'amusais à regarder ce cowboy oriental, il me remarqua et m'attrapa pour danser avec lui. S'ensuivit 30 min de danse endiablée au milieu de la foule qui se fendait la poire pour la plupart. J'ai l'habitude à présent. A Vancouver, je fus réquisitionné pour un numéro de cirque et acrobatie, a Noisy le Grand, pendant la fête du cinéma, on me choisit pour aller danser le hip hop devant des centaines de spectateurs qui rigoleraient bien un peu avant de démarrer la séance.
Puis vient Xi'an et sa fameuse Terra Cota Army.
La suite me conduit à Shanghai ou je retrouve Corinne et Nico, un couple d'ami bretons de Mumbai, émigré maintenant dans cette ville en plein essor. Je suis reçu comme un roi et me poser un peu en compagnie d'amis me remet d'aplomb pour la suite de monde voyage en solo. Soirée bien arrosée et débats endiablés viennent agrémenter les journées. Je découvre une ville agréable à vivre, mais qui perd son histoire petit a petit sous la pression des rouleaux compresseurs et l'envahissement des barres d'immeubles sur des kilomètres et des kilomètres… C'est le destin de toutes les villes chinoises présentement… A Shanghai, le phénomène est juste plus rapide. J'y retrouve aussi Sacha, un ami de Montréal, que je n'avais pas revu depuis… 17 ans, ca me vieillit bien tout ca ;) Retrouvailles très sympathiques. Aller je me remue et repart sur les routes. Merci mes bretons toulousains mumbaikars shanghaiens pour l'accueil. On se revoit l'été prochain pour un bout de transiberien?
Il ne me reste qu'une semaine sur mon visa chinois, le temps passe vite. Du coup je fonce vers le sud, vers le Vietnam.
Arrêt a Wu yuan, ou je me balade à vélo dans les charmants villages agricoles environnants. Mais certains ont du succès parmi les touristes chinois, trop de succès. Les vacances étant encore d'actualité, c'est l'assaut. Tout le monde se dirige au même endroit dans leur grand car climatisé, j'y suis allé aussi pour voir, je ne recommencerais plus. C'est la folie. Le village a disparut sous le flot des touristes, les agriculteurs ne sont plus, et deviennent restaurateurs ou guide ou porteur ou rameur ou photographe ou n'importe quel autre esclave de touristes. Le village est un parc d'attraction ou l'on peut se faire promener en bateau, se faire trainer en carriole, se faire cirer les chaussures et se faire masser les pieds, faire de la montgolfière pour voir le village de haut… Le prix d'entrée au village est cher et on vous prend votre emprunte digitale pour s'assurer que c'est bien votre ticket et non celui d'un autre… Au secours !!! Le tourisme de masse fait vraiment peur !!! Du coup, je pars vite, très vite de cet endroit dingue, et je me promène dans les villages voisins ou il n'y a personne, a part de vrais agriculteurs souriants avec qui je discute, grâce a la langue des gestes…
Puis je fonce à Guangzhou, plus connue sous le nom de Canton. Je ne veux pas m'y attarder, c'est encore une grosse ville millionnaire en âmes humaines et en voitures, mais je viens pour mon visa vietnamien qui n'a pu être fait a Shanghai, vacances obligent (ah ces vacances…). Mais ici c'est la même rengaine, le consulat est fermé et il ne rouvre que dans 3 jours… Je visite rapidement et m'echappe vers Guilin.
J'attends mon bus, la gare est bourrée de monde, je me trouve une place dans un resto pour patienter. Un couple chinois parlant anglais vient pour discuter. Très bien car j'ai 3h d'attente. Ils me tchatchent 10 minutes puis se sauvent pour faire leur vie… peu après je prends la sacoche de mon appareil photo pour payer mon du, mais je m'aperçois qu'elle est ouverte la ou elle ne devrait pas l'être… panique a bord, je regarde a l'intérieur, il manque la pochette plastique de la réserve d'argent. A l'intérieur, 650 euros et 100 dollars en liquide, ainsi que 3000 dollars en traveler's chèques… désespoir… Je me sens idiot et triste de m'être fait voler, ici, juste sous ma barbe, en n'y voyant que du feu… et bête que je suis, je ne sais pas pourquoi j'ai changé des traveler's auparavant, alors que j'avais tant de liquidités à écouler… les traveler's sont récupérables, le liquide, je peux faire une croix dessus !
Du coup il faut agir vite. Je cours changer mon billet de bus, puis je vais au commissariat. Personne ne parle anglais, il faut attendre, on va faire venir une interprète. Une heure plus tard, elle arrive, on va dans la salle d'interrogatoire en passant par les cellules, sympathique… Cela prend un temps fou, la communication est difficile, l'interprète parle un anglais approximatif, je me fais interroger, sermonner, le policier n'a pas l'air de me croire, pourquoi voudrais je l'entourlouper ? Surement pas pour passer quelques heures en sa compagnie… Je suis entré dans le commissariat à 21h. Il est à présent 2h du matin et le policier me demande de relire le procès verbal pour vérifier et l'attester. C'est écrit en chinois… Alors la traductrice me le traduit. Il y a des choses à changer… Je suis enfin sorti, il est 3h du matin. J'ai bien demandé aux policiers de m'indiquer le téléphone pour l'étranger le plus proche, mais ils me répondent qu'il n'y en a pas ici, qu'il faut que j'aille a l'hôtel pour téléphoner. Mais je sais très bien que la plupart des hôtels bons marchés ou je vais n'ont pas de lignes internationales… J'essaie plusieurs hôtels, même des plus chers, mais aucun ne peux me fournir ce service… Pourtant il faut bien que j'appelle American express au plus vite pour les prévenir que les traveler's ont été volé. Au bout d'un moment, on m'indique vaguement un endroit, vers la gare et le poste de police. Je n'y crois pas trop car la police m'a bien assuré qu'il n'y avait rien dans les environs… j'y vais quand même, ne sachant pas trop quoi faire de toute façon, il est 4h30… Et la, juste en face du poste de police, a 50m, dans un gros bâtiment, 50 téléphones internationaux me tendent les bras… Je lance un juron gratuit vers les forces de l'ordre et appelle tout de suite la banque. Aux bout de 40 minutes d'un autre interrogatoire, American express me dit qu'il faut que j'appelle l'Australie a 7h car les bureaux sont fermés a présent… Il est 5h30, il est préférable d'attendre ici car je ne suis pas sur de retrouver un autre téléphone international, et puis ce n'est plus la peine d'aller prendre une nuit d'hôtel a cette heure si tardive, ou si matinale. J'attends patiemment, le soleil se lève, il a de la chance, il a pu se coucher, lui… je rappelle donc et je subis le même interrogatoire qui me frustre et me fais perdre les nerfs cette fois ci, je n'en peux plus de fatigue, je suis toujours aussi triste et énervé contre moi-même… En conséquence, la personne n'est pas coopérative et il faut que je rappelle plus tard dans la journée.
J'ai appelé une dizaine de fois American express, ca a toujours duré au moins 20 min, ca m'a coute une fortune, ils m'ont envoyé ensuite dans une banque vietnamienne ou personne ne parlait anglais et ou ils ne connaissaient pas la procédure de remboursement, j'y ai passe des heures pendant 4 jours… mais finalement, j'ai retrouvé tous mes traveler's, en petites coupures de 20 dollars, comme ca, ca me fait un énorme paquet de billets a transporter, pour le voyage et les signatures c'est vachement pratique… Ceci, plus le vol de ma CB juste avant de commencer l'année sabbatique, on peut dire que je ne suis pas verni niveau sous.
Mais bon, je peux continuer mon voyage, c'est le plus important. Et finalement, ce n'est pas si grave. Je suis toujours en forme et en bonne santé. Pour le reste, j'économiserais, je dormirais un peu plus dans ma tente et ca ira très bien.
Je me suis tout de même rendu à Yangshuo et Guilin avant d'entrer au Vietnam. C'est un endroit magique et enchanteur, ou il fait bon faire des petites balades en vélo. Un gamin de 12 a bien essayé d'ouvrir mon sac a dos pendant que je marchais dans la ville, mais cette fois je l'ai senti, me suis retourné et il a détalé comme un lapin.
Bon, la Chine est un pays magnifique, mais, vous l'aurez compris, n'est pas mon préféré…

Wednesday, October 14, 2009

Retour au Pakistan

On avait tellement aime l'annee derniere, du coup on remet cela cette annee. Cette fois ci nous allons dans le Baltistan, region que nous n'avions pas visite et qui recelle de beautes. C'est un lieu mythique pour les grimpeurs, 4 montagnes depassent les 8000 m dont le fameux K2. Nous nous contenterons pour cette fois ci de plus petit.
Notre base de ravitaillement fut Skardu, nous avions trouvé un hôtel bien sympathique ou nous nous sentîmes comme chez nous. Quelle joie de revenir dans un environnement familier et agréable après avoir passé 5 jours dans le froid et l'inconfort d'une tente a 4000m d'altitude, et quel régal un repas complet après les nouilles au thon du trek...

La première sortie nous conduisit dans la vallée d'Ushe, merveilleux petit village bordé de magnifiques montagnes.
Nous n'avons pas marché longtemps, seulement la journée, mais cela a suffit pour être éblouis par les majestueux sommets environnants.
Une touche un peu négative a terni tout de même cette escapade. Les gamins qui sont d'habitude si joyeux et si charmants, étaient là-bas des petits brigands. Ils se foutaient de nous sans vergogne, et un couple d'andorans se sont même vu lancer des pierres sous le regard passif des locaux...
Des associations pakistanaises luttent pour donner une éducation et un métier, gratuitement, a tous ces jeunes qui trainent dans la rue et passent leur temps à mendier, mais sans succès, les jeunes préfèrent ne rien faire puisqu'ils subviennent a leur besoin en mendiant... Du coup, ils demandent à être payé pour aller à l'école... Il y a de nombreuses expéditions d’alpinisme dans cette région, et une quantité énorme d'argent est a chaque fois dépensée, et, pour remercier les villageois, l'expédition leur offre bien souvent des cadeaux, beaucoup donnent quelque chose aux gamins dans la rue, les touristes de même. Ce n'est pas une bonne solution, cela les a rendus dépendant. Le même problème était souligne a Mumbai. Les parents voulaient être payés pour envoyer les gamins a l'école, car les envoyant dans la rue, ils rapportaient tout de suite, tandis que l'école, c'est un investissement a plus long terme... Beaucoup étaient même estropie volontairement car ils rapportaient plus de cette façon. Le business de la mendicité est terrible... Il faut toujours y réfléchir à 2 fois avant de soulager sa conscience... Bref, je m’égare... Personne n'est la pour m'entendre débiter des leçons de morale je pense... C'est toujours plus fort que moi... Et il y en a qui font, et d'autres qui parlent, il apparait que je suis plutôt de la seconde catégorie malheureusement.

Revenons à nos moutons. Nous avons ensuite fait un trek de 4 jours qui reliait la vallée de Kasumik à la vallée de Shigar. Une belle rando solitaire parsemée de grandes vertes prairies ou coulaient de charmants petits ruisseaux et ou roucoulaient 2 trekkeurs sous un ciel etoile.
Que du bonheur, mais le retour a été un peu rocambolesque pour Claire qui a fait une petite cabriole avec atterrissage sur la tête... heureusement plus de peur que de mal, mais un bel œil au beurre noir l'accompagnera désormais, ce qui inquiètera les pakistanais et me vaudra une image de mari violent.

Retour a la base, on soigne nos bobos et se rempli la panse.
La suite, c'est le Chogo Lungma trek, auprès d'un énorme glacier. Ce sera un aller retour de 6 jours. Arrivée sympathique, baignade dans un bassin d'eau chaude naturelle, qui sert d'évier pour y faire la vaisselle à l'occasion, l'œil a l'affut pour éviter le riz et autres condiments.
La marche se passe à merveille, on aurait voulu continuer jusque l'autre vallée, faire une chevauchee digne des grandes caravanes, mais nous avons été prévenu que la traversée du glacier était dangereuse, parsemées d'énormes crevasses.
Donc nous revenons sur nos pas jusqu'au départ de la rando. Mais nous loupons la jeep de 2h, nous continuons donc jusqu'au prochain village, 5h plus loin. Elle part demain matin, nous dit on. Très bien, hop repos et lever tôt. Ahhh... pour finir elle ne part pas ce matin mais c'est remis au lendemain. Au prochain village, on nous dit qu'il y a 2 jeeps qui partent... bon nous continuons, cette fois accompagnés de 2 locaux, eux aussi chercheurs de jeep, avec eux, aucun soucis pour en trouver une, ils vivent ici, ils connaissent tous les bons plans !
Au prochain village, on apprend qu'elles sont déjà parties... alors nous avançons encore, puis c'est la même rengaine toute la journée, heureusement nos 2 compagnons de voyage connaissaient tout le monde sur la route, donc nous avons rencontré de charmantes familles et mangé de délicieux repas, malgré la période du ramadan. Mais le jeun ne s'applique pas aux voyageurs, donc nos camarades s'en sont donnés a cœur joie et se sont arrêtés le plus souvent possible pour profiter de cette aubaine. Le lendemain, nous trouvons finalement un véhicule pour nous rapatrier a Skardu.
Repos complet, puis on repart, mais cette fois, on ne reviendra pas à Skardu. Adieu, ou au revoir... qui sait?...
En avant pour notre dernier trek, de la vallée d'Haramosh a la vallée de Bagrot... Enfin, croit on... Nous avons encore une fois trouvé un paysage splendide et grandiose, mais nous n'avons pas pu trouver le col qui nous emmenait à Bagrot.
La neige fraiche était présente, la montée fut longue et difficile, j'ai essayé quelques pass qui avaient l'air d'être passables, mais sans succès. Nous sommes donc repartis sur nos pas, un peu triste, mais pas trop quand même car nous avons quand même vu beaucoup de merveilles...

Pakistan, on te dit a la prochaine, on reviendra.